Article : Haches de guerre. Les bûcherons canadiens dans les forêts normandes (1916-1919)

Une publication des Archives départementales de l'Orne, 2010, 144 pages

 

Le 15 février 1916, après dix-huit mois de conflit, la Grande-Bretagne demande officiellement au Canada de l'assister dans l'exploitation des forêts anglaises et françaises pour répondre aux besoins considérables de la guerre en bois d'oeuvre. Soixante compagnies du corps forestier canadien, soit douze mille hommes, vont ainsi se rendre dans les fôrets d'Aquitaine, de Franche-Comté et de Lorraine, du Nord-Pas-de-Calais, de Picardie et de Champagne-Ardenne mais aussi de Normandie. Leur travail est illustré par de nombreux artistes, dont sir Alfred James Munnings. Les forêts de l'Eure et de la Seine-Maritime sont les premières à être mises en exploitation par les bûcherons canadiens.

Jusqu'au début de l'année 1919, plusieurs unités, rattachées au premier district du corps forestier canadien établi à Alençon, exploitent les forêts ornaises d'Andaine, de Bellême, de Bourse, d'Ecouves, de Gouffern, de Saint-Evroult et de la Trappe. Deux mille soldats canadiens y établissent des campements, des scieries et des voies de chemins de fer.

En 2006, à l'occasion de la numérisation du fonds de plaques de verre d'Eugène Pasquis conservées aux Archives départementales de l'Orne, une douzaine de clichés de bûcherons canadiens apparurent en pleine lumière, au milieu desquelles se distinguait une locomotive affichant son appartenance à la 1st Canadian forest Cie. Eugène Pasquis, photographe professionnel du début du XXe siècle, s'était-il rendu au Canada ? Ses annotations sur les boîtes de plaques et les journaux de guerre canadiens donnèrent bientôt la clé de l'énigme : des compagnies du corps forestier canadien oeuvrèrent dans les forêts ornaises pendant la Première Guerre mondiale.

Cette histoire pourtant pas si lointaine a, en deux générations, pratiquement disparu de la mémoire locale, dans l'Orne comme dans les autres départements où les Canadiens furent cantonnés. A travers des documents en grande partie inédits, dont une exceptionnelle collection privée de photographies, grâce aux fonds patrimoniaux d'institutions britanniques, canadiennes et françaises, Hâches de guerre révèle l'incroyable épopée des bûcherons canadiens dans les forêts normandes de 1916 à 1919 et la contribution des ressources forestières à l'effort de guerre.

 

 

 

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