Document d'archives : Entretien par Michel Seurat auprès de Sami al-Jundi à propos du coup d’Etat du 8 mars 1963 et de ses relations avec le nassérisme...

Titre :

Entretien par Michel Seurat auprès de Sami al-Jundi à propos du coup d’Etat du 8 mars 1963 et de ses relations avec le nassérisme et le parti Ba'th مقابلة ميشيل سورا مع سامي الجندي حول انقلاب 8 اذار 1963 وعلاقاته مع التيار الناصري وحزب البعث Interview by Michel Seurat with Sami al-Jundi about the coup of March 8, 1963 and his relations with Nasserism and the Ba'ath party

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Michel Seurat s’entretient avec Sami al-Jundi à propos du coup d’Etat du 8 mars 1963. Selon Jundi, ce coup d’Etat n’avait pas été prévu par un programme particulier, il s’agissait plutôt de plusieurs tendances qui s’étaient alliées contre le régime syrien “séparatiste” de l’époque. Ce coup d’Etat s’inscrivait dans un contexte de conflit entre les nassériens, le Ba'th et “les gens de Ziad al-Hariri” (qui a mené le coup d’Etat). Il raconte que, dès la semaine qui a suivi le coup d’Etat du 28 septembre (1961) qui mettait fin à l’union syro-égyptienne, lui et plusieurs autres personnes (surtout d’anciens Ba'thistes) ont commencé à préparer le coup d’Etat contre le régime séparatiste. A la demande de Seurat, Jundi revient sur sa relation avec le parti Ba'th. Il rappelle d’abord que le parti a été dissous en 1958 (lors de la mise en place de la République arabe unie), selon la volonté de Salah Eddine Bitar, et ce malgré l’opposition de Jundi, alors membre de la sous-direction du parti à Lattaquié. Il évoque la constance de son soutien à Nasser, même s’il l’a parfois critiqué. Il dit avoir été un fervent partisan de l’unité (syro-égyptienne). Par la suite, lors de différends entre Nasser et d’anciens membres du parti, ces derniers tentent de se regrouper pour reprendre un travail politique entre eux. Jundi raconte qu’il a vécu la séparation comme “un poignard dans le dos”. Il souhaitait la remise en place du parti, à condition de travailler pour le rétablissement de l’unité sur des bases nouvelles. Il évoque l’enthousiasme de certains officiers de l’armée pour travailler à la chute du régime séparatiste, en particulier Muhammad Umran, Abd al-Karim al-Jundi, Salah Jedid et Hafez Al-Assad, qui sont allés rencontrer Michel Aflaq à Beyrouth pour le convaincre de reprendre les activités politiques du parti. Selon Jundi, le groupe disposait alors à Damas d’une certaine liberté d’expression, et ce malgré le régime séparatiste. Il évoque les déclarations de Aflaq et de Bitar à l’égard de la séparation. Il cite aussi le nom de Khaled al-Azem, chez qui plusieurs figures politiques se sont réunies pour rédiger un communiqué appuyant la séparation. Selon ses dires, les officiers, présents à Damas, étaient prêts à passer à l’attaque. Pour Jundi, il était important que le parti se positionne en faveur de l’unité (syro-égyptienne). A l’époque, ils avaient réussi à établir, au sein de l’armée, une entente entre Ba'thistes et Nassériens, sous la direction de Jassem ‘Alwan et Muhammad Umran. Jundi raconte que, bien que prêt militairement, le groupe avait encore besoin de l’opinion de Nasser quant à l’opportunité géopolitique d’un coup d’Etat en Syrie, et qu’après que Nasser a donné son feu vert, les officiers attendaient l’instant opportun pour lancer leur coup d’Etat. Ils choisirent le moment de la dissolution du Parlement le 28 mars (1962) et décidèrent de faire le coup d’Etat le 2 avril. Cependant, Jundi raconte que Jassem Alwan les a pris de court et a déclaré le coup d’Etat le 31 mars au soir, alors qu’il se trouvait à Homs. Il raconte que cette tentative s’est soldée par un échec, comme toutes les tentatives suivantes, jusqu’à celle du 8 mars 1963 qui a réussi. Jundi revient sur les évènements qui ont précédé le coup d’Etat. Il évoque le mise en place du “Conseil national du commandement de la révolution” en avril 1962, ainsi qu’une manifestation organisée par quelques femmes membres du parti des unionistes socialistes (dont sa femme). Jundi raconte qu’à l’issue du coup d’Etat, il est nommé à deux ministères différents. Il précise qu’à l’époque, le parti (Ba'th) ne disposait pas d’une organisation suffisante pour diriger les évènements et qu’ils ont alors décidé de fonder une sorte de mouvement provisoire, rassemblant à la fois des Ba'thistes et des nassériens, qui avait pour programme la reprise de l’unité et la lutte contre le régime séparatiste. Toutefois, il raconte que des dissensions se font vite ressentir entre les tenants des diverses tendances représentées au sein de ce mouvement, et qu’il a alors décidé de s’en retirer mais qu’il est quand même resté à son poste au sein du gouvernement, avec la volonté de maintenir la ligne unitaire du régime syrien. Il évoque l’envoi d’une délégation, de Damas au Caire, au sein de laquelle il a été désigné comme porte-parole du Conseil national du commandement de la révolution. De retour à Damas, il est désigné comme Premier ministre, mais face à l’insuccès de sa fonction, il décide de démissionner, puis devient ministre de l’Information dans le cabinet formé par Salah Eddine Bitar. Selon lui, il s’agit d’une période “très ambiguë” pour le gouvernement syrien, dont certains membres s’opposent à l’unité (syro-égyptienne). Jundi évoque la réorganisation du Conseil national de la révolution, avec la mise en place de commissions et d’une administration plus développée. Il évoque aussi la tentative de coup d’Etat nassérien le 18 juillet (1963) sous la présidence de Louaï al-Atassi. L’enregistrement s’arrête sans que l’entretien ne soit terminé.

Cote :

MMSH-PH-3247

Inventaire d'archives :

Fonds Michel Seurat

Description physique :

Information matérielles :
1 micro-cass
Importance matérielle :
1h 02 min

Où consulter le document :

Maison méditerranéenne des sciences de l'homme (MMSH) - Secteur Archives de la recherche

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