Article : Les Ariégeois de la Grande Guerre. La mémoire familiale

Une publication des Archives départementales de l’Ariège, 2017, 133 pages

 

La Première Guerre mondiale est un événement sans pareil dans la mémoire de la France . Quatre ans durant, toutes les familles françaises sans exception ont vu leurs hommes partir et toutes ont été endeuillées. Chaque Français a, aujourd’hui encore, un « poilu » dans sa mémoire familiale. Ce fut une tragédie à grande échelle et une tragédie nationale qui unit les Français dans un même élan patriotique et dans une même douleur.

L’image d’une France combattant et repoussant glorieusement l’envahisseur barbare s’est imposée et a perduré. Cette image avait été préparée par l’école de la République qui avait formé des générations dans l’exaltation de la patrie, héritière de la Révolution et fondatrice du régime démocratique, et dans l’idée de revanche sur l’humiliation de 1870, elle a été véhiculée par une active propagande officielle, mais elle a trouvé sans mal un écho favorable dans la population tant la situation était claire : la patrie était en danger, le devoir de tout Français était de la défendre et ceux qui tombaient étaient des héros.

Tout cela explique que la mémoire nationale a fait de la Guerre de 14 un pan de notre histoire tragique, terrible, mais héroïque et toujours commémoré avec grandeur et émotion. Et elle a associé à l’héroïsme des soldats au front la force de l’arrière, les femmes debout, l’école, les œuvres de guerre, une France entière unie dans l’épreuve.

Le fait majeur pour la population a été une longue, très longue séparation entre les soldats et leur famille. Le maintien des liens était indispensable pour les uns comme pour les autres. D’où les millions de lettres échangées, de photographies envoyées, de colis expédiés, d’objets ramenés… À quoi il faut ajouter les écrits de témoignage, les carnets remplis au front, les souvenirs rédigés plus tard. Toutes les familles de France ont été les dépositaires de tels écrits et de tels objets. C’est la mémoire humaine de la guerre de 14, un ensemble unique, qui n’a jamais existé pour une autre période de notre histoire et qui apporte l’éclairage intime que ne peuvent offrir les archives administratives.

La plupart de ces témoignagnes ont été conservés pieusement dans une boîte, dans un tiroir, dans un coffret, plus pieusement encore quand le soldat était mort au front. Au fil des ans, il y a eu des pertes dues au temps, les vidages de greniers, la destruction volontaire parfois de lettres intimes... Cent ans après, nous sommes à la charnière : il reste encore de ces archives mais beaucoup a déjà disparu. Il y a vait donc urgence à sauver ce qui pouvait l'être. C'est l'objet de la Grande Collecte lancée par les Archives de France à l'occasion du Centenaire de la Première Guerre mondiale. Grâce à la réponse des Ariégeois, 96 fonds d'archives privées ont rejoint les Archives départementales de l'Ariège entre 2013 et 2017 et constituent la matière de cet ouvrage. Les documents originaux, écrits, photographies et objets constituent la sous-série 53 J ; la reproduction numérique de ceux qui ont été prêtés constitue la sous-série 4 Num.

 

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