Document d'archives : Canaux d'Aigues-Mortes, canaux du Bourgidou et de Silvéréal.

Contenu :

- Canaux d'Aigues-Mortes. - « Mémoire qui a rapport à la carte qui a pour inscription : Carte des Canaux d'Aigues-Mortes et des salins de Peccais », signé : La Blottière (Montpellier, le 29 mai 1731) : - « il y a environ 115 ans,... toutes les barques... passoient [par le petit Rhosne] pour aller charger des sels à Peccais et pour aller par des canaux dans l'étang de Mauguio et de là dans ceux de Pérols, de Grins et de Thau » ; - « les habitans du bourg des Saintes Maries, qui avoient besoin d'eau douce pour des arrozages, pratiquèrent un petit canal », avec « une martellière, pour n'avoir que la quantité d'eau dont ils avoient besoin ; cette martellière fut sapée et emportée par une inondation, et les eaux ayant trouvé un chemin beaucoup plus court pour aller à la mer, abandonnèrent l'ancien lit qui se combla peu d'années après, et c'est ce nouveau lit qui fait la division de la grande et de la petite Camargue (la petite Camargue est un terroir qui dépend de la Provence, de même que la grande Camargue) » ; - « dès que les barques ne purent plus naviguer par l'ancien lit du petit Rhosne, l'on fut dans l'obligation de faire le canal de Silvéréal jusqu'aux salins de Peccais, en suivant l'ancien lit de la rivière, en abandon nant seulement les plus grands contours » ; - dimensions du dit canal ; sables et vases ; construction de l'écluse de Silvéréal ; le canal de Silvéréal « prend les eaux du petit Rhosne et les conduit jusqu'à la Pane ou l'entrée du canal du Bourgidou, près le fort de Peccais, sur la longueur de 4401 toises » ; - « le canal de Peccais, qui a 1338 toises de longueur, commence à la dite Pane et finit au delà des entrepôts des sels ; les eaux s'écoulent par l'ancien Rhône dans l'étang du Repausset » ; - « le canal du Bourgidou, qui prend ses eaux de celui de Silvéréal, a 5778 toises de longueur ; il passe à Aigues-Mortes et se jette dans la Roubine » ; - « la Roubine, qui a 1 100 toises de longueur, reçoit les eaux du Vistre et quelquefois de la mer, lorsqu'elle est grosse, par le Grau du Roy ; cette roubine a 22 toises de largeur et 12 à 15 pieds de profondeur d'eau, où l'on ne fait jamais aucune réparation »$$#160;; - « le canal de la Radelle a 3 819 toises de longueur ; il commence à la Roubine et finit à l'étang de Mauguio ; il reçoit les eaux du Vidourle » ; - « la Roubine, que nous avons marqué de 1 100 toises de longueur, n'est qu'une petite partie de la Grande Roubine, qui va d'Aigues-Mortes à la mer par le Grau du Roy, traversant l'étang du Repausset, et c'est par ce grand canal, qui a une profondeur d'eau considérable, par où les galères et les autres bâtimens passoient du tems de Saint-Louis, qui s'i embarqua par deux fois pour aller dans la Terre Sainte-; Charles Quint, empereur et roy d'Espagne, vint aussi débarquer à une des portes de la ville d'Aigues-Mortes sur une galère, pour rendre visite à François Ier, qui l'y attendoit avec toute sa cour ; le port, qui est une espèce de quay qui existe encore en partie, est à 1 200 toises d'Aigues-Mortes... » ; - diminution de largeur des canaux de Silvéréal et de Peccais ; - « réservoirs » pour faciliter le passage des barques ; - « ce canal [de Silvéréal] sert aux voitures des sels qui vont par le Rhône, mais il faut observer que les grandes barques ne peuvent y passer : ce sont des barques plattes, qui ne prennent que deux pieds et demy d'eau, qui vont charger les sels à l'entrepost et les décharger sur les grands batteaux qui se tiennent sur la rivière, près de l'embouchure du dit canal ; [ils y passent aussi des barques chargées de marchandises, qui vont à Montpellier, à Cette et à Agde » ; - « le canal du Bourgidou, la Roubine et le canal de la Radelle sont fort anciens, puisque de tous les tems il y a eu un commerce par eau de l'ancien petit Rhosne dans les étangs de Mauguio, de Peyrols, de Palavas, de Grins et de Thau ; ces canaux n'ont pas toujours été où ils sont actuèlement : on les a changés suivant les attérissements qui se faisaient dans les maretz » ; - nécessité de « recurer souvent » les canaux d'Aigues mortes, spécialement celui de Silvéréal ; - projet d'un nouveau canal le long de celui de Silvéréal ; dépense évaluée à 27 000 livres ; - pour le curage du canal de Silvéréal, « on commence à le barrer le 15 novembre et l'on y travaille jusqu'au premier du mois de mars suivant, et durant ces trois mois et demy aucune bar que ne peut y passer, ce qui porte un grand préjudice au commerce ; on a veu des patrons, qui ne sçavoient point ce canal fermé, s'en retourner ou attendre qu'il fût ouvert, ou bien s'acommoder avec les entrepreneurs du recurement ; le cas arriva l'année précédente à des patrons qui venoient charger du sel à Peccais pour la Savoye : comme ils avoient beaucoup d'équipages, ils convinrent avec les entrepreneurs, moyennant une somme assés considérable, qu'ils lèveroient les batardeaux pour les laisser passer » ; - « on est bien aussi dans l'obligation de recurer tous les autres canaux, mais c'est un travail qui se fait en très peu de temps, parce que les dépôts ne sont pas fort considérables ; ils le seraient même beaucoup moins, si les martellières qui servent aux pescheries de divers particuliers, étoient disposés suivant les règlemens, qui sont que le haut des dites martellières doivent être au niveau de la superficie des basses eaux, afin qu'il y ait toujours trois pieds d'eau dans les canaux, et ces martellières sont de beaucoup plus basses, afin de prendre autant d'eau qu'ils en ont besoin pour faire entrer dans les maretz, ce qui diminue infiniment celles des canaux » ; - « lors des guerres d'Espagne, il est quelques fois arrivé que, le canal de Silvéréal étant fermé, on a été contraint de faire charger des grains et d'autres munitions pour le Roy à Arles, dont le trajet est beau coup plus long et plus dangereux à passer le golfe de Lyon que par le port de Cette et celuy d'Agde » ; - « tous ces canaux ont été construits sur le compte du Roy et Sa Majesté les entretient ; ils ont ensemble 16 436 toises de longueur, y compris la Roubine, qui en a 1 100, qui s'entretient d'elle même ».
- Canaux du Bourgidou et de Silvéréal. - « Travaux proposez » par les fermiers généraux, en raison de « la difficulté qu'il y a de garder les salins de Peccais, tant par leur enceinte, qui est de 4 lieues, que par le grand nombre de passages ou gués, qui se sont formés par succession de tems en divers endroits des canaux du Bourgidou et de Silvéréal » ; - lettre de monsieur Orry à l'Intendant de Languedoc, lui demandant d'examiner ce projet, etc. (11 août). - Réponse de l'Intendant à M. Orry (3 septembre) ; - projet d'arrêt ; - « le principal objet de ces ouvrages est de fermer les différents gués, qui sont aux canaux du Bourgidou et de Silvéréal, et de n'en laisser subsister qu'un sur chacun de ces deux canaux ;... cette proposition quoy qu'elle paroisse simple, ne laisse pas d'intéresser tous les propriétaires des terres qui avoisinent ces canaux, parmy lesquels sont les commandeurs de Malte, qui possèdent aux environs des biens d'une étendue considérable ; ils ont prétendu, en différents tems, avoir le droit de passer et repasser librement sur les canaux, et soutenu même que ce n'avoit été qu'à cette condition que ces canaux avoient été construits dans des fonds qui leur appartenoient ; il y a même actuellement des procès pendans... pour raison de cette prétention ». - Arrêt du Conseil, ordonnant « que, par les ingénieurs qui seront nommés par le sieur de Bernage de Saint-Maurice, intendant en Languedoc, il sera procédé à la vérification de l'état des canaux et gués en question ; levé un plan et dressé un devis estimatif des ouvrages qu'ils jugeront nécessaires pour assurer la garde des dits salins ; le tout, en présence d'un commissaire, qui sera pareillement nommé par le dit sieur de Saint-Maurice, et en celle tant des propriétaires des terres qui avoisinent les dits canaux, que de touttes les autres parties qui peuvent avoir intérest de consentir ou s'opposer aux dits ouvrages » (Versailles, le 18 septembre) ; - ordonnance de l'Intendant, prescrivant l'exécution du dit arrêt et commettant « le sieur de la Blotière, brigadier des ingénieurs ordinaires du Roy, et le sieur de Senès, ingénieur ordinaire de S. M. », ainsi que le sieur Novy, subdélégué au diocèse de Nîmes, (29 octobre). - « Exploit d'assignation, pour maître Pierre Carlier, adjudicataire des fermes et gabelles de France, contre les propriétaires des terres qui avoisinent les caneaux du Bourgidou et Silvéréal » (13 novembre), la dite assignation signifiée « à Monseigneur l'archevêque d'Alby, abbé de Valmagne et de Silvéréale, membre en dépendant ; à M. le commandeur du Plan de Lapeyre ; à M. le Grand Prieur de Saint-Gilles ; à M. le commandeur de La Vernède ; au seigneur évêque d'Alais, propriétaire du Canet ; à Mrs les consuls et communauté du lieu de Saint-Laurens d'Aigouze ; à monsieur de Calvière, propriétaire du ténement du Coussou, de Bermond et de la Palusette ; à Madame de Terreneuve, propriétaire de la mettérie de Pain perdu ; à Mrs les dignitaires et chanoines du chapitre d'Alaix, propriétaires du Petit Courtet et pêcheries de la Gaze du Vert ; à M. Hostal lier, propriétaire de la pêcherie des Rampes, et au sieur Dumon, entrepreneur du curage des canaux », à l'effet de comparoir le 23 novembre « pour déduire leurs intérêts. » - Lettre du subdélégué Novy à l'In tendant, lui envoyant le procès verbal par lui dressé « en exécution de l'arrêt du Conseil [du 18 septembre], sur la requête de l'adjudicataire des fermes générales » (10 décembre) : - « comme on a reconnu qu'il étoit impossible de lever ce plan et de dresser ce devis en présence des parties, et qu'il n'étoit pas possible à Mrs les ingénieurs de faire leurs opérations au milieu du tumulte et des crialleries de ceux qui seroint char gés des procurations des divers membres de l'ordre de Malte, des évêques, des chapitres et des communautés, qui ont des possessions et des uzages le long des canaux, dont on a projetté de réduire les passages, qui par usurpation y sont trop multipliés, on crut qu'il convenoit avant toutes choses de faire procéder par Mrs les ingénieurs, en... présence [du subdélégué], à la visite des canaux et à l'examen des moyens par où l'on pourroit assurer la garde des salins, et d'entendre ensuite les parties ».

Cote :

C 4532

Inventaire d'archives :

Intendance de Languedoc

Description physique :

Portefeuille. - 2 pièces, parchemin ; 9 pièces, papier.

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