Document d'archives : Un membre du cercle Leï pescadou de l’Estaco évoque tous les types de cercles qui ont existé ou perdurent dans son quartier et...

Titre :

Un membre du cercle Leï pescadou de l’Estaco évoque tous les types de cercles qui ont existé ou perdurent dans son quartier et l'organisation du sien en ponctuant son récit d'anecdotes sur la vie des pêcheurs de l’ Estaque

Contenu :

Richard Volpe, l'informateur, est originaire du quartier et commence par dresser la liste des cercles de l’Estaque et des quartiers Saint-André et Saint-Henri, il est le témoin principal et un second membre du cercle intervient rarement (entre à la 14e minutes). Les cercles du quartier sont selon lui constitués essentiellement de sociétés musicales dont deux, à Saint-André, avaient déjà cessé d’exister lorsqu'il était enfant. Leurs membres étaient surtout italiens, piémontais d’un côté et toscans de l’autre. Il cite également une « Maison de l’œuvre », dans le même quartier, sous l’égide de la paroisse. A Saint-Henri, on trouvait un Orphéon, aujourd’hui fermé, ainsi que la Société Musicale Sainte-Cécile, qui subsiste. Quant à l’Estaque, il cite le cercle de l'harmonie de l’Estaque-gare, toujours en activité, qui possède une chorale très dynamique ainsi qu’une pastorale ainsi que la Société musicale et sportive de l’Estaque-plage, qui propose à la fois des activités musicales et sportives. L’informateur explique que chacun de ces cercles possède son drapeau et son règlement propre. Il dit qu’il est fort dommage qu’ils perdent de l’importance, car ils ont constitué le coeur de la sociabilité de ces quartiers.
Le témoin évoque ensuite les chaudrons de cuivre de la prud’homie des pêcheurs de l’Estaque, qui servaient à teindre les filets de pêche en coton afin qu’ils ne moisissent pas. Ils ont cessé de servir avec l’apparition des filets en nylon imputrescible dans les années 1960. Il dit que la réunion des pêcheurs de l’Estaque autour de ces chaudrons et de la prud’homie pouvait être vue comme une sorte de cercle. Pour autant, il n’y a jamais eu de cercle des pêcheurs à proprement parler. Ces derniers fréquentaient les sociétés musicales, comme une grande partie de la population de l’Estaque. Le témoin mentionne encore l’existence d’une criée des pêcheurs, coopérative que l’on pourrait également apparenter à un cercle. La discussion s’oriente sur les techniques de pêche employées, comme la madrague ou la sinche.
Il revient à nouveau sur les sociétés musicales locales. Informateur et enquêteur relèvent la solidité de leur implantation, et leur capacité d’adaptation. Le témoin soumet l’idée que c’est peut-être justement le manque de cette dernière qui a entraîné la disparition de l’Orphéon. Il dit qu’il existait une rivalité entre les cercles de de harmonie de l’Estaque-plage et de l’Estaque-gare, basée sur le prestige. L’informateur continue en disant qu’entre les usines Pullman, la société coloniale de chaux et ciment, les tuileries, les travaux maritimes, la pêche et les docks, les habitants de l’Estaque ne manquaient pas d’emploi, du temps de sa jeunesse. La grande fête alors était celle de la Saint-Pierre, patron des pêcheurs, notamment organisée par le cercle harmonie de l’Estaque-plage et qui pouvait durer plus d’un mois.
Après une parenthèse sur la voie ferrée traversant l’Estaque et les viaducs environnants, l’informateur explique qu’il n’y avait pas de lien entre l’emploi exercé et le cercle fréquenté. Le choix de ce dernier se faisait plutôt selon l’origine géographique et la « passion » (musique, théâtre, sport) ou le type de convivialité. La présence de nombreuses sociétés musicales de la Cabucelle à l’Estaque serait selon lui à mettre en lien avec la forte présence italienne. Le témoin relève à ce titre les conflits fréquents entre toscans, piémontais et sardes, et relève les discriminations subies par ces derniers, souvent traités de “sardignoles”.
Enfin il est question de l’association présidée par l’informateur, “Leï pescadou del Estaco”, qu’il présente comme une association loi 1901 ayant pour but le développement des sports nautiques et la préservation du patrimoine marin. Ce dernier est notamment composé de barques de type Mourre de Pouar et de bettes. Elle organise aussi des régates mêlant bateaux anciens et modernes, et a relancé la fête de l’Estaque, maintenant organisée début septembre, en même temps qu’un rassemblement annuel de voiles latines. Lorsque l’enquêteur relève l’importance de la tradition ouvrière dans les cercles locaux, le témoin ajoute que si les gens travaillaient certes beaucoup, ils tenaient aussi à se retrouver pour leurs loisirs. Il considère que c’est l’arrivée de la voiture qui a tout changé, élargissant considérablement les possibilités de déplacement.

Cote :

F4478

Inventaire d'archives :

Fonds Pierre-Jean Chabert

Description physique :

Information matérielles :
1 cassette audio
Importance matérielle :
Durée : 1h 04min

Références bibliographiques :

Où consulter le document :

Maison méditerranéenne des sciences de l'homme (MMSH) - Secteur Archives de la recherche

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