Document d'archives : Chemins, ponts et chaussées du diocèse d'Uzès. - Chemin de Beaucaire au Saint-Esprit. - Chemin d'Aix-en-Provence à Lyon, par...

Titre :

Chemins, ponts et chaussées du diocèse d'Uzès. - Chemin de Beaucaire au Saint-Esprit. - Chemin d'Aix-en-Provence à Lyon, par Tarascon, Beaucaire et le Saint-Esprit.

Contenu :

- Proposition faite par M. Le Bret (mars 1733) « d'obliger ceux qui conduisent des marchandises et denrées pour le Languedoc et le Dauphiné, passant par le Comtat, à prendre leur route par Tarascon et Beaucaire au Saint-Esprit, dans la vue d'augmenter l'embarras dans lequel se trouvoit pour lors le Comtat ». - Correspondance à ce sujet entre messieurs Orry, de Bernage et de Fontanieu (juin-octobre 1733). - « Mémoire contenant l'avis de monsieur de Bernage de Saint-Maurice, intendant en Languedoc, sur la proposition d'établir une nouvelle route de Provence en Languedoc et en Dauphiné, sans emprunter le passage dans le Comtat » (21 février 1734).
La proposition faite par M. Le Bret est motivée par « les circonstances dans lesquelles... la France se trouve depuis quelque temps par rapport au commerce prohibé de touttes sortes de marchandises que l'on introduisoit dans le royaume ... ». - M. Le Bret estime « qu'il est aisé d'aller réciproquement de Provence à Lyon, sans emprunter le Comtat, et qu'il suffira d'établir à Tarascon les chevaux de poste qui sont à Avignon, ce changement ne pouvant causer aucun embarras aux courriers, en ce que Valiguères, qui est la dernière poste du Languedoc, n'est pas plus éloigné de Tarascon que d'Avignon et qu'il n'y a pas plus de chemin de Tarascon à Saint-Andiol que d'Avignon à Saint-Andiol, dernière poste de Provence. M. Le Bret trouve même qu'il en résultera plusieurs avantages pour les voyageurs, en ce qu'ils ne seront plus obligés à passer le bac de la Durance et qu'ils seront exempts des deux bacs qui sont établis entre Avignon et Villeneuve, outre que ce changement mettra un grand obstacle à la contrebande, surtout des soyeries d'Avignon, dont les courriers sont continuellement accusés de se charger... » (lettre de monsieur Orry, du 30 juin 1733). - M. de Fontanieu assure « que le changement du chemin ordinaire porteroit un préjudice considérable au Dauphiné » (lettre de monsieur Orry, du 24 août 1733) ; - « il y a un tiers de chemin de moins en passant par le Comtat, mais outre que cette route est plus courte, il y a plusieurs inconvénients dans le changement proposé : 1° le commerce du Dauphiné et de la Provence sera interrompu. Le Dauphiné fournit à la Provence beaucoup de marchandises dont elle manque, comme chanvres pour les cordages de la marine, chanvres peignés, toiles, aciers, fer qui sort des forges du Dauphiné et qui est de meilleure qualité que ceux des autres provinces, marchandises de bois comme arceaux, barriques, pailles, fourches de bois, ratteaux et balais ; et la Provence fournit au Dauphiné des huiles, des laines, des fruits secs et diverses marchandises maritimes, qui passent tous les jours de Marseille et de Toulon pour le Dauphiné et Lyon. Il est encore à observer qu'il y a deux greniers à sel pour le Dauphiné, l'un à Avignon et l'autre à Orange, qui ont été établis pour lier le commerce entre le Dauphiné et la Provence et le Comtat pour les marchandises dont les Comtadins ont besoin, parce que, le sel étant marchand en Dauphiné, les négociants, depuis Saint-Marcelin à Montélimart, préfèrent souvent de faire leurs achapts dans ces deux greniers plustost que dans ceux du Dauphiné, qui coûtent plus, parce que les sels en remontant le Rhosne coûtent plus de voiture que parterre : les voituriers chargent en Dauphiné leurs marchandises pour aller en Provence, ils en employent le prix en achapts de sels et par là ils gaignent double voiture pour le voyage et le retour ; ce négoce cesseroit si l'on ne permettoit [plus] aux rouliers de passer dans le Comtat ; 2° si l'on force les rouliers à passer par Tarascon, le Dauphiné sera privé de l'avantage qu'il a toujours retiré de la consommation des denrées que font ces voituriers depuis Pierrelatte jusqu'à Lyon. Quand les voituriers seront arrivez au Saint-Esprit, on les forcera à suivre la route du Languedoc jusqu'au Lyonnois, par les contrariétés qu'on leur fera au passage du pont Saint-Esprit et qui ont détourné celles du Languedoc qui passoint anciennement en Dauphiné, ne pouvant passer plus haut par la route du Languedoc dont les chemins étoient impraticables..... » (lettre de monsieur de Fontanieu, du 20 septembre 1733) - Réponse du contrôleur général Orry à monsieur de Fontanieu (5 octobre 1733) : « l'examen que j'ay fait de votre lettre du 20 du mois dernier..... ne peut me convaincre de la nécessité d'abandonner ce projet. Vous connoissés mieux que personne de quelle conséquence il est d'interrompre le passage par le Comtat et que l'on ne peut par conséquent se dispenser de prendre des mesures assés justes pour y parvenir. Il ne s'agist pas de changer entièrement la routte actuelle, mais seulement de faire faire un très petit détour pour éviter de passer par Avignon,... détour qui n'est que de 5 à 6 lieues, pour rentrer ensuitte dans la routte actuelle... ». - De Fontanieu s'incline devant les observations du contrôleur général, mais il le supplie, « en faisant le changement proposé, de donner les ordres les plus précis pour prévenir les contrariétés que l'on pouroit faire essuyer au Saint-Esprit aux voituriers, dans le dessein de les obliger à prendre la route du Languedoc par préférence à celle du Dauphiné, qui souffriroit infiniment d'un plus grand changement » (lettre de monsieur de Fontanieu, du 15 octobre 1733). - « La chambre du commerce et les négocians de Montpellier... observent, comme M. de Fontanieu,..... que l'interdiction du passage dans le Comtat ne peut estre que très préjudiciable au commerce de Provence en Dauphiné » ; - résumé du mémoire remis par l'ingénieur De Clapiès, inspecteur et directeur général des travaux publics de la province ; - « le passage du pont Saint-Esprit..... retarde [les rouliers] une demi-journée et quelquefois même une journée, parce qu'on les oblige de décharger leurs marchandises pour leur faire passer le pont sur des trainaux, à l'exception des balles de laine ou de coton, qu'on peut faire rouler sur le pont » ; - avis du syndic général de Languedoc ; - exposé, par l'intendant de Bernage, des avantages et des inconvénients du projet (21 février 1734).

Cote :

C 3942

Inventaire d'archives :

Intendance de Languedoc

Description physique :

Portefeuille. - 13 pièces, papier.

Archives départementales de l'Hérault

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