Document d'archives : Procès-verbal de l’état de ruine de l’abbaye dressé à la requête de l’abbé de Vertamont au moment de sa prise de possession (le...
Titre :
Procès-verbal de l’état de ruine de l’abbaye dressé à la requête de l’abbé de Vertamont au moment de sa prise de possession (le présent titre intitulé : « procès-verbal d’incendie, vol, pillage et garnison fait par la noblesse du pays dans Prébenoît »). Testament (1723) de François du Bosc, abbé commandataire de Prébenoît.
Contenu :
Titre intitulé : « procès-verbal d’incendie, vol, pillage
et garnison fait par la noblesse du pays dans Prébenoît »,
ledit procès-verbal dressé à la requête de Me Mathieu de
Vertamont, conseiller du roi en son conseil, aumônier doyen
de Limoges, abbé de Prébenoît, qui « a dit que s’estant
disposé de prendre possession de ladite abbaye, de laquelle
il est duement et légitimement pourveu, que néantmoings il
en aurait différé jusqu’à ce jour leffect et exécution en
considération des grandes notables ruynes qu’il a veues
trouvées en tous les bastiments de ladite abbaye et
monastère, et de la désolation pitoyable de toutes ses
appartenances, consistant en étangs rompus, asséchés et
désolés, en bois taillis et de haulte futaye abougeys,
despeuplés et desgradés, en ses rentes et debvoirs
seigneuriaux desnyés et desadvoués, et qu’ils ne peuvent,
pour la plus grande part, estre poursuivis et demandés à
deffault de papiers, tiltres et daulcuments perdus, saisis
et brûlés par les gens de guerre qui ont estés dès les
trente ans derniers surpris et tenu garnison dans lad.
abbaye avec toutes les insolences et libertés que gens mal
vivans ont accoustumés de pratiquer en pareille occasion ».
Par ordonnance, il est décidé qu’une descente de justice
sera faite sur les lieux, pour faire toutes constatations
utiles : le 14 juin 1621, à la convocation du sieur Étienne
Tournyol, lieutenant en la sénéchaussée de Guéret, assisté
de Louis Jabrillat, greffier, et de Guillaume Penot,
huissier, diverses personnes, l’abbé de Prébenoît et les
religieux, Claude de La Rigaudie, curé de Bétête, Pierre
Jacquet, charretier, du village de Tournesac, François
Capton, maçon, du même village, et plusieurs autres « nous
ont premièrement fait veoir l’assiette de ladicte abbaye et
estre pour la plupart enceinte de montaignes et collines,
restans de grands boys d’haulte futaye, et desquelles
descend ung ruisseau qui coulle le long de lad. abbaye du
costé de midy. Après, nous ont montré un grand spacieux
corps de logis composé de trois pavillons et aultres
logemens de religieux, environné de fossés qui rendent led.
lieu de bonne et forte deffence, sy les grandes ruynes qui
paraissent en toute sa (circonstance ?) estoient remises et
réparées ; et ayant enquis les (sujes ?) attestans, dont
procédait tous ces dégatz et débrits, et puis quels temps
ils sont arrivés, nous ont concordièrement et de vive voix
dict que ladicte abbaye a esté tenue, jouyë et poceddée, par
les quarante ans derniers, par gentilhommes seigneurs ou
leurs fermiers, qui ny faisaient aulcune résidance, sy n’est
en temps de troubles et qu’ils y logeoint quelques gens de
guerre, pour la garde et la conservation de la maison,
laquelle fut nuitinement (nuitamment ?) surprise, peu avoyr
trente ans, en l’année quatre-vingt-dix, et le jour et feste
de Saint-André, comme leur semble, par aucuns gentilshommes
voysins et autres leurs adhérans, qui avoient tenu garnizon,
jusques (sic) de Sainct-Barthélemy quatre-vingt-unze,
icelle, pillée et volée, non seulement de meubles
ordinairement (ornements ?) d’église, papiers et tiltres de
lad. abbaye et aultres commodités dudict monastère, mais
encore une infinitté de meubles et biens que les paisans
[des] paroisses circonvoisines et eux-mesmes, qui atteste,
avoir refuge en lad. abbaye comme en lieu de suretté, qui
est plus déplorable lorsque lesd. voleurs en furent chassés,
ils mirent le feu dans lad. maison, grange, bastimens,
particulièrement dans la tour, au lieu où estait le trézor,
dans lequel estest les papiers, terriers et tiltres de lad.
abbaye, et quelques aultres leur appartenans, pour consommer
le reste que leur cuppidité n’avoit peu dévorer, que Dieu,
néanlmoings, punist bien tost après, en la personne d’ung
des principaux qui auroit esté exécutés allions, en la ville
de Saint-Vaulry, et sa tête portée et plantée sur l’une des
tours de lad. abbaye, et que dès lors la ruyne et désolation
qui se remarque de présent et tout le corps des bastimens a
constinué et c’est augmenté de jour en jour, et laquelle
seroit encores plus grande, sy, puis les huict ou neuf ans
derniers, par ordonnance des pères visiteurs de l’ordre de
Cîteaux, ce qui a esté desdits bastiments n’eust esté
couvert à tuiles au lieu d’une chaulme et paille pourrie, au
travers de laquelle la pluie et les orages auroient
auparavant abrevé tous murailles, desmeuly les voultes, et
gasté tout le boys et fustaille, ainsin que marques en
parroissent encore aujourd’hui, tellement qu’on peu dire
véritablement qu’en tous les bastiments, excepté la susdite
couverture et le frontespice d’une chambre que nous
verrons ». Visite des lieux : un pont de bois sur le
ruisseau, conduisant à la basse-cour et d’une longueur de
vingt-cinq pieds, lequel est entièrement ruiné, pour estre
les « boys tous pourris, fors quelques limandes que les
dessus dicts ont dict avoyr esté mises le jour d’hier afin
de pouvoir passer dessus » ; un colombier près des fossés de
l’abbaye, sans couverture… « De là, sommes venus dans lad.
cour, et d’icelle entrés par les grands portes de lad.
abbaye et qui tout droit (sic) à une des gailleries des
cloistres d’icelle, le dessus dud. portal et portique, fait
en voulte, icelle fendue en plusieurs endroictz estant mesme
la muraille qui sépare les portiques dans les cloistres,
séparés de lad. voulte qui, avant lad. ruine, se joignait,
et dud. portique à main droite, sommes entrés dans la grande
salle basse où avons veu deulx grosses estayes sous-tenant
les poudres du plancher d’iselle… sommes aussy entrés dans
une entienne cuisine du tout inhabitable pour être
entièrement ruynée soyt de solives et fenestres… et de là
dans les cloistres de lad. abbaye, lesquels nous avons
trouvés couverts de toutes partz, et nous a fait veoir, led.
sieur abbé, iceulx avoir été par luy ou de ses deniers
payés… avons pareilhement veu et visité le parloir de lad.
abbaye qui est à la première galerie dud. cloistre, en
entrant… en suite dud. parloir et dessoubs est le chapitre
de lad. abbaye qui estoit entièrement voulté et ouvert, par
le dehors, de deulx croisées, qui sont, de présent, murées,
lad. voulte, soutenus par pilliers.... audessus dud.
chapitre avons [vu] un autre logement, lequel, nous a esté
dict par les religieux de lad. abbaye, estre l’entienne
sacristie, qui sert maintenant de cave ou cellier… et sommes
entrés dans un jardin, lequel on [....] estre l’entien
jardin du sacristain de l’église de lad. abbaye, dedans
lequel avons veu et nous a esté attesté par les experts y
avoir heu, audessus des prisons de lad. abbaye... comme
aussi avons veu le jardin qui est au milieu dud. cloistre,
dans lequel y avoit autrefois une fontaine, par le vase qui
est demeurée en ung des coings ; en suite desd. cloistres et
d’iceulx sommes entrés dans l’église de lad. abbaye, dans le
corps de laquelle y a plusieurs fenestres ou (?...) sans
aulcuns bois ny vitres, fors de quatre qui sont audevant du
cœur, les bans, places et sièges des religieux rompus et
ruinés, et l’entrée du cœur sans porte, ne c’estant trouvée
dans icelle aulcuns ornements, sy non une entienne et
vieille chasuble de soye avec une aube et quatre nappes, ung
calice d’estaing et quelques vieux livres de champs tous
rompu. Nous a aussy esté monstre dans lad. esglise la place
où estoit entiennement ung orloge, où avons veu quelques
pierres d’iceluy, et par le dedans de lad. esglise sommes
montés dans le dortoir… led. dortoir entiennement composé de
unze ou douze chambres qui estoient séparées par une.
gallerie entre deulx, laquelle est de présent ruinée,
tellement que les douze n’en font que une qui est sans
plancher… et, en continuant le parachèvement de lad. visite,
sommes montés aux voultes de l’esglise desquelles on monte
au clochier d’icelle, dans lequel cest trouvé deux petites
cloches, l’une estant de deux grands pieds de guelle (sic)
et l’autre d’ung pied et demy, qui est fandue et cassée, et
au hault et flanc de lad. esglise y a quatre grandes
guérites qui ont besoingt de réparation comme briquetage,
comme pareillement le corps de garde ancien qui est au hault
de lad. esglise » ; et ont signé avec l’avocat du roi :
Gabriel de Montalby, prieur de « Prat-Benoit », frères
Guillaume Pollynet et Duprat. Copie du testament
(5 septembre 1723) et du codicile (5 novembre 1723)
olographes de François du Bosc, abbé commendataire de
Prébenoît, décédé à Paris le 5 février 1724, déposés par Me
Jean Thomas, conseiller du roi honoraire au châtelet et
siège présidial de Paris, qui l’avait reçu des mains de « la
dame supérieure et religieuse du couvent de la congrégation
de cette ville, establie rue Neuve et paroisse
Saint-Étienne ». Le testateur désire que son corps soit
inhumé dans l’église des filles de la congrégation
Notre-Dame, et à cet effet lègue à la communauté un contrat
de rente constituée sur l’Hôtel-de-Ville de Paris, de la
somme de 3398 livres, ne demandant, en plus de la sépulture,
que les mêmes prières, vigiles et services que pour une
religieuse décédée. Legs : à la sacristie [de ladite
communauté] de cent messes à quinze sous, qui seront
acquittées pour le repos de son âme « par des prêtres bons
collègues », plus d’un missel romain, couvert de maroquin du
levant, « avec une dentelle d’or tout au tour », et de
divers ornements sacerdotaux ; à MM. du séminaire de
Saint-Nicolas du Chardonnet, pour la chapelle, d’ornements
sacertotaux, à charge d’un « de profundis soir et matin, en
pleine communauté, un mois durant » ; à son frère cadet, un
contrat de rente constituée de 15,040 livres ; aux Carmes de
la place Maubert, 200 messes à 15 sous ; au noviciat des
capucins, rue Saint-Jacques, 100 messes ; aux filles du
Sang-Précieux, 100 messes ; à ses serviteurs : Mme Lacroix,
56 livres, à Piquard, 90 livres, plus des hardes ; « à
Maxime, le curé de Beaumont, mon frère, tous les tableaux,
tous les meubles, tous les livres que j’apportay à Felletin,
dans ma maison paternelle, luy donne au surplus, deux habits
longs tout neufs, l’un de drap noir et l’autre d’étamines
d’Angers » ; aux pauvres honteux de la paroisse de
Saint-Nicolas du Chardonnet, 100 livres ; à M. Thomas,
ancien conseiller du Châtelet, son exécuteur testamentaire,
« une croix d’or garnie de reliques très certaines, un
tableau peint en mignature, représentant l’intérieur de la
très sainte-vierge et un portrait de Louis XIV, en albatre,
garny d’une bordure d’ébène »... je prie monseigneur
l’ancien évêque de Xaintes d’accepter un crucifix sur du
velours bleu, « dont les clous sont des rubis » ; aux
pauvres de La Pitié, ses voisins, 100 livres ; « sous le bon
plaisir de Madame la supérieure », à Madame Ragot, dite de
l’Assomption, 100 livres, une petite vierge de bois de
Sainte-Lucie et une chasse garnie de reliques, que l’on
trouvera dans son tiroir ou dans son coffre ; par charité, à
Mme Prévost, sa blanchisseuse, 60 livres. « On vendra tous
mes tableaux, mes meubles, ma grande pendule, mes deux
bagues, ma montre d’Angleterre, ma vaisselle d’argent de
table, mon linge, mon bois, ma petite batterie de cuisine
pour satisfaire au legs ; si cela ne suffît point, on vendra
ma barrette et ma cuvette d’argent ; si cela ne suffit pas,
on donnera mon calice d’argent à la congrégation ». Signé :
Dubosc, prêtre indigne, abbé de Prébenoît. Codicile : à
défaut d’acceptation par M. Thomas, nomination, pour
exécuteur testamentaire, de l’abbé Soyer, docteur en droit
canon, habitué de Saint-Paul, confesseur des religieuses de
Sainte-Avoye : legs à Mme Votour de « un tapis de Perse
qu’elle a déjà vu, qu’on trouvera dans mon coffre ou une
pièce des Indes [... ?] On vendra mes deux bagues qui valent
quelque chose, ma chaise roulante qui m’appartient et le
surplus de l’argent sera distribué à mon jeune frère, au
chevalier de Saint-Julien, mon neveu, à monsieur de
Maguillard, qui a épousé ma nièce, à Monsieur Tixier, fils
de ma soeur, à portions égales. Je désire, quand je serai
décédé, qu’on donne le reliquaire que j’ai, col de vermeil
doré, où il y a de la vraie croix, qu’on le donne à la mère
Ragot, dite de l’Assomption, religieuse de la congrégation,
mes voisines, à condition qu’à sa mort on attachera ce
reliquaire à la main de la Sainte-Vierge qu’on porte en
procession tous les premiers dimanches du mois ».
Cote :
H 529
Inventaire d'archives :
Description physique :
Liasse. 12 pièces,
papier.