Notice d'autorité : Jaurès, Jean (1859-1914)

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Activité :

  • enseignant ( 1/01/1881-31/12/1892)

    Reçu à l'agrégation de philosophie en 1881, Jaurès enseigne jusqu'en 1892.

  • député ( 4/10/1885-31/07/1914)

    Député du Tarn de 1885 à 1889, de 1893 à 1898, de 1902 à 1914.

  • élu local ( 1/01/1890-31/12/1893)

    Élu conseiller municipal à Toulouse en juillet 1890, Jaurès devient ensuite maire adjoint à l'instruction publique jusqu’en 1893.

  • dirigeant politique

Histoire :

Auguste Marie Joseph Jean Jaurès, dit Jean Jaurès (1859-1914), est né le 3 septembre 1859 à Castres dans une famille bourgeoise. Il est le fils de Jules Jaurès (1819-1882), négociant propriétaire d'une petite exploitation agricole, et d’Adélaïde Barbaza (1822-1906), issue d'une famille d'industriels du textile.

Élève au collège de Castres, Jaurès manifeste très vite un talent pour les études. Ayant obtenu une bourse grâce à l'inspecteur général, Félix Deltour, il se rend à Paris où il poursuit de brillantes études au lycée Louis-le-Grand, puis il intègre l'École normale supérieure en 1878. Diplômé en 1881, il est reçu troisième à l'agrégation de philosophie, derrière Paul Lesbazeilles et Henri Bergson. Devenu professeur de philosophie, Jaurès est nommé au lycée Lapérouse d'Albi, avant de rejoindre Toulouse en 1882 pour exercer comme maître de conférences à la faculté des lettres. Il dispense également un cours de psychologie au lycée de jeunes filles de cette ville.

Le 29 juin 1886, Jean Jaurès épouse Louise Bois (1867-1931), fille d'un marchand de fromages en gros d'Albi. Le couple a deux enfants, Madeleine (1889-1951) et Louis Paul (1898-1918).

Jaurès débute sa carrière politique à 26 ans lors des élections législatives générales du 4 octobre 1885. Tête de liste de l'Union républicaine dans le Tarn, Jean Jaurès est élu député par 48 067 voix sur 94 149 votants. Il devient l'un des plus jeunes membres de la Chambre nouvellement élue et siège aux côtés des opportunistes. Très actif sur la question de l'enseignement (il prend notamment part à la discussion du budget de l'instruction publique), Jaurès s'intéresse également aux questions sociales. Rapporteur de la proposition de loi relative aux délégués mineurs, il donne son avis la proposition de M. Audiffred relative aux caisses de secours et de retraite des ouvriers mineurs et sur le projet concernant la responsabilité des accidents dont les ouvriers sont victimes. Favorable à la politique coloniale du gouvernement, Jaurès se prononce également en faveur de l'expulsion des princes, mais préoccupé par les questions sociales, il s'éloigne progressivement de Jules Ferry et des opportunistes qu'il juge trop favorable au capitalisme.

Aux élections législatives de 1889, Jean Jaurès se présente dans la 1ere circonscription de Castres. Il n'obtient que 8 776 voix sur 18 532 votants et perd son siège de député. Jean Jaurès reprend alors l'enseignement à la faculté de Toulouse et poursuit ses travaux universitaires. Reçu docteur ès lettres en 1892, sa thèse principale s'intitule De la réalité du monde sensible et sa thèse secondaire De primis socialismi germanici lineamentis apud Lutherum, Kant, Fichte et Hegel. Il y exprime sa conviction que seul le socialisme permettra à l'homme d'obtenir son plein épanouissement dans une société harmonieuse et fraternelle.

Parallèlement, Jaurès poursuit ses activités politiques en collaborant, à partir de 1887, au quotidien de tendance radicale La Dépêche de Toulouse (future Dépêche du Midi). Il soigne aussi son ancrage politique local en étant élu, en juillet 1890, conseiller municipal avant de devenir maire adjoint à l'instruction publique de Toulouse jusqu’en 1893.

De la gauche radicale, Jaurès s'oriente progressivement vers le socialisme. La grève des mineurs de Carmaux (1892-1895), à laquelle Jaurès apporte son soutien dans ses articles à La Dépêche, marque sa conversion définitive au socialisme. Le conflit éclate lorsque Carmaux, petite ville du Tarn dominée par le marquis Jérôme Ludovic de Solages, directeur de la compagnie des mines et député du Tarn, élit maire Jean-Baptiste Calvignac, un ouvrier mineur. Accusé par l’administration des mines d’absences trop fréquentes, Calvignac est renvoyé. Cette décision met le feu aux poudres. Le 16 août 1892, les mineurs prennent d’assaut la direction et déclenchent une grève qui va durer deux mois et demi. Soutenus par la population locale et par les figures majeures du socialisme à la Chambre, les mineurs de Carmaux finissent par obtenir gain de cause. La démission de Jérôme Ludovic de Solages, directeur de la compagnie des mines de Carmaux, de son siège de député provoque l'élection anticipée de janvier 1893. Désigné par les ouvriers mineurs du bassin pour les représenter à la Chambre, Jaurès est élu le 8 janvier 1893 au deuxième tour par 5 180 voix sur 10 095 votants sous l'étiquette « socialiste indépendant ». Son mandat est confirmé quelques mois plus tard lors des élections générales du 20 août 1893 par 5 663 voix sur 10 267 votants.

Suite aux élections de 1893, le nombre de députés socialistes est passé de 13 à 41. Ils forment ainsi pour la première fois un groupe unique dont Jaurès devient le principal porte-parole. À la Chambre, Jean Jaurès se lance dans une incessante et résolue défense des ouvriers en lutte. C’est ainsi que pour soutenir les ouvriers de Carmaux licenciés à la suite d’une nouvelle grève, il parcourt la France pour collecter des fonds et procurer ainsi une aide matérielle aux grévistes. En 1895, il participe à la grève des verriers d'Albi, déclenchée par le licenciement de deux syndicalistes par le directeur de la verrerie, Eugène Rességuier. Jaurès s'intéresse aussi aux questions internationales ; c'est durant ce mandat qu'il dénonce, dans un discours devant la Chambre des députés le 3 novembre 1896, l'indifférence européenne et française aux massacres des Arméniens en Asie mineure organisés par le Sultan.

Ce deuxième mandat est également marqué par « l’Affaire ». D'abord convaincu de la culpabilité du capitaine Dreyfus, Jaurès s'engage finalement aux côtés des dreyfusards suite à la révélation, à la fin du mois d'août 1898, du faux commis par le commandant Henry. C’est avec l'affaire Dreyfus que Jaurès acquiert une stature nationale.

Lors des élections de 1898, il est battu par le marquis de Solages par 5 124 voix contre 6 637 à son adversaire, sur un total de 11 904 votants. Jaurès se consacre alors au journalisme et devient le codirecteur de La Petite République, un journal socialiste républicain. En 1901, lors du congrès de Lyon, Jean Jaurès et Aristide Briand fondent le « Parti socialiste français », tandis que Jules Guesde et Édouard Vaillant prennent la tête du « Parti socialiste de France ».

Lors des élections législatives générales de 1902, Jean Jaurès se présente à Carmaux contre le marquis de Solages. Après une campagne très rude, Jean Jaurès est élu de justesse par 6 494 voix contre 6 154 sur 12 765 votants.

Les élections législatives générales de 1902 marquent l’arrivée à la Chambre des députés d’une majorité radicale-socialiste. Porté à la tête d’un important groupe socialiste, Jaurès s’impose alors comme l’un des grands orateurs de la Chambre.

En avril 1904, Jaurès crée le journal du futur mouvement socialiste unifié, L’Humanité. Le premier numéro, tiré à 130 000 exemplaires, s’ouvre sur un éditorial de Jaurès qui justifie ainsi le titre de son journal : « L'humanité n'existe point encore, ou elle existe à peine. À l'intérieur de chaque nation, elle est compromise et comme brisée par l'antagonisme des classes, par l'inévitable lutte de l'oligarchie capitaliste et du prolétariat. Seul le socialisme, en absorbant toutes les classes dans la propriété commune des moyens de travail, résoudra cet antagonisme et fera de chaque nation enfin réconciliée avec elle-même une parcelle d'humanité ».

À partir de 1905, Jean Jaurès consacre tous ses efforts à empêcher la guerre. Il se rapproche des autres partis de l’Internationale ouvrière et fait planer la menace de la grève générale au niveau européen. Sur la scène politique française, ce combat le conduit à lutter à la fois contre la droite belliciste qui exploite les incidents extérieurs (ceux du Maroc, par exemple) mais aussi contre certains membres de son propre parti, tel Gustave Hervé, qui affiche un antimilitarisme forcené. Malgré les efforts pacifistes de Jaurès et des socialistes, les années 1909-1912 sont marquées par la montée des tensions au niveau international.

Jaurès est désormais solidement ancré à Carmaux où il est réélu député le 6 mai 1906 dès le premier tour par 6386 contre 6170 au marquis de Solages, puis le 8 mai 1910 avec 6453 contre 5845. À la Chambre, Jaurès manifeste son pacifisme en menant une vigoureuse campagne contre le projet de loi portant le service militaire de deux à trois ans en vue de préparer l’armée française à une guerre éventuelle avec l’Allemagne. Accusé par la droite de vouloir livrer à l’Allemagne une France désarmée, Jaurès explique lors des débats que, selon lui, le projet du gouvernement « rend plus difficile à tous les points de vue, financier, militaire, social, la grande organisation militaire que réclame le pays républicain ». La loi des trois ans est toutefois votée par la Chambre des députés le 19 juillet 1913 par 358 voix contre 240, avec l’appui de la droite contre les deux-tiers des députés radicaux-socialistes et la SFIO. Le projet est ensuite discuté au Sénat où il est massivement voté.

En décembre 1913, Gaston Doumergue propose à Jean Jaurès d’entrer dans le gouvernement qu’il a été chargé de former par Raymond Poincaré. Soucieux de ne pas diviser les socialistes, Jaurès refuse.

Le 26 avril 1914, Jaurès est réélu à Carmaux par 6 804 voix contre 4 862 à Falgueyrettes.

Si dans un premier temps l’année 1914 semble relancer les espoirs de paix, l’attentat de Sarajevo, le 28 juin 1914, puis l’ultimatum autrichien adressé à la Serbie le 23 juillet 1914, réactive les tensions entre les grandes puissances. Opposé à la guerre, Jean Jaurès prononce plusieurs discours pacifistes et tente d’infléchir la politique gouvernementale dans un sens favorable à la paix. C’est toutefois en vain que le parti socialiste développe sa campagne contre la guerre, car désormais l’opinion publique ne croit plus qu’il soit possible de l’éviter.

Le pacifisme de Jaurès en fait la cible de la haine des nationalistes. Le 31 juillet 1914, après avoir tenté de stopper le déclenchement des hostilités de la Première Guerre mondiale, Jaurès se rend au siège de son journal, L’Humanité, pour préparer un article de mobilisation contre la guerre qui paraîtra dans l’édition du lendemain. À 21h40, alors qu’il dîne au Café du Croissant avec ses collaborateurs du journal, assis dos à la fenêtre et séparé de la rue par un simple brise-bise, Jaurès est abattu de deux balles de revolver par Raoul Villain, un étudiant nationaliste. Mortellement blessé, Jean Jaurès décède peu après d’une hémorragie cérébrale. Le médecin appelé sur place ne peut que constater sa mort.

L’assassinat de Jean Jaurès précipite le ralliement des socialistes de la SFIO et des syndicalistes révolutionnaires de la CGT à l’Union sacrée. Le discours prononcé par Léon Jouhaux, secrétaire général de la CGT, lors des obsèques de Jaurès, le 4 août 1914, souligne ce tournant : désormais, le mouvement ouvrier défendra résolument la patrie en danger et la République contre l’Allemagne impériale, autoritaire et belliciste.

Le procès de Raoul Villain se tient devant la Cour d’assises de la Seine du 24 mars au 29 mars 1919 dans un contexte de fort nationalisme. Raoul Villain est acquitté par onze voix sur douze, tandis que la veuve de Jaurès est condamnée au paiement des frais du procès.

En 1924, le Cartel des gauches (union de la SFIO et du parti radical), mené par Édouard Herriot, arrive au pouvoir. Élu sur la base d’un programme pacifiste, anticlérical et social contre la politique du Bloc national, Édouard Herriot voit dans la panthéonisation de Jean Jaurès l’occasion de donner un ancrage symbolique au Cartel des gauches tout en rendant hommage à l’homme qui a tenté d’empêcher la guerre. Malgré l’opposition d’une partie de la droite et des communistes, le projet de loi est adopté par le Sénat et la Chambre des députés le 31 juillet 1924, jour du dixième anniversaire de l’assassinat de Jaurès. Les cendres de Jaurès entrent au Panthéon le 23 novembre 1924.

Sources :

  • Archives nationales, fonds Jaurès (437 AP).
  • JOLLY (Jean) dir., Dictionnaire des parlementaires français (1889-1940), 1960-1977, p. 2013-2017.
  • Notice BNF : FRBNF11908668
  • Notice Wikipédia
  • Notice du dictionnaire biographique mouvement ouvrier, mouvement social (Maitron)
  • ROBERT (Adolphe), COUGNY (Gaston) dir., Dictionnaire des parlementaires français (1789-1889), 1889-1891, p. 409.

Identifiant :

  • FRAN_NP_052463
  • 0000 0001 2130 9304

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