Document d'archives : André Mériguet, vétérinaire, Saint-Maurice-la-Clouère (Vienne), 1966 ou 1967.

Contenu :

Enquête : Michel Valière. Dans son annonce, Michel Valière indique qu'André Mériguet souhaitait rester anonyme et avait demandé à ce qu'il soit appelé sous le pseudonyme de François Desbrandes dans l'enregistrement (mais on n'entend pas ce nom dans le cours de l'enregistrement). L'enregistrement est constitué de deux parties, chacune introduite par une annonce de Michel Valière enregistrée a posteriori :
1. A partir de 00:00:00. Montage de plusieurs séances d'entretiens avec André Mériguet. Montage d'enregistrements réalisés à des moments différents : à 05:40, il souligne que son anniversaire a lieu à la fin du mois, donc nous sommes en mai ; plus loin, vers 34:25, Michel Valière indique que les vendanges ont lieu "en ce moment", donc nous sommes à l'automne (?) ; ceci dit, il est probable que tous ces entretiens aient eu lieu au cours de l'année 1966. Mais l'absence de transitions empêche de distinguer nettement les différentes séances d'enregistrement. Il est probable qu'il y ait des coupes supplémentaires opérées par Michel Valière au sein d'une même séance d'enregistrements. Cela explique le sentiment fréquent de passer sans transition d'un sujet à l'autre. A intervalles réguliers, André Mériguet lit des notes rédigées par lui en prévision de l'entretien.
André Mériguet explique être né au lieu-dit Bourpeuil, au Vigeant. Il explique la distinction entre le Poitou et la Basse Marche, dont il fixe la limite nord à Usson-du-Poitou. Il indique que Le Vigeant est dans une zone de transition entre les deux régions. Il l'illustre avec les différentes manières de désigner la lessive ou le pré (avec un fragment de chanson en occitan) en différents lieux de ces deux régions. Il raconte diverses anecdotes associées à des expressions en poitevin-saintongeais, qu'il traduit au fur et à mesure en français. Il décrit les bals : liste de danses pratiquées. Il en fredonne plusieurs, notamment une marchoise, et chante des fragments d'air pour conduire les mariées : Viens, viens, viens, malheureuse, viens ; Jean, emmène la mariée. Fragment de chanson de conscrits : Nous n'irons plus longtemps faire l'amour à vos filles. Description de la fête de saint Eloi, patron des forgerons ; et fragment de chanson : Pendant qu'saint Eloi forgeait. Chanson en patois. Fragments de chansons : Si j'avais une femme qui pisserait de l'argent ; T'as bu, goret, tes sous. Pastourelle : Attendez donc, la belle (il y revient plus loin dans l'entretien). Il fredonne ensuite un "galop", puis un pas d'été de Civray. Quadrille : Amène-nous donc ton penaillon ; Y en a pas d'comme moi. Il explique qu'il y avait pratiquement un quadrille par village. Chanson de noces : Si le bon vin m'endort, l'amour me réveille. Il évoque la rôtie qu'on apportait aux mariés à la fin de la noce ; il lit un récit en patois à ce sujet. Chansons : Mademoiselle, entrez dans la danse ; Y entend la mère qui chante. Chanson de chiffonnier pour annoncer son passage : De la grapille n'avez-vous pas ? Il décrit les festivités du Mardi Gras. Chanson : Mardi Gras, ne t'en va pas. Il évoque la fouace, le carquelin (?), la tourtière : plats de fêtes. Il évoque les fêtes qui ponctuait toute l'année : le bourlot de métive, les vendanges. Il critique la pratique locale des vendanges, qu'il trouve trop précoces ; et celle de la fenaison, qu'il trouve trop tardive. Il fredonne une polka piquée. Chanson : Vot'chien, madame, mord-t'y ? Il fredonne une mazurka. Il évoque ensuite les récits de sorcellerie et en reconte un à propos d'un chaisier surnommé Le Canut, voisin d'une femme réputée sorcière, la mère Bagouère (?). Il évoque dans ce récit les pélerinages pour les enfants malades, en l'occurrence à saint Sylvain, à L'Isle-Jourdain. Il raconte une autre histoire se passant dans le Civraisien relative à un sorcier réputé qui faisait semblant de deviner pour quelle raison les gens venaient le voir, avec la complicité de l'aubergiste voisin. Il revient sur la figure du Canut et celle de la mère Bagouère pour un autre court conte : il lui demande de lui donner la colique pour lui prouver qu'elle est réellement sorcière. Il distingue nettement les sorciers, simples escrocs à ses yeux, des rebouteux, dont il ne nie pas la dextérité acquise dans les soins aux humains ou aux animaux. Autre catégorie distincte : les conjureurs ; ceux qui arrêtent le feu, ceux qui arrêtent la grêle, ceux qui protègent les animaux de la "gonflure" (soit à titre préventif, soit à titre curatif). Il revient ensuite sur les danses, en particulier le quadrille. Il définit le pas d'été comme une figure du quadrille, ou du moins il considère qu'on avait intégré le pas d'été dans le quadrille. Il décrit les figures du pas d'été. Il évoque la figure du père Changneux (?), pilier de bal originaire du secteur de Saint-Jean-d'Angély, à travers un récit en patois lu à partir de ses notes. Il fredonne une polka en voiture. Chanson : Qu'en ferons-nous de thiel enfant ? Il évoque les cérémonies liées aux obsèques : huit jours après la cérémonie, les familles aisées finançaient une distribution de miches de pain aux pauvres. Il évoque ensuite l'importance des brandes pour la chasse, notamment la chasse au loup, alors très répandu. Il évoque les meutes de chiens spécialisées dans la chasse au loup (au château de La Rye, au Vigeant, notamment). Il raconte les fêtes qui suivaient la prise d'un loup à la chasse ou au piège. Il évoque ensuite le travail de la forge dans les bois pour forger des lingots de fer à partir du minerai qu'on apportait notamment de La Ferrière-Airoux. Il évoque notamment les forges de Lhommaizé et de Luchapt.
2. A partir de 01:09:57. Enregistrement d'un unique entretien. Dans son annonce, Michel Valière indique que cela date de 1966, "au mois de décembre, je pense". Il s'agit en fait d'une copie du début de l'enregistrement de février 1967 conservé en intégralité sous la cote 1 AV 132. Michel Valière avoir à cette occasion confié son questionnaire écrit à André Mériguet, qui lit les questions et y apporte ses réponses, alors que, habituellement, c'est Michel Valière qui interroge lui-même ses informateurs (ce qui ne l'empêche pas de le faire aussi dans le cas présent...). Difficulté : même s'il s'agit d'un unique entretien, Michel Valière a opéré des coupes, ce qui fait que les questions, nécessairement au début de chaque séquence, ont souvent disparu au montage.
- De quelle couleur habillait-on les filles ? En blanc, avec un bonnet (parce qu'on ne lavait pas les cheveux).
- Faisait-on des cadeaux ? Oui mais de manière limitée du fait de la pauvreté relative de la majorité de la population.
- Baptêmes : présence de la sage-femme en tête du cortège, carillon qui sonne d'autant plus longtemps que le parrain a été généreux avec le sonneur. Chanson de carillon de L'Isle-Jourdain : Jean P'tit Jean. Le parrain et la marraine s'embrassent sous les cloches. Qui offre les dragées ? Le parrain. On jetait des dragées à la volée que les enfants se disputaient.
- Quels sont les saints qui guérissent les enfants ? Saint Sylvain à L'Isle-Jourdain, et surtout saint Rémy : on y allait fin août et on venait de tout le sud de la Vienne. Maladies : enfants malingres, souffrant de maladies de peau, etc. Saint Sylvain était plutôt sollicité pour les adultes, et peut-être les animaux.
- Noël. Pour le Nouvel An, on leur offrait souvent une "pomme d'orange", c'est-à-dire une orange, lorsqu'ils passaient pour faire part de leurs voeux. L'arbre de Noël est une coutume récente selon lui dans les campagnes, du moins chez lui. Il évoque le "tison de Nau", c'est-à-dire la bûche de Noël, qui devait durer une semaine dans la cheminée. Il évoque le déroulement de la fête de Noël : on racontait surtout des histoires et on chantait des vieux Noëls (pas en patois : plutôt des chants appris à l'église). Chant de Noël : Le fils du roi de gloire. Il évoque le départ pour la messe de minuit : les femmes avec la cape, les sabots (sabots vernis et pas ceux utilisés tous les jours), une lanterne pour aller à la messe. Le réveillon au retour, "à base de goret" : boudin, rôti, pâté, grillons, etc. ; avec châtaignes, pommes ; arrosé de "piccolo" (?), vin du pays. Les femmes se tenaient debout pour servir les hommes : elles "vestillonnaient" autour de la table. On donnait une fourchée de foin aux boeufs au moment du réveillon.
- Jeux. Il décrit le jeu du palet et celui du bouchon, qui sont des jeux d'adultes ; les enfants jouaient plutôt aux billes, les "marbres". Il décrit aussi la treue (?), du "golf en miniature", et le jeu de barres, pratiqué à la récréation à l'école. Chanson pratiquée dans un jeu : Y ai perdu mon pique. Les osselets ? Jeu surtout pratiqué par les filles.
- Rondes chantées par les filles : Nous n'irons plus au bois.

Cote :

1 AV 131

Langues :

Langue des unités documentaires: français, poitevin-saintongeais

Description physique :

Description physique: Bande 18 cm, 19 cm/s

Précisions matérielles :

Durée: 1 h 36 min 34 s

Ressources complémentaires :

Mention sur le boîtier : "Copie" (pour la première partie, l'original n'est pas connu ; pour la seconde, il est conservé sous la cote 1 AV 132).

Archives départementales de la Vienne

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