Article : Les Angevins et le sucre. Plantations et industries du XVIIe au XIXe siècle

Un dossier pédagogique des Archives départementales de Maine-et-Loire, 2016, 8 pages

« C’est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe », apostrophe l’esclave du Candide de Voltaire. Cette formule cinglante accuse les contemporains du siècle des Lumières en leur rappelant les origines et les conséquences humaines de la production du sucre et de son commerce au XVIIIe siècle. Les répercussions économiques et sociales en sont bien connues pour Nantes et l’estuaire de la Loire mais qu’en est-il pour l’Anjou ?

Les Angevins, reliés par la Loire aux espaces maritimes atlantiques, jettent à la fin du XVIIe siècle leurs premières amarres dans l’île de la Tortue puis celle de Saint-Domingue. Le premier gouverneur de l’île est l’angevin Bertrand d’Ogeron. Par son impulsion, de modestes engagés puis des familles bourgeoises et nobles de l’Anjou vont tenter l’aventure et chercher à s’enrichir grâce au commerce de produits coloniaux, en particulier le sucre de canne, le plus lucratif au XVIIIe siècle. Même si l’Anjou n’est pas autant impliqué que les régions portuaires dans ces échanges, un certain nombre de familles investissent dans le commerce triangulaire et administrent, avec plus ou moins de réussite, des plantations et leur main-d’œuvre d’esclaves.

Nantais et Hollandais vont favoriser l’installation de raffineries de sucre à Saumur puis à Angers. Apothicaires, épiciers, confiseurs distribuent ou transforment les sucres bruts ou terrés que les mariniers de la Loire remontent jusqu’à Orléans.

La Révolution et l’indépendance de Saint-Domingue en 1804 marqueront la fin de ces échanges transatlantiques. Lorsqu’au XIXe siècle, la betterave se substituera à la canne à sucre, les tentatives angevines de production industrielle de sucre finiront toutes par échouer. À la fin des années 1850, toutes les raffineries du Maine-et-Loire auront disparu.

Retrouvez les inventaires des Archives départementales de Maine-et-Loire.

Liens