Article : Le procès des insurgés de Cayenne

Une publication des Archives départementales de Loire-Atlantique, 2011, 27 pages

Du 9 au 21 mars 1931, se tient à Nantes un grand procès d’assises. Quatorze Guyanais sont jugés pour des crimes et pillages en bande. Sont-ils coupables ou innocents ? Nantes, la France et l’empire colonial découvrent en cette circonstance la vie réelle d’une colonie : la Guyane.

9 mars 1931. La session de la cour d’assises s’ouvre sur un procès exceptionnel. Quatorze prévenus Guyanais font face à douze jurés du département. Ils sont accusés de meurtres et de pillages en bande commis à Cayenne en août 1928. Les émeutes font suite à la mort suspecte de Jean Galmot, ancien député de Guyane, porteur de beaucoup des espoirs de cette colonie. Inculpés, ils ont été transportés en métropole « pour cause de sûreté publique » et ont passé de longs mois à la maison d’arrêt de Nantes, le temps d’une instruction judiciaire lente et minutieuse.

21 mars 1931. Après deux semaines de débats passionnés, sous le regard de la presse et de la foule des curieux, les jurés prononcent l’acquittement des accusés. La cohorte des avocats nantais et parisiens, par des plaidoiries retentissantes, a fait basculer le procès : cette affaire criminelle de droit commun est devenue le procès de la fraude électorale au sein des colonies. Par ce verdict d’apaisement, les jurés ont fait droit à l’idée d’égalité politique des citoyens au sein du système colonial. Libres, les acquittés reçoivent alors d’immenses marques de soutien, avant de s’embarquer à Saint-Nazaire le 9 avril, pour rejoindre Cayenne.

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