Document d'archives : Abbaye Notre-Dame de L'Étanche (ordre de Cîteaux)

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Les plus anciens et les plus importants des ordres religieux de femmes, dans les Vosges actuelles, étaient des fondations bénédictines, voire colombanistes : la célèbre abbaye Saint-Pierre de Remiremont, fondée vers 620 par saint Romary, alors moine de Luxeuil , le monastère Saint-Goëry d’Épinal, créé vers 973 par Thierry de Hamelant, évêque de Metz , et le monastère Sainte-Menne de Poussay, dont la fondation, entreprise vers 1018 par Berthold, évêque de Toul, fut achevée vers 1043 par son deuxième successeur Brunon qui, devenu le pape Léon IX, en confirma les biens en 1050 . Ces abbayes bénédictines devaient par la suite se séculariser et former trois des quatre chapitres de dames nobles de Lorraine . Au XIIe siècle, si, à la suite de la réforme de saint Bernard, les fondations cisterciennes se multiplient en Lorraine, l’actuel département des Vosges est peu touché : aucun monastère d’hommes de cet ordre ne s’y établit. Par contre, deux monastères de femmes se créent : l’abbaye Notre-Dame de Droiteval, due aux libéralités d’Aubert, sire de Darney, au milieu du siècle, et l’abbaye Notre-Dame de L’Étanche . Par la suite, en 1433, Droiteval fut converti en prieuré cistercien d’hommes . Le présent inventaire comprend l’analyse du fonds de l’abbaye de L’Étanche. Il a été rédigé par notre prédécesseur, Jean Robert, qui en avait effectué le classement avant de quitter le département. Pour notre part, nous nous sommes bornés à annoter le texte et à le mettre au point pour l’impression. Nous avions l’intention de publier dans le même tome les inventaires d’archives des autres ordres religieux de femmes qui, du XIIIe siècle au XVIIIe siècle, se sont développés dans la région vosgienne. L’importance qu’aurait eu alors ce volume en aurait retardé la parution. Aussi avons-nous cru préférable de limiter ce tome au répertoire du fonds de L’Étanche dont la richesse et l’intérêt pourront ainsi être portés plus rapidement à la connaissance des érudits et des chercheurs . Histoire de l’abbaye de L’Etanche L’abbaye de L’Étanche n’a pas eu encore d’historien . Son existence même a été parfois si mal connue qu’on a pu la confondre avec son homonyme située dans la Meuse ou hésiter à l’identifier . Aussi pensons-nous faire œuvre utile en retraçant sommairement, en guise de préface, son histoire. C’est le 5 décembre 1148 que, à la prière de sa mère Adélaïde, retirée alors à l’abbaye cistercienne de Notre-Dame-du-Tart , où elle avait pris l’habit, le duc Mathieu Ier de Lorraine et sa femme Berthe de Souabe faisaient don à cette abbaye de plusieurs alleux à Rouvres-la-Chétive , à Landaville , à Balleville pour que fût édifié en un lieu appelé Val-le-Duc un monastère cistercien dédié à la Vierge Marie. Cette nouvelle fondation était confirmée par Henri de Lorraine, évêque de Toul, dans une charte donnée à Varangéville le 10 août 1149, et par l’archevêque de Trêves, Adalbéron, l’année suivante. Les donations affluèrent dès lors et furent confirmées tour à tour par les ducs de Lorraine Simon II, Ferry II, Thiébaut Ier et Mathieu II, par les évêques de Toul Henri de Lorraine, Pierre de Brixey, Mathieu de Lorraine et Eudes de Sorcy, par l’évêque de Metz Bertrand, par l’archevêque de Trêves, Adalbéron, et par le chapitre de Toul. Les donateurs sont les personnages les plus marquants de l’époque et de la région : les ducs de Lorraine Ferri II et Mathieu II ; le comte de Bar Thiébaut Ier ; les comtes de Vaudémont Hugues, Raoul et Henri ; Thierry de Lorraine, seigneur d’Autigny, et Ferri du Châtelet, son fils ; les Beauffremont Hugues et Liébaut, en 1207, et plus tard Liébaut et Gautier en 1298 et 1308. Ce sont aussi des ordres religieux : le chapitre de Remiremont, par ses abbesses, Judith en 1155, Marguerite de Savoie en 1231, et par ses secrètes, O., en 1239 , Thomasse de Salm en 1253, et l’abbaye de Saint-Memmie de Châlons-sur-Marne, par son abbé Hugues en 1218. Ainsi s’arrondissent les domaines et les droits de l’abbaye qui avait des possessions à Aingeville , Aouze , Attignéville , Aulnois , Autigny-la-Tour , Balleville et Le Ménil-sur-Vair , Barville , Bouzey , Brancourt , Certilleux , Le Châtelet , Châtenois , La Neuveville et Darney , Circourt , Coussey , Fomerey , Gigney , Frebécourt , Gendreville , Graux , Houécourt , Houéville , Landaville, Mont et Noncourt , Neufchâteau, Rainville , Rancières , Rebeuville , La Rapine , Rémoville , Rollainville, Rouceux , Rouvres-la-Chétive, Saint-Paul , Toul, Tranqueville , Villouxel et Vouxey . Si la situation matérielle de L’Étanche était assurée par les largesses des contemporains, sa situation spirituelle n’était pas délaissée pour autant. On se disputait l’honneur de fournir des religieuses au monastère : en 1179, Gautier de Fruze et sa femme Gondrée n’avaient-ils pas fait don à l’abbaye de tous leurs biens ainsi que de leurs six filles qui y prirent le voile ? À la fin du XIIe siècle, la donation d’Hugues de Froville réservait le droit aux membres de sa famille d’entrer au monastère . Pourtant, des contestations nombreuses et parfois violentes, d’abord, puis les vicissitudes politiques devaient, par la suite, troubler la vie calme et retirée du cloître. Dès la fin du XIIe siècle, Louis d’Attignéville refusait de reconnaître les dons faits à l’abbaye par son frère Eudes . En 1234, le moulin de Rivière était le sujet d’un différent entre L’Étanche et la maladrerie de Soulosse . Les dîmes de Barville opposaient l’abbaye au curé en 1240, et à Guillaume Malpetit en 1260 . La propriété du bois de la Côte-Saint-Évre, à Rouvres-la-Chétive, fut l’objet d’un désaccord si profond avec Érard et Henri du Châtelet que ceux-ci n’hésitèrent pas à saisir comme otage une religieuse converse de l’abbaye qu’un accord passé aux assises de Mirecourt en 1308 leur obligea à libérer . Au XVe siècle, la malheureuse lutte entre René Ier d’Anjou, duc de Lorraine, et Antoine, comte de Vaudémont, qui devait aboutir à la bataille de Bulgnéville en 1431 ravagea la région de Neufchâteau. Plus de vingt ans après, les ruines n’étaient pas encore relevées : le 22 septembre 1456, l’abbesse de L’Étanche, Jaquette de Gombervaux et son chapitre réuni, « voulans, disaient-ils, de nostre povoir relever, remettre sus et en bon estat les gaignages appartenans à nosre dite église qui, par les guerres qui ont esté entre les princes, ont esté démolus, arruynés et destruits, lesquels, obstant les grans affaires que nos predecesseresses abesses et nous avons heuz par ledit temps et depuis jusques à présent, n’avons iceulx gaignages peu relever, ne remettre en bon estat, ne recouvre les héritaiges à iceulx appartenans », et ne pouvant le faire, acensaient à Jacques de Haraucourt, seigneur de Germiny et de Rémoville, bailli de Nancy, et à Catherine de Deuilly, sa femme, la moitié de leur ferme d’Auvillet, à Attignéville, à charge pour les preneurs de construire deux bâtiments . Un siècle plus tard, en 1552, au cours de la chevauchée du marquis Albert de Brandebourg en Lorraine qui l’amena à camper près de Toul et à suivre la route de Neufchâteau , de grands ravages furent commis par les troupes allemandes. Les dépendances de l’abbaye n’y échappèrent pas, et, en 1556, les habitants de Rollainville durent s’adresser à l’abbesse de L’Étanche, Claude des Armoises, pour les aider à reconstruire leur église, eu « esgard a la grande et urgente nécessité advenue en leur dicte église par la course du marquis Albert de Brandembourg durant laquelle ladicte église a esté grandement spoliée et destruicte », ce que l’abbesse fit volontiers « consyderant l’évidente disette et nécessité de ladicte église de Rollainville et voulant obvier à la ruyne d’icelle » . Ce fut ensuite le contre-coup des guerres de religion : les troupes allemandes qui, appelées par les protestants français, se rendaient dans le royaume, passaient par le duché et dévastaient le pays. Les revenus de l’abbaye de L’Étanche s’en ressentirent et le procureur ne put rendre les comptes de 1566, 1567 et 1568 « réservez au temps des guerres » . L’année 1567 est qualifiée, dans ces mêmes comptes d’ « année des reitters » et le registre de 1575 observait que les cens dus à la Saint-Martin d’hiver furent perçus « à grande difficultez pour le duc de Casimiere qui passa au Neufchastel avec grosse armée à Noël en l’an VCLXXV, s’en allant en France avec grand degaist de pays » . Lors de la guerre de Trente Ans et de l’occupation française, les religieuses se retirèrent à Neufchâteau vers 1636, non sans avoir mis à l’abri à Langres tout ce qu’elles avaient de précieux : titres, ornements, argenterie et joyaux . Les propriétés de l’abbaye eurent à souffrir des événements. Ce fut la tâche des abbesses de L’Étanche de réparer par la suite les ruines de leur domaine : en 1660-1661, Marguerite Lallemand releva les dépendances de l’abbaye, muraille, bergerie et moulin ; de 1703 à 1708, Anne de Tavagny fit rétablir l’église : murs, vitraux, portail « suivant l’ordre toscane » par les architectes de Ligny-en-Barrois, Nicolas Briot et Nicolas Levêque . Les travaux furent poursuivis par la réfection du chœur de 1740 à 1744 . Ainsi, périodiquement dévastée, et périodiquement restaurée, l’abbaye de L’Étanche se maintint jusqu’à la Révolution. Si, matériellement, elle fit preuve d’une vitalité persistante, il semble bien cependant que de bonne heure, elle ait été l’objet d’un certain relâchement : parce qu’en 1460, Béatrice du Châtelet reçut l’habit religieux et qu’elle était, dit le procès-verbal, « filiam de nobili et legitimo matrimonio procreatam », les dames de L’Étanche, par la suite, prétendirent que leur monastère était uniquement réservé aux jeunes filles de la noblesse. Au dos de l’acte d’élection de Béatrice du Châtelet, en effet, une main du XVIIe siècle a écrit : « Entre autres choses, ce titre prouve que depuis la fondation de cette abbaye on n’avait jamais dû recevoir que des demoiselles de noble extraction de père et de mère, nobili matrimonio procreatas. C’était un abus toutes les fois qu’on avait le contraire » . Il semble inadmissible qu’il en fut ainsi dès l’origine, bien que les quelques noms de religieuses que nous livrent les documents des XIIe, XIIIe et XIVe siècles semblent appuyer cette prétention . Les actes de fondation ne laissent pas entrevoir une telle réserve, contraire à l’esprit cistercien. Sans doute, l’empressement que montra la chevalerie lorraine, comme nous l’avons indiqué précédemment, à faire admettre ses filles au monastère de L’Étanche, aboutit-il à créer en fait une sorte de monopole. En 1488, encore, Henri des Armoises sollicitait l’admission de sa fille Françoise . Et c’est au XVe siècle qu’officiellement fut affirmée cette prétention. Dans les actes, l’abbesse Agnès de Haroué est qualifiée couramment de « religious dame » , mais dès 1435, cependant, on lui donne le qualificatif de « noble et religieuse dame » . L’abbesse suivante, Jaquette de Gombervault est intitulée en 1451 « noble et religieuse dame suer Jaquette de Gombervault à présent abbesse… » . En 1489, enfin, on rencontre l’appellation de « nobles et religieuses dames abbesses et couvent » de L’Étanche . Dès le XVIe siècle, en tout cas, le monastère était réservé aux jeunes filles de la noblesse . La vie régulière, du reste n’était pas toujours observée : les religieuses possédaient leurs biens propres dont elles pouvaient disposer par donation ou par testament, ainsi que le prouve la donation d’Héluyse de Bauffremont en 1282 , celle de Marguerite de Dommartin en 1328 ou celle de Barbe de Mitry en 1586 . Elles pouvaient par conséquent vendre ou acquérir des biens, telle Isabelle de Maxey-sur-Vaise en 1548 , ou encore Catherine de Mailly et Élisabeth de Reynette qui ne se privèrent pas d’user de ce droit de 1567 à 1594 . Par la suite, même, les religieuses s’absentèrent . On a peu de renseignements sur la vie intérieure du monastère. Aucun registre capitulaire n’est parvenu jusqu’à nous. Dès le XVIe siècle, au vocable primitif de Notre-Dame, était substitué puis joint celui de Saint Gengoul , et au XVIe siècle, l’abbaye de L’Étanche était intitulée « monasterium Beate Marie alias Sancti Gengulphi de Stagno » . À côté de l’abbesse existaient une pitancerie dès le XIIIe siècle , au XIVe siècle, une secrète et une ou deux pitancières , au XVe siècle, une prieure, une sous-prieure et une célérière , offices qui persistaient encore en partie au XVIIIe siècle . Aux XVIe et XVIIe siècles, les abbesses s’adjoignirent des coadjutrices. C’est par ce moyen que la famille des Armoises monopolisa la dignité abbatiale près de quatre-vingt ans, de 1531 à 1610 : quatre membres de cette famille s’y succédèrent, assurant par ce système la permanence de cette dignité dans leur maison . Toutefois, abbesses et coadjutrices semblent toujours avoir été élues régulièrement. Seule Péronne de Vallerot en 1664 aurait pu être désignée par l’abbesse Marguerite Lallemand qui résigna ses fonctions en sa faveur . Aux religieuses de chœur s’ajoutaient des sœurs converses et au moins un frère convers . Dès l’origine même, des frères furent attachés, semble-t-il, au monastère. À la fin du XIIe siècle, le père de Louis d’Attignéville était « convers à l’abbaye » . Peut-être est-ce Jacques d’Attignéville qu’un acte de 1203 qualifie de « confrère au monastère » . En 1210, le duc de Lorraine, Ferri II, s’adresse aux frères et sœurs de L’Étanche . En 1318, frère Druje, convers à l’abbaye acquiert une rente pour la pitance du monastère . Un frère Jacques est convers en 1337 . Périodiquement, un visiteur inspecte l’abbaye : en 1270, c’était le père abbé de La Crête . Un directeur receveur ou procureur de l’abbaye s’occupait des comptes et revenus du monastère , tandis qu’un aumônier était attaché aux religieuses . Sur le nombre de celles-ci, nous n’avons pas de précisions avant le XVIe siècle. En 1549, dix religieuses participent à l’élection de Claude des Armoises . En 1570 et en 1610, aux élections de Claude de Jussy, comme coadjutrice, et d’Antoinette de Vigneulles, comme abbesse, leur chiffre atteint la douzaine . Il retombe à neuf en 1636 , à sept en 1646, alors qu’elles étaient réfugiées à Neufchâteau « à cause du malheur des guerres » et à quatre en 1665, lors de la prise de possession de Mme de Vallerot . Au XVIIIe siècle, leur nombre semble s’être fixé à huit bien qu’en 1772, dans une déclaration des biens de l’abbaye, l’abbesse, Anne-Marie de Gondrecourt ait déclaré que « cette maison est composée ordinairement de dix dames, y compris madame l’abbesse ; il n’y en a actuellement que neuf… » . L’abbesse administrait les biens de l’abbaye et en touchait les revenus qui s’élevaient, à la veille de la Révolution, à 20 ou 25000 livres . Elle était tenue, en échange, de nourrir les religieuses, de les habiller et de les entretenir ; à la fin du XVIIIe siècle, elle versait à chacune pour son « vestiaire » 36 livres par an . Du reliquat, elle faisait, semble-t-il, l’usage qu’elle voulait, mais de cet usage dépendait son prestige et la bonne harmonie du monastère. Ainsi se louait-on en 1725 de Madame de Pointes », à qui l’on doit souhaiter de longues années par rapport à sa conduite sage et prudente envers les dames et à la bonne administration qu’elle a fait du temporel de son abbaye que l’on peut dire qu’elle a tirée de la misère dans laquelle les mauvais tems et quelque négligence l’avait plongée » . L’abbesse qui lui succéda, Mme de Gondrecourt, paraît bien avoir été moins scrupuleuse. Certes, d’après la déclaration de 1772, elle faisait « des aumônes journalières considérables, les pauvres passants étant nombreux à cause de la route de Neufchâteau à Mirecourt qui passe à L’Étanche » ; mais elle ne rendait aucun compte et ses administrés l’accusaient de les nourrir maigrement et d’utiliser le plus clair des revenus du monastère en faveur des membres de sa famille . L’abbesse habitait alors un appartement meublé de fauteuils de tapisserie, de sophas, de miroirs et de trumeaux. Les religieuses vivaient dans leurs meubles et possédaient leur argenterie . Quatorze domestiques étaient à leur service ; leur écurie abritait huit chevaux ; dans la remise se trouvaient un cabriolet, deux chariots, sans compter la berline de Mme de Gondrecourt qui lui fut confisquée et qu’elle essaya en vain de récupérer en 1793 . Le train de vie du monastère était donc confortable. À la Révolution, l’abbesse et les cinq religieuses présentes à L’Étanche déclarèrent vouloir rester dans leur maison et continuer à vivre « selon les usages reçus », le 24 juillet 1790 . Elles venaient d’assister à l’inventaire de leurs biens par les administrateurs du district de Neufchâteau. Elles étaient encore à L’Étanche en janvier 1791 mais leurs terres étaient déjà mises en vente et certaines furent adjugées à la fin du même mois . En novembre 1792, les dames de L’Étanche avaient abandonné leur monastère, non sans avoir enlevé les meubles, les boiseries et les cheminées de marbre ; elles y avaient pourtant laissé l’argenterie et la crosse abbatiale . En l’an IV, Mmes de Clerval, d’Estoquoy et de Goyon s’étaient retirées à Neufchâteau, Mme du Saulget à Épinal et Mme de Greiche, à Saulxures-lès-Bulgnéville. Elles étaient toutes pensionnées de l’État . Entre temps, la maison de L’Étanche et ses dépendances avaient été vendues comme biens nationaux le 15 mars 1793 pour la somme de 20000 livres, à Pierre Bon, de Dommartin . Composition et intérêt du fonds d’archives Les archives de l’abbaye de L’Étanche nous sont parvenues en entier, du moins telles qu’elles existaient à la Révolution. Le fonds ne comporte pas moins de 92 articles et renferme de précieux actes originaux du XIIe et du XIIIe siècle, particulièrement l’acte de fondation du duc de Lorraine Mathieu Ier de 1148, les chartes des ducs Ferri II de 1206 et 1210, Thiébaut Ier de 1214, Mathieu II de 1220, 1223, 1226 et 1240, les confirmations ou donations des évêques de Toul Henri de Lorraine en 1149, Pierre de Brixey en 1178 et 1179, Mathieu de Lorraine, entre 1198 et 1210, Renaud de Bouthillier-Senlis, entre 1210 et 1217, de l’archevêque de Trêves Adalbéron en 1150, de Judith, abbesse de Remiremont en 1155, etc…, soit en tout plus de quarante pièces originales antérieures à 1250. Certains titres primitifs qui ne nous sont pas parvenus, nous sont livrés par deux cartulaires, l’un de 1548, dressé à la demande de l’abbesse, Marguerite des Armoises, et des dames du monastère par Adrien Vallée, maître ès arts, procureur général de la cité de Toul, et par Jean Mathieu, notaire apostolique , l’autre de 1673, rédigé par Richard Thirion, religieux de l’abbaye de Beaupré, aumônier de l’abbesse Péronne de Vallerot . Outre ces cartulaires, trois inventaires des archives de L’Étanche sont parvenus jusqu’à nous : ceux de 1646, de 1741 et de 1790. Le premier fut établi par dom Gaspard Bastien, prieur de Droiteval et célérier de Morimond, sur le désir de Marguerite Lallemand, abbesse, et des religieuses de L’Étanche, au retour des archives du monastère qui avaient été mises en lieu sûr et transportées dans un coffre à Langres dans la maison de l’abbé de Vaux-la-Douce, une dizaine d’années auparavant . Ce coffre venait d’être ramené à Neufchâteau où étaient réfugiées les religieuses par la prieure, Mme Élisabeth de Gallo et la célérière, Mme Claude de Jeandelaincourt. Le procès-verbal constatait la perte de certains documents . Le second, de 1741 à 1742, fut entrepris par Mme Gabrielle de Pointes. Il s’étend spécialement sur tous les titres de propriété des biens de l’abbaye . L’inventaire dressé par le directoire du district de Neufchâteau les 23 et 24 juillet 1790 est très sommaire . Tous ces inventaires nous apportent la preuve que le fonds de L’Étanche a été sauvegardé dans sa plus grande partie. Nous savons du reste que les recherches des titres généalogiques faites dans ce fonds demeurèrent infructueuses . Par ailleurs, le vol qui fut commis dans la nuit du 28 au 29 mars dans la salle des archives de l’abbaye n’affecta, semble-t-il, les titres de L’Étanche que dans la mesure où ils furent retirés de ce local dans un tel désordre « que pour les rétablir dans leur ordre, déclarait l’abbesse en 1790, il faudrait près de trois mois » . Enfin, la prise en charge des documents par l’administration se passa régulièrement : le 5 octobre 1790, Étienne Fepou, membre du directoire du district de Neufchâteau, commissaire nommé à cet effet, assisté de Christophe Doublat, secrétaire commis et assermenté, se présentèrent à L’Étanche pour retirer les titres du monastère. Mme de Gondrecourt allégua une indisposition pour ne pas leur remettre les documents, mais promit de les faire parvenir « aussitôt que sa santé lui permettrait de vaquer à ses affaire » . Le 25 janvier 1791, les mêmes commissaires retournaient à L’Étanche et procédaient sans autre incident à l’enlèvement des archives . C’est l’intégralité du fonds, — l’un des plus complets conservé aux Archives des Vosges — en même temps que le nombre d’actes originaux inédits conservés dans ce fonds, qui en forment le grand intérêt .

Cote :

37 H 1 à 92

Inventaire d'archives :

Clergé régulier

Archives départementales des Vosges

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