Henriette Guizot est la fille du ministre et président du Conseil François Guizot et de sa seconde épouse Elisa Dillon. Elle naît le 6 août 1829. Très jeune, au décès de sa mère puis de son frère aîné François, issu du premier mariage de François Guizot, elle devient la confidente de son père qui éprouve une affection toute particulière pour elle. Elevée avec sa sœur Pauline et son frère Guillaume par leur grand-mère paternelle, elle développe des sentiments maternels pour eux, en tant qu’aînée responsable. Soucieux du développement intellectuel des enfants, y compris des filles, Guizot a permis à Henriette de faire fructifier ses dons intellectuels. De son côté, Mme Guizot, grand-mère, lui transmet une foi protestante héritée des épreuves des persécutions et lui apprend la lecture, l’écriture, le calcul ainsi que les éléments nécessaires à la tenue d’un foyer : cuisine, couture, ménage. Ces différentes connaissances servent à Henriette pour gérer le train de maison de son père lorsqu’il est ministre ou lors de leur exil en Angleterre après la chute de la Monarchie de Juillet en 1848. L’apprentissage de l’anglais à partir de 1840 se révèle alors très utile et Henriette poursuit dans cette voie en réalisant de nombreuses traductions d’ouvrages anglais, qui pendant leur séjour en Angleterre a aussi permis d’améliorer les finances familiales.

Quelques mois après le retour des Guizot en France, Henriette épouse Conrad de Witt, issu d’une famille bourgeoise hollandaise, et dont le frère cadet Cornélis épouse par la suite Pauline Guizot. Après avoir perdu une fille Elisa, âgée de quatre mois, en 1851, Henriette de Witt donne naissance à Marguerite en 1853 et Jeanne en 1855.

Vivant presque toute l’année au Val-Richer, Henriette s’occupe par le soin de la maison, les œuvres charitables mais aussi les activités intellectuelles de traduction et d’écriture. Avec le vieillissement de son père, elle le relaie dans ses travaux. Elle reprend ses notes pour faire l’histoire de l’Angleterre. En raison de la maladie de son père suite au décès de sa fille cadette, en 1874, Henriette reprend la rédaction de l’Histoire de France racontée à mes petits-enfantséditée par Hachette. Elle rejoint l’aventure à partir du 4e volume qu’elle rédige, tandis que son père fait la relecture. Le tome IV paraît un mois après le décès de François Guizot. En 1875, elle s’attelle à la rédaction du 5e volume de l’ouvrage de son père puis à celle de l’Histoire d’Angleterre(1878), et de l’Histoire de France de 1789 à 1848(1879). Femmes de lettres, Henriette de Witt a une importante production d’ouvrages à son actif : livres de piété, histoires pour enfants, biographies, romans. Elle est également en relation avec de nombreux intellectuels de l'époque, notamment anglais. Mais son travail d’écriture ne parvient pas à régler les dettes régulièrement contractées par son époux, de sorte que la situation financière fut sauvée grâce à l’aide de ses gendres, les industriels alsaciens Paul et Léon Schlumberger, respectivement maris de Marguerite et de Jeanne.

Après une dernière crise cardiaque qui la laisse presque sans forces, Henriette Guizot-de Witt décède au Val-Richer le 6 mai 1908.

Héritière du Val-Richer et de la mémoire de François Guizot, Henriette de Witt a travaillé à rassembler toutes les archives de son père et s’en est servie pour rédiger l’ouvrageM. Guizot dans sa famille et avec ses amisparu en 1880.