Article : 1914-1918. Le front de l'intérieur. L'Eure-et-Loir dans la guerre

Une publication des Archives départementales d'Eure-et-Loir, 2014, 159 pages

 

Encore un livre qui prend pour sujet la guerre 1914-1918 ? Encore un livre qui, commémorations et célébrations obligent, vient s’ajouter à la longue liste des ouvrages publiés et relatant la Grande GUerre : son déroulement implacable, ses causes hasardeuses et ses conséquences catastrophiques ? Non.

Plutôt un livre qui revient sur ce front de l’intérieur, vu d’un territoire non occupé, l’Eure-et-Loir, et pourtant mobilisé dans cette guerre totale et tout entier occupé par cette tâche immense consistant à donner aux combattants de la Première Guerre mondiale les moyens de poursuivre un interminable combat. Home front (« le front à la maison »), disent les Anglais pour décrire :

• cette mobilisation des femmes, des hommes de plus de 50 ans, des enfants... des prisonniers de guerre, des immigrés, des travailleurs coloniaux...

• cette conversion de l’appareil de production industrielle au besoin d’une guerre aussi dépensière en hommes qu'en armes et en munitions ;

• cette réquisition de l’essentiel des moyens et des produits de l'agriculture ; non seulement des hommes (la force de travail) et des chevaux (la force de trait) mais aussi le blé, l’avoine, les betteraves, le lait, les pommes de terre... la viande, le vin...

• cette vie quotidienne commentée par la dizaine de journaux euréliens de l’époque, faite de privations, de rationnements, de vie chère, de correspondances tant attendues, de propagande patriotique et de dénonciation « des embusqués », de secours et d’entraide aussi, de quêtes et d’emprunts, de morts, de mutilés, de gueules cassées et de blessés..., d’un armistice fêté et si longtemps différé, d’une reconnaissance affichée dans chaque commune : monuments aux morts, plaques, médailles, distinctions, souscriptions, sociétés d’anciens combattants...

Tout cela s’est passé en Eure-et-Loir, il y a 100 ans. Les archives départementales, municipales ou privées en attestent, qui rassemblées, rouvertes, lues et relues, racontent une histoire de gens d'ici, une histoire « à ras de terre » faite d'histoires singulières, de rapports officiels ou parfois secrets, de courriers inédits, de documents oubliés, de journaux tellement diserts, d’affiches mobilisatrices, de circulaires définitives, de lettres-pétitions...

Pour une fois, les gens de l'arrière, terriblement affectés par les deuils aussi, sont racontés sans fard avec les petitesses et les grandeurs faites des choses d'un quotidien « totalement et définitivement chambardé ».

 

Références complètes de l'ouvrage

 

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