Article : Le Roussillon, terre de passage, terre d'accueil

Une publication des Archives départementales des Pyrénées-Orientales, 2013, 113 pages

 

Le territoire des Pyrénées-Orientales, sis entre la chaîne des Albères et celle des Corbières, deux reliefs qui tour à tour marquèrent la frontière entre France et Espagne, est cerné à l'est par la mer Méditerranée et à l'ouest et au sud par la chaîne des Pyrénées. Cet espace, qui pourrait paraître relativement clos, est en fait une zone d'échanges intensifs pour les marchandises mais également pour les populations.

Traversé de part en part par la voie domitienne reliant l'Espagne à l'Italie, le territoire des Pyrénées-Orientales est depuis l'Antiquité un lieu de passage stratégique. Cet axe nord-sud fut emprunté aussi bien par les armées des royaumes de France et d'Espagne, qui se disputèrent pendant des siècles les comtés de Roussillon et Cerdagne, que par les marchands ou simples voyageurs. Cette zone frontière fut également une contrée refuge pour les populations fuyant les persécutions. L'attrait de cette région ne se limite cependant pas à sa situation frontalière. Géographiquement parlant, elle est lors de la Seconde Guerre mondiale éloignée des zones de combat et accueille durant l'exode des dizaines de milliers de réfugiés, français pour la plupart.

Sur le plan économique, si l'on connaît bien l'importance de la main d'oeuvre étrangère – principalement espagnole – dans le domaine agricole, son rôle dans la vie industrielle du département mérite d'être mis en relief : du Moyen-Age au XXe siècle, l'exploitation du fer notamment a généré des migrations, le plus souvent temporaires.

Porte de communication naturelle entre la France et l'Espagne, les Pyrénées-Orientales, grâce au port de Port-Vendres, deviennent également à partir du XIXe siècle une porte ouverte sur l'Algérie.

Que cela soit pour des raisons politiques ou économiques, de manière temporaire ou définitive, le Roussillon a accueilli pendant des siècles des hommes et des femmes venus d'ailleurs. Une terre d'accueil et de passage, comme le souligne l'historien Raymond Sala, ce brassage de population n'est pas sans entraîner des réactions : celles du pouvoir en place, qui surveille et contrôle les étrangers ; celles des habitants du cru, tantôt sujets espagnols, tantôt sujets français, toujours Catalans et fiers de l'être...

 

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