Article : Le Petit Chaperon rouge dans la Grande Guerre

Une publication réalisée avec la collaboration des Archives municipales de Dijon, 2016, 47 pages

 

Cette histoire du Petit Chaperon rouge paraît en 1917, aux éditions de la Librairie Lutetia. Charles Moreau-Vauthier (1857-1924) signe l’adaptation du conte de Perrault, Guy Arnoux (1886-1951) les illustrations. L’édition est unique, le tirage soigné, sur vélin (50 exemples) et Arches (50 exemples). Les coloris sont exécutés à la main par M. Nervet, la responsabilité de l’impression revenant à A. G. L’Hoir. Dans sa sécheresse, comme dans l’absence de renseignements concernant la diffusion, la notice indiquerait le caractère sinon unique, tout du moins rare de ce Chaperon rouge de 1917, objet de convoitise des bibliophiles pour la qualité des dessins, des coloris. Repérée par la littérature historique, cette histoire du Petit Chaperon rouge vaut pour ce qu’elle dit de la manière dont la Grande Guerre investit le genre du conte. Le présent guerrier construit un objet didactique dont la fonction première serait de socialiser l’enfant.

Dans l’après-coup de sa lecture un lendemain de Grande Collecte aux Archives municipales de Dijon, plus qu’un bel objet bibliophile pour l’historien, ce Petit Chaperon rouge s’offre comme un chemin de traverse pour se saisir de la manière dont la Première Guerre mondiale mobilise, brasse, reconfigure, des éléments culturels à la seule fin de donner sens au conflit. Le loup-boche et le Chaperon rouge phrygien racontés par Charles Moreau-Vauthier, imagés par Guy Arnoux, sont ici, tout autant que des figures actualisées du conte de Perrault par lesquelles toujours le mythe épouse l’actualité, des bornes témoins d’un présent guerrier, d’une enfance en guerre objet de toutes les attentions patriotiques. Somme toute, un artefact guerrier dont la singularité tient moins au luxe de son édition qu’à l’art de faire du récit et des images qui le composent.

 

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