Document d'archives : Enseignement

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Plusieurs établissements d'enseignement sont mentionnés dans les archives de la communauté d'habitants d'Auxerre, mais on s'intéressera aux deux principaux établissements d'Auxerre sous l'Ancien Régime, les Grandes écoles et le collège d'Auxerre. Les archives relatives au collège d'Auxerre, généralement postérieures à l'intervention du feudiste, ont été classées et cotées en série GG. Le seul organisme d'enseignement extérieur à Auxerre, la faculté de Droit de l'université de Dijon, est mentionnée à l'occasion de sa création dans une pièce décrite à la fin de cette partie. I. — Les Grandes écoles L'existence des Grandes écoles est mentionnée dès le début du XIVe siècle. Cet établissement tend à absorber les établissements antérieurs existant à Auxerre. Au début du XVIe siècle, l'établissement s'installe dans une maison de la paroisse Notre-Dame-la-d'Hors. Les exécuteurs testamentaires de Germain de Charmoy, curé de Merry-Sec et de Pourrain, font l'acquisition des deux tiers de cette maison afin de « faire ung collège pour l'instruction des jeunes enffans de ladite ville et pays ». Les locaux sont cédés à la communauté d'habitants par acte du 10 septembre 1538. C'est essentiellement par le biais des documents traitant de la fiscalité de la ville que l'on peut documenter l'existence des Grandes écoles jusqu'aux années 1680. Les documents relatifs au fonctionnement de cet établissement n'ont pas été conservés dans le fonds d'archives de la communauté d'habitants. II. — Le collège d'Auxerre Plusieurs projets de création d'un collège voient le jour dans la seconde moitié du XVIe siècle. Dès 1573, Guillaume Delaporte, conseiller au bailliage d'Auxerre et son épouse, Bénigne Odebert, prennent une série de dispositions visant à créer un collège « au nom, louange et honneur de la saincte Trinité » qui serait confié aux jésuites. Cette fondation est reçue par Claude Mathieu, provincial de la compagnie de Jésus en France, le 9 février 1575. Apprenant que l'évêque Jacques Amyot élabore également un projet de collège, les deux époux modifient leurs intentions.

Effet, dès 1584 Jacques Amyot procède à l'achat d'un emplacement situé rue Saint-Germain, appelé maison de Saint-Sixte. Le gros œuvre et les menuiseries y sont achevés en 1587 ; cette même année, l'évêque d'Auxerre fait visiter les bâtiments du collège au duc de Guise.

Jacques Amyot souhaite confier l'enseignement aux jésuites. Afin de pourvoir au fonctionnement du collège, il promet 3 000 livres de rente pour l'entretien des professeurs, ainsi que 1 200 livres pour l'ameublement de l'établissement. Le désir de pérenniser la fondation du collège pousse Jacques Amyot à prévoir dans son dernier testament, certainement rédigé vers 1589, le don du terrain et de la maison de Saint-Sixte à la communauté d'habitants. Au décès de l'évêque en 1593, ses héritiers contestent le don ; l'affaire n'est close que par un arrêt du Parlement qui intervient en janvier 1607.

Les jésuites prennent possession du collège en 1622, après avoir obtenu l'aval du roi et conclu un accord conjoint avec le clergé, le bailliage et siège présidial, la prévôté, l'élection, ainsi que le corps de ville d'Auxerre. Durant le xvie et la première moitié du XVIIIe siècle, les jésuites procèdent de concert avec le corps de ville à différents aménagements des locaux du collège. Les enseignements comprennent initialement les humanités puis, en 1624, la rhétorique et, à partir de 1636, la philosophie. L'enseignement de la théologie morale, commencé en 1655 à la demande des habitants, est supprimé lors de l'ouverture du séminaire et remplacé par une seconde classe de philosophie, en 1675.

Durant l'épiscopat de Mgr de Caylus, le collège se distingue dans les années 1720 par son opposition aux thèses jansénistes défendues par l'évêque. En 1761, le bailliage et le corps de ville acquis aux idées jansénistes mettent en application les directives du parlement de Paris hostiles aux jésuites. Au vu d'un rapport sur la réorganisation du collège présenté par une commission du corps de ville, le Parlement autorise la ville à confier l'enseignement à des séculiers.

En avril 1762, tandis que les jésuites quittent le collège, le corps de ville procède au recrutement d'Étienne-Vincent Magne, prêtre du diocèse de Lyon, comme principal du collège. La nouvelle organisation de l'enseignement et de l'administration du collège se heurte toutefois à l'hostilité de l'évêque Jean-Baptiste-Marie Champion de Cicé. Le collège devient en effet l'un des champs de bataille opposant localement Latins (partisans du jansénisme) et Grecs (partisans du pouvoir royal conduits par l'évêque). Les appuis de Mgr de Cicé lui permettent d'obtenir une série de mesures qui lui offrent une influence croissance au sein du bureau d'administration. Les professeurs recrutés en 1762 sont progressivement écartés : l'abbé Magne démissionne en 1764 de sa charge de principal ; en 1772, les professeurs qui ne sont pas maîtres ès art de l'université de Paris sont expulsés et une procédure contre les professeurs restants est engagée. Ces derniers sont condamnés par le bailliage en 1773, mais ils obtiennent leur réhabilitation auprès du Parlement en 1775. Lorsque les professeurs sont sur le point de reprendre leurs enseignements, une déclaration du roi du 31 octobre 1776 érige le collège d'Auxerre en école royale militaire. La direction du nouvel établissement est confiée aux Bénédictins de la congrégation de Saint-Maur qui prennent possession des locaux à partir de juillet 1777. L'école royale militaire d'Auxerre ouvre au mois d'octobre de cette même année. Les documents relatifs au collège d'Auxerre dans le fonds de la communauté d'habitants forment un ensemble complet et relativement riche, tout particulièrement durant les périodes où la ville s'est engagée dans la gestion de l'établissement. Ainsi, les premières années de création et de dotation du collège sont bien documentées, tout comme la période 1762-1777 qui voit la ville prendre le contrôle de l'établissement après l'expulsion des jésuites. La descriptions des archives relatives au collège d'Auxerre s'organise autour de trois parties. • La première partie est consacrée aux pièces fondant la propriété de la ville sur le collège. Elle comprend des pièces relatives aux procédures menées par le corps de ville, avec les héritiers de Jacques Amyot, fondateur du collège, au sujet de la propriété de la maison Saint-Sixte, mais aussi avec le chapitre de Saint-Étienne. • La deuxième partie traite des relations de la communauté d'habitants avec les administrateurs du collège, les jésuites dans un premier temps, puis le bureau d'administration du collège. Les documents permettant l'établissement des jésuites à Auxerre en 1622 figurent en tête de description. Lors de leur installation, les jésuites bénéficient des contributions de nombreux Auxerrois répertoriées dans une série de mémoires et dans un registre de donations. Le corps de ville procède quant à lui à des acquisitions de biens ; il s'engage également dans des procédures nécessaires à la dotation de l'établissement et à la réfection des locaux. Quelques pièces se rapportent ensuite à l'ouverture de nouvelles classes et à l'attribution afférente de revenus par le corps ville. Une partie des recettes de la ville, assises sur des rentes, des octrois ou sur la taille de l'équivalent sont destinées à l'entretien du collège et des régents. L'attribution et le recouvrement de ces revenus donne lieu à une production documentaire soigneusement conservée par le corps de ville. Il en va de même pour les transactions et les contentieux opposant le corps de ville et les jésuites, qui traitent essentiellement des revenus attribués aux jésuites. Enfin, un petit groupe de documents se rapporte à l'expulsion des jésuites (1762-1768).

Les pièces traitant des relations du corps de ville avec le bureau d'administration du collège sont relativement peu nombreuses et sont toutes issues de contentieux. Une pièce relative à un contentieux avec l'évêque d'Auxerre (1782), postérieure à la création de l'école militaire d'Auxerre, a été également jointe à cette partie. On trouvera notamment ici un arrêt du Parlement ordonnant la remise des bâtiments et des biens possédés par les jésuites au principal et au collège d'Auxerre (1765), un groupe de documents relatif à l'attribution de revenus au collège par la communauté d'habitants, ainsi que les sentences publiées par le Parlement en faveur des professeurs écartés par le bureau d'administration (1774 et 1776). • La troisième partie rassemble les documents ayant directement trait à l'administration matérielle du collège. Dans cette partie, les pièces émanent aussi bien du corps de ville lorsqu'il a directement exercé l'administration du collège – avant l'installation des jésuites, et après leur expulsion –, que de la communauté des jésuites et du bureau d'administration.

Un article se rapporte à la première période de direction du collège par le corps de ville (GG 1415, 1603). L'administration du collège sous la direction des jésuites a surtout donné lieu à la production de documents liés à la gestion du patrimoine foncier de l'établissement, qui concernent notamment la seigneurie d'Aubigny (GG 1418 à GG 1422). Une lettre relative au recrutement du sieur Leblond, professeur de rhétorique (GG 1425, 1752) concerne l'enseignement proprement dit. La seconde période de gestion du collège par le corps de ville (GG 1426 à GG 1454) débute par la notification aux officiers municipaux d'un arrêt du Parlement du 26 février 1762 qui les autorise à organiser l'enseignement au collège à compter du 1er avril de la même année. Le corps de ville s'empresse alors de prendre possession des locaux (GG 1426 à GG 1434) et d'effectuer des aménagements (GG 1435 à GG 1441). L'organisation de l'enseignement débute par la conclusion d'un concordat entre la communauté et un nouveau principal, Étienne-Vincent Magne (GG 1442 à GG 1447) qui implique une visite et un inventaire des meubles fournis au collège, en décembre 1762 (GG 1448). Le Parlement attribue des appointements trimestriels au principal et aux professeurs (GG 1449 à GG 1454).

C'est un arrêt du Parlement qui est à l'origine de la dernière période d'administration du collège, en créant un bureau d'administration (GG 1455, 3 septembre 1763). Au titre du fonctionnement du bureau d'administration, on notera particulièrement la présence des registres de ses délibérations (GG 1456 et GG 1457, 1763-1776), de papiers provenant du secrétaire du bureau, le sieur Leclerc, procureur au présidial d'Auxerre (GG 1459 à GG 1462), ainsi qu'un dossier relatif à la remise des titres du collège (GG 1463). La gestion financière de l'établissement comprend la comptabilité de Prix Deschamps, examinée par le bureau en novembre 1763 (GG 1464 à GG 1466), ainsi que des pièces relatives aux revenus (GG 1467 à GG 1470), aux dépenses (GG 1471) et à l'apurement des dettes du collège (GG 1472). La gestions patrimoniale (GG 1473 à GG 1477) rassemble des pièces concernant la seigneurie d'Aubigny, un bail et des rentes. Les affaires relatives à l'enseignement traitent surtout des relations avec les professeurs (GG 1478 à GG 1482). Enfin, un inventaire des biens du collège lors de la prise de possession des locaux par la congrégation de Saint-Maur clôture l'administration du collège d'Auxerre désormais devenu école militaire (GG 1484, juillet-novembre 1777). __________ 1. Feudiste 69 n° 6 : édit de création d'une faculté de droit à Dijon (1722-1723). 2. Max Quantin, « Histoire de l'enseignement secondaire et supérieur dans le pays du département de l'Yonne avant 1790 », dans Annuaire de l'Yonne, 2e s., 1877, p. 150-265, p. 166. 3. Max Quantin, « Histoire de l'enseignement... », art. cit., p. 167-168. 4. Voir la partie « Impositions pour l'entretien des grandes écoles et du collège d'Auxerre » au chapitre « Impôts » du présent instrument de recherche. 5. Max Quantin, « Histoire de l'enseignement... », art. cit., p. 168-169. 6. Max Quantin, « Histoire de l'enseignement... », art. cit., p. 174. 7. Olivier-Jacques Chardon, Histoire de la ville d'Auxerre, t. 1, Auxerre, Impr. Gallot-Fournier, 1834, p. 354. 8. Sylvie Le Clech-Charton, Les vies de Jacques Amyot, Paris, Éd. du CTHS, 2013, p. 238 [édition et traduction du testament p. 238-244]. 9. Feudiste 143 n° 10 : décharge en faveur de Jean-Baptiste Duval, pour la remise du brevet autorisant l'établissement des jésuites (8 janvier 1623). 10. Feudiste 143 n° 9 : contrat entre le clergé, le bailliage et siège présidial, la prévôté, l'élection d'Auxerre, et le maire, les gouverneurs et échevins d'Auxerre, d'une part, et le P. Imbert Bouette de la compagnie de Jésus, d'autre part (21 septembre 1622). 11. Olivier-Jacques Chardon, Histoire de la ville..., op. cit., t. 1, p. 217. 12. Max Quantin, « Histoire de l'enseignement... », art. cit., p. 176. 13. Olivier-Jacques Chardon, Histoire de la ville..., op. cit., t. 1, notamment aux p. 411, 418, 422, 427-428. 14. Max Quantin, « Histoire de l'enseignement... », art. cit., p. 185. 15. GG 203 : inventaire des biens du collège (1er juillet-novembre 1777). 16. Charles Moiset, « Le collège royal militaire d'Auxerre », dans Bulletin de la société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne, 1893, p. 5-22, à la p. 7. 17. GG 145 : copie d'un arrêt du Parlement et exploit de signification (26 février-3 mars 1762).

Cote :

Feudiste 69 n° 6, 139 n° 3 à 139 n° 4, 143 n° 3 à 143 n° 7, 143 n° 9 à 143 n° 28, 144 n° 1, 144 n° 3, 144 n° 6 à 144 n° 14, 144 n° 16 à 144 n° 20, 144 n° 22 à 144 n° 23, 144 n° 25 à 144 n° 28, GG 119 à 203

Description :

Critères de sélection :
conservation

Où consulter le document :

Communauté de l'Auxerrois et Ville d'Auxerre - Service des archives

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