Notice d'autorité : Conservatoire de musique et de déclamation (Paris ; 1806-1946)

Autres noms :

  • Conservatoire de musique et de déclamation ( 3/03/1806-31/03/1816)
  • École royale de musique et de déclamation ( 1/04/1816- 7/06/1831)
  • Conservatoire de musique et de déclamation ( 7/06/1831- 3/09/1831)
  • Conservatoire de musique ( 3/09/1831-20/01/1836)
  • Conservatoire (royal, national ou impérial suivant le régime en vigueur) de musique et de déclamation (20/01/1836- 6/12/1934)
  • Conservatoire national de musique et d'art dramatique ( 6/12/1934- 7/10/1946)

Lieu :

Lieu de Paris

1/01/1911- 7/10/1946
  • Conservatoire de musique et de déclamation (nomLieu)
  • Madrid (rue de) (voie)

Lieu de Paris

3/03/1806-31/12/1911
  • Bergère (rue) (voie)
  • Hôtel des Menus-Plaisirs (nomLieu)

Fonctions :

  • arts
  • création artistique
  • culture
  • enseignement scolaire
  • enseignement supérieur

Statuts juridiques :

établissement public

Histoire :

Bienveillance napoléonienne

Le décret impérial du 3 mars 1806 crée une école de déclamation au sein du Conservatoire qui prend le nom de Conservatoire impérial de musique et de déclamation, avec l’ajout de cours de danse, de déclamation lyrique et dramatique, de maintien théâtral et de mouvement du corps. En tout trois nouvelles classes sont créées ainsi qu’un pensionnat, pour les élèves hommes et femmes, et un orchestre des élèves appelé à jouer un rôle primordial à l’avenir. Dès lors, le Conservatoire connaît une période de croissance. Il bénéficie par l’arrêté du 14 octobre 1808 du ministère de l’Intérieur (département de l’Instruction publique) d’un règlement qui détermine les bases de l’enseignement de la déclamation, de l’inspection des études ainsi que de l’amélioration des crédits alloués. Il distingue deux écoles spéciales au Conservatoire, l'une de musique, l'autre de déclamation, qui ont chacune un comité chargé de l'enseignement et de l'inspection des études. La grande salle des concerts due à l'architecte Delannoy est inaugurée en 1811. Les décrets de Moscou du 15 octobre 1812 (titre VIII) précisent davantage encore les conditions de l’enseignement de la déclamation et la formation des artistes à destination du Théâtre-Français et de l’Odéon.

La destitution de Sarrette le 17 novembre 1814 et son retour le 23 mars 1815 symbolisent la tourmente du jeune Conservatoire face à la valse des régimes politiques. Commissaire chargé de l’organisation du nouveau Conservatoire en mars 1796 puis directeur en mars 1800, son renvoi définitif après vingt années de direction le 28 décembre 1815 marque la fin d’une première période qui a jeté les bases d’une nouvelle institution démocratique. Le marquis de La Rouzière prend brièvement les rênes jusqu’au 31 mars 1816 où une première fermeture est entérinée.

1816-1836 : ère de changements

Dès le lendemain de la fermeture, 1er avril 1816, l’École royale de musique et de déclamation s’ouvre en lieu et place du Conservatoire de Sarrette à l’hôtel des Menus-Plaisirs, actuel 2 bis rue du Conservatoire et rue Bergère. En réalité, il ne s’agit que d’un changement d’étiquette puisqu’on retrouve une grande partie du personnel enseignant du Conservatoire mais avec pour nouveau directeur l’ancien inspecteur général des classes, le musicien érudit François Louis Perne qui cumule avec la fonction de bibliothécaire à partir de 1819. Ce changement correspond surtout à une réintégration dans les attributions de la surintendance des Menus-Plaisirs de la Maison du roi. Pendant la courte période de sa direction, il s’efforce avec les faibles moyens mis à sa disposition de redresser l’École en instaurant des relations avec des correspondants dans les principales villes de France afin de recruter de jeunes talents disposant d’une belle voix, d’un physique convenable et de dispositions pour les théâtres lyriques (cf. AJ/37/322, dossier 2 : Dispositions à prendre pour régler la correspondance départementale, l'examen des sujets dans les départements, leur voyage à Paris et leur admission à l'École royale, 3 mars 1817). Cette période voit l’avènement d’initiatives d’enseignement privé de la musique comme l’École primaire de chant, créée en 1817 au sein de l’École royale, sous la direction de Choron (cf. AJ/37/12, dossier 2 : budgets, 1816-1823). Après 1823 et jusqu’à la mort de Choron en 1834, à la faveur de la Maison du roi Charles X, elle s’autonomise et prend le titre d’Institution de musique classique et religieuse (cf. AJ/37/84, dossier 8).

À partir du 19 avril 1822 et pour les vingt années suivantes, Luigi Cherubini remplace Perne à la direction de l’École et donne une nouvelle impulsion à l’établissement. Il instaure un système de concours d’entrée et de sortie dans des classes d’instruments qui se créent au fur et à mesure : clavier pour le chant (1822), piano pour les femmes (classe préparatoire, 1822), déclamation spéciale (29 décembre 1824, cf. AJ/37/192, dossier 2c), piano pour les hommes (classe préparatoire, 1827), harpe (1825), contrebasse (1827), trompette (1833), cor à piston (1833), trombone (1836). Le 30 décembre 1824, il renforce l’administration en créant un conseil d’administration chargé d’améliorer le système d’enseignement (cf. AJ/37/192, dossier 2d). L’ouverture vers l’extérieur de l’institution se poursuit et s’affirme avec dès 1823 la restauration des concerts de l’Orchestre des élèves puis la création de la Société des concerts du Conservatoire confiée à François-Antoine Habeneck par l’arrêté du 15 février 1828. Les tentatives d’ouverture de Perne vers le réservoir d’élèves dans les départements se concrétise par l’ordonnance royale du 20 décembre 1826 qui érige en succursale de l’École royale les écoles de musique de Lille et de Toulouse (cf. AJ/37/372, dossier 3a) réalisant ainsi les ambitions posées dès 1798 par Bernard Sarrette.

Si la place de l’enseignement musical persiste dans le paysage français malgré la succession des régimes, l’enseignement de la déclamation fait, quant à lui, l’objet de nombreuses attaques dont une suppression totale dans le courant de l’année 1828, avant d’être réorganisé par l’arrêt du 22 février 1830. La chute de Charles X marque un retour dans le giron du ministère de l’Intérieur le 25 janvier 1831. Dès le 24 février 1831, les Théâtres nationaux dépendent d’une commission de surveillance instituée pour contrôler leur gestion financière (cf. AJ/37/*/10, 1, p. 114-117 et AJ/37/1, dossier 6b). Le terme d’école disparaît définitivement pour reprendre le titre de Conservatoire le 7 juin 1831. Pour faire face aux restrictions budgétaires et l’intégration au ministère du Commerce et des Travaux publics le 10 août 1831, le Conservatoire sacrifie les classes de déclamation du 3 septembre 1831 au 20 janvier 1836 (cf. AJ/37/1, dossier 6b ; AJ/37/*/10/1, p. 120, 150, 151 ; AJ/37/12, dossier 2 et 3 : budgets, 1831-1836). Comme ses fonctions, sa dénomination est amputée pour se limiter à Conservatoire de musique.

Affirmation d’une entité alliant musique et déclamation

Par arrêté du ministère de l’Intérieur en date du 20 janvier 1836 la déclamation, avec le rétablissement de deux classes d’enseignement, revient à nouveau dans les prérogatives du Conservatoire pour plus d’un siècle avant une rupture définitive entérinée par la loi 46-2154 du 7 octobre 1946.

Cette longue période débute par la fin du règne de Cherubini qui démissionne et meurt le 15 mars 1842, et la fixation d’un nouveau règlement par l’arrêté du ministère de l’Intérieur en date du 9 novembre 1841. Le Conservatoire a cette caractéristique d’évoluer sur le temps long et les ruptures institutionnelles ne provoquent que rarement des changements brutaux de directions, en opposition aux affres connus par Sarrette à la fin de l’Empire. La 8 février 1842 Daniel Auber engage une nouvelle direction dans le temps long (1842-1871). Ces trente années sont marquées par un renforcement de l’enseignement de la voix et de la danse, l’intégration de grands artistes à des postes de professeurs comme Halévy à la composition, Pierre Baillot au violon, Gilbert Duprez et Laure Cinti-Damoreau au chant ou Henri Herz, Antoine Marmontel et Louise Farrenc au piano. Le règlement est de nouveau modifié le 22 novembre 1850 et introduit des modifications dans le régime administratif et l’enseignement qui subsistent jusqu’à la fin du Second Empire (cf. AJ/37/2, dossier 1a). En 1856, avec la suppression du Gymnase musical militaire, une classe d’élèves militaire est créée et accueille cinquante élèves éduqués aux frais du ministère de la Guerre jusqu’en 1870 (cf. AJ/37/54, dossier 3 et AJ/37/84). Par décret impérial du 4 mai 1864, le concours annuel du Grand Prix de Rome pour la musique rentre dans les attributions du Conservatoire. L’ouverture du musée des instruments, indépendant de la bibliothèque, a lieu le 20 novembre de la même année et met à l’honneur la collection d’instruments de Louis Clapisson acquise en 1861 ainsi que les collections entrées par décret du 16 thermidor an III. Le règlement est de nouveau modifié par l’arrêté du ministère de l’Instruction publique, des Beaux-Arts et des Cultes du 9 novembre 1871 qui impose la création de jurys d’admission pour les études musicales, la création d’un conseil supérieur formé de deux conseils d’enseignement, l’un pour les études dramatiques et l’autre pour les études musicales (décret du 13 novembre 1871 – Grand Prix de Rome). Enfin, la grande salle du Conservatoire, ancienne salle des Menus-Plaisirs rénovée, est inaugurée le 4 janvier 1866.

Alors que s’ouvre la direction d’Ambroise Thomas (1871-1896), une nouvelle organisation est mise en place par un décret présidentiel le 9 septembre 1871 et un arrêté du 9 novembre 1871 modifiant le règlement de 1850 en instaurant un jury d’admission et un comité d’examen des classes pour chaque section d’enseignement (cf. AJ/37/193, dossier 1 et AJ/37/*/195/1, p. 154-160). L’établissement accueille de nouveaux professeurs et le nombre de classes s’accroît : histoire de la musique (1871), alto (1894), clarinette confiée à Turban, harpe confiée à Alphonse Hasselmans. Il est remplacé en 1896 par Théodore Dubois (1896-1905). Dans le même temps, le décret du 5 mai 1896 dans son article 10 crée le conseil supérieur de l’enseignement qui, à partir de l’arrêté du 22 décembre 1924, délivre un diplôme d’études musicales supérieures sanctionnant au moins trois années de scolarité dans une classe supérieure et l’obtention de trois premiers prix (cf. AJ/37/83, dossier 8h).

La direction de Gabriel Fauré (1905-1920) donne une impulsion à la musique de chambre au sein du Conservatoire et élargit le répertoire à la musique des XVIe et XVIIe siècle. La classe d’histoire de la musique prend de l’importance et est rendue obligatoire aux élèves d’harmonie et de composition. L’institution s’ouvre vers l’extérieur avec l’introduction d’artistes renommés dans les jurys de concours comme Claude Debussy ou Maurice Ravel. Cette période de transformation atteint son paroxysme avec le déménagement au 14 rue de Madrid, dans un ancien collège jésuite acquis par l’État alors qu’avait déjà été envisagée une reconstruction de l’établissement dans le dernier quart du XIXe siècle (cf. AJ/37/77, dossier 15 et AJ/37/77, dossiers 16, 18-19). La Première Guerre mondiale plonge l’institution dans un demi sommeil jusqu’à la direction d’Henri Rabaud (1920-1941) qui inaugure de nouvelles classes comme la danse pour les jeunes filles en 1925. Paul Dukas se voit confier une nouvelle classe de composition en 1927, en 1932 c’est l’inauguration d’une classe de flûte avec Marcel Moyse à sa tête, puis Yves Nathalie pour le piano en 1934 et Charles Munch pour la direction d’orchestre en 1939. Sous sa direction, le Conservatoire connaît un changement majeur puis qu’il devient par le décret du 6 décembre 1934 un établissement supérieur des Beaux-Arts.

Par le décret du 6 décembre 1934, le Conservatoire national de musique et d’art dramatique nouvellement dénommé prend le statut d’établissement supérieur des Beaux-Arts. A l’issue de la Seconde Guerre mondiale, il est rattaché à la direction des spectacles et de la musique du ministère de l’Éducation nationale jusqu’en 1959 et le transfert de cette direction au nouveau ministère des Affaires culturelles. L’ouverture de nouvelles classes se poursuit, comme en 1942 avec l’entrée du saxophone. Pour échapper au travail obligatoire est créé en 1943 un orchestre de cadets. Après un siècle de partage entre études musicales et dramatiques, la loi 46-2154 du 7 octobre 1946 scinde le Conservatoire alors sous la direction de Claude Delvincourt (1941-1954) en deux établissements distincts : le Conservatoire national de musique situé au 14 rue de Madrid et le Conservatoire national d’art dramatique situé au 2 bis rue du Conservatoire.

Textes de référence :

    • Décret impérial du 3 mars 1806 créant une école de déclamation et un pensionnat au sein du Conservatoire et modifiant son nom en Conservatoire de musique et de déclamation

    • Arrêté du 3 septembre 1831 du ministre secrétaire d'État au département du Commerce et des Travaux publics supprimant les classes de déclamation, réduisant le budget, modifiant son nom en Conservatoire de musique

    • Arrêté du 20 janvier 1836 du ministre secrétaire d'État au département de l'Intérieur, créant deux classes d'études dramatique et modifiant son nom en Conservatoire de musique et de déclamation

    • Décret du 6 décembre 1934 portant statut d’établissement supérieur de l’enseignement des Beaux-Arts et modifiant son nom en Conservatoire national de musique et d'art dramatique

    • Loi n° 46-2154 du 7 octobre 1946 portant ouverture et annulation de crédits sur l'exercice de 1946 et scindant l'établissement en deux : le Conservatoire national de musique de Paris et Conservatoire national d’art dramatique (JO 08-10-1946 p. 8514)

Sources :

  • Anne BONGRAIN et Yves GÉRARD (dir.), le Conservatoire de Paris : des Menus-Plaisirs à la Cité de la musique, 1795-1995, Paris, Buchet-Chastel, 1996
  • Anne BONGRAIN, Le Conservatoire national de musique et de déclamation, 1900-1930 : documents historiques et administratifs, Paris, Vrin, 2012
  • Anne Bongrain et Alain Poirier (dir.), Le Conservatoire de Paris : deux cents ans de pédagogie, 1795-1995, Paris, Buchet-Chastel, 1999
  • Constant PIERRE, Bernard Sarrette ou les origines du Conservatoire national de musique et de déclamation, Paris, Librairie Delalain frères, 1895
  • Constant PIERRE, Le Conservatoire national de musique et de déclamation. Documents historiques et administratifs, Paris, Imprimerie nationale, 1900
  • Emmanuel HONDRÉ (dir.), Le Conservatoire de musique de Paris : regards sur une institution et son histoire, Paris, Association du bureau des étudiants du Conservatoire national supérieur de musique de Paris, 1995
  • III. Webographie
  • Laetitia CHASSAIN-DOLLIOU, Le Conservatoire de Paris : ou les voies de la création, Paris, Gallimard, 1995
  • Les Almanachs nationaux et royaux pour la période.
  • Martine KAUFMANN, Le Conservatoire de Paris : une institution en perspectives, Paris, CNSM, 1995
  • http://www.musimem.com/CNSMP_classes.htm (photos de classes du Conservatoire, 1892-1979)
  • https://fr.wikipedia.org/wiki/Conservatoire_national_sup%C3%A9rieur_de_musique_et_de_danse
  • www.conservatoiredeparis.fr/lecole/histoire/

Identifiant :

  • FRAN_NP_051493
  • ISNI 0000 0001 2175 8572

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