Inventaire d'archives : Fonds Charles Saumagne
Contenu :
Produit dans le cadre des fonctions que Charles Saumagne occupe au sein de l’administration du protectorat du gouvernement tunisien, le fonds couvre la période 1924 à 1968. Les documents concernent les problèmes juridiques et administratifs de la Tunisie, du protectorat français à l’indépendance, et plus largement la question du Maghreb. La singularité de ce fonds est de proposer aux lecteurs les notes, réflexions, journaux rédigés par Charles Saumagne tout au long de sa carrière, en complément des comptes rendus, rapports ou conventions officielles. Ce fonds met également à disposition quelques dossiers de résistants ou communistes tunisiens défendus par Charles Saumagne en tant qu’avocat entre 1940 et 1943.
Cote :
CS
Publication :
Sciences Po
Informations sur le producteur :
Charles Saumagne
Charles-Pierre Saumagne, d’ascendance française et génoise, est né à Sousse en Tunisie en 1880, il est mort à Tunis en 1972. Il passe son enfance à Carthage, s’intéresse à l’archéologie puis part à dix-huit ans effectuer ses études de lettres, d’histoire (diplôme d’enseignement supérieur, DES), et de droit à Paris. Ses projets d’agrégation sont interrompus par la Première Guerre mondiale.
Il s’installe ensuite comme avocat à Tunis mais il continue parallèlement, et durant toute sa vie, ses recherches historiques et archéologiques. En 1922, il publie, dans la Revue tunisienne un article qui reprend son DES d’histoire sur « La législation relative aux terres incultes de l’Afrique romaine ». Cet article le fait remarquer de l’administration du protectorat où il entre comme chef du bureau foncier de la direction de l’Intérieur avant de devenir chef du service du paysannat de la section d’État. Il élabore le décret de 1926 sur la fixation au sol des indigènes et œuvre à la construction du régime communal, inspiré de l’État de Djemaia, coopérative berbère ou phénicienne ou encore des colonia de droit supérieur de l’Empire romain, référencés dans son DES d’histoire puis dans la publication de sa thèse en 1965, Le droit latin et les cités romaines sous l’Empire. Afin de poursuivre ce projet et d’élargir ses prérogatives il est appelé à la direction de l’administration générale et communale sous le Front populaire, en 1936. Il effectue des missions auprès du Haut Comité méditerranéen et d’Afrique du Nord (1936-1938), dont le secrétariat général est confié à Charles-André Julien. Il agit en faveur du paysannat tunisien et a le souci prédominant de maintenir les contacts avec les milieux tunisiens de toutes tendances.
Le régime de Vichy, qu’il conteste, le met à la retraite le 6 août 1940. Redevenu avocat cette même année, il défend, devant le tribunal militaire de Tunis, des résistants gaullistes ou communistes.
À la libération de Tunis en mai 1943, Charles de Gaulle demande la réintégration de Charles Saumagne dans l’administration tunisienne. Ce dernier tente alors de faire publier dans la presse un texte de son ami Habib Bourguiba. La censure le refuse. Saumagne n’est réintégré dans l’administration que le 1er août 1943, comme inspecteur général des services administratifs et commissaire général au paysannat ainsi que président délégué du conseil d’enquête. Il est mis à la retraite en 1951, après avoir reçu le titre de secrétaire général adjoint honoraire du gouvernement tunisien et la cravate de commandeur de la Légion d’honneur.
Pendant sa retraite et à la veille de l’indépendance tunisienne, il reste un militant actif des Français libéraux et apporte ses conseils à tous les résidents généraux. En sa qualité d’ami d’Habib Bourguiba, il participe officieusement aux négociations franco-tunisiennes. Quand ces dernières risquent de tourner à l’impasse en 1955, Edgar Faure fait appel à Charles Saumagne pour dénouer la situation, ce qui permet d’aboutir à la conclusion des conventions du 3 juin 1955 sur l’autonomie interne de la Tunisie.
Il s’installe ensuite comme avocat à Tunis mais il continue parallèlement, et durant toute sa vie, ses recherches historiques et archéologiques. En 1922, il publie, dans la Revue tunisienne un article qui reprend son DES d’histoire sur « La législation relative aux terres incultes de l’Afrique romaine ». Cet article le fait remarquer de l’administration du protectorat où il entre comme chef du bureau foncier de la direction de l’Intérieur avant de devenir chef du service du paysannat de la section d’État. Il élabore le décret de 1926 sur la fixation au sol des indigènes et œuvre à la construction du régime communal, inspiré de l’État de Djemaia, coopérative berbère ou phénicienne ou encore des colonia de droit supérieur de l’Empire romain, référencés dans son DES d’histoire puis dans la publication de sa thèse en 1965, Le droit latin et les cités romaines sous l’Empire. Afin de poursuivre ce projet et d’élargir ses prérogatives il est appelé à la direction de l’administration générale et communale sous le Front populaire, en 1936. Il effectue des missions auprès du Haut Comité méditerranéen et d’Afrique du Nord (1936-1938), dont le secrétariat général est confié à Charles-André Julien. Il agit en faveur du paysannat tunisien et a le souci prédominant de maintenir les contacts avec les milieux tunisiens de toutes tendances.
Le régime de Vichy, qu’il conteste, le met à la retraite le 6 août 1940. Redevenu avocat cette même année, il défend, devant le tribunal militaire de Tunis, des résistants gaullistes ou communistes.
À la libération de Tunis en mai 1943, Charles de Gaulle demande la réintégration de Charles Saumagne dans l’administration tunisienne. Ce dernier tente alors de faire publier dans la presse un texte de son ami Habib Bourguiba. La censure le refuse. Saumagne n’est réintégré dans l’administration que le 1er août 1943, comme inspecteur général des services administratifs et commissaire général au paysannat ainsi que président délégué du conseil d’enquête. Il est mis à la retraite en 1951, après avoir reçu le titre de secrétaire général adjoint honoraire du gouvernement tunisien et la cravate de commandeur de la Légion d’honneur.
Pendant sa retraite et à la veille de l’indépendance tunisienne, il reste un militant actif des Français libéraux et apporte ses conseils à tous les résidents généraux. En sa qualité d’ami d’Habib Bourguiba, il participe officieusement aux négociations franco-tunisiennes. Quand ces dernières risquent de tourner à l’impasse en 1955, Edgar Faure fait appel à Charles Saumagne pour dénouer la situation, ce qui permet d’aboutir à la conclusion des conventions du 3 juin 1955 sur l’autonomie interne de la Tunisie.
Par ailleurs, l’intérêt de Charles Saumagne pour l’histoire a facilité la conservation des archives du protectorat de Tunisie. En ce sens, les documents du conseil supérieur d'enquête (CSE) sont arrivés à Nantes lors du premier versement des archives du protectorat français en Tunisie, parmi les dossiers de l'inspection générale des services administratifs. Le trait d'union entre ces deux fonds est Charles Saumagne, à la fois inspecteur général des services administratifs (1943-1950) et président délégué du conseil supérieur d'enquête (CSE) (1943-1944) puis membre de la commission qui lui a succédé (1945) avec la charge particulière d'assurer la continuité et la garde des archives. Les dossiers de l'épuration ont connu de nombreuses pérégrinations, que ce soit entre la Tunisie et l'Algérie, ou au sein de la capitale tunisienne, entre l'inspection des services administratifs et la résidence générale. Si les efforts de Charles Saumagne pour maintenir l'unité du fonds sont manifestes, il lui a fallu plusieurs années pour obtenir le retour à la résidence générale de ses archives dispersées. Cinquante-sept liasses ont ainsi été rassemblées, auxquelles s'ajoutent des dossiers confidentiels de la Section d'État. La numérotation de ces liasses, sans logique apparente, a été abandonnée au moment du rapatriement des archives en France.
Informations sur l'acquisition :
Charles-André Julien donne à la Fondation nationale des sciences politiques le fonds d’archives politiques de Charles Saumagne, le 30 novembre 1973, en même temps que le sien. Dans le volumineux complément de son propre fonds déposé à la FNSP le 5 février 2001, figure un carton supplémentaire d’archives de Charles Saumagne.
2016-11-29 | numéro via 2016-146 Charles Saumagne |
Historique de conservation :
Les documents de ce fonds ont été rassemblés par Charles Saumagne au cours de ses fonctions. À la mort de Charles Saumagne en 1972, sa sœur confie à ses amis, Marcel Solignac et Élie Cohen-Hadria, le soin de mettre en ordre ses papiers et d’en envisager l’emploi éventuel. Les documents politiques sont alors remis à leur ami commun, Charles-André Julien.
Description :
Critères de sélection :
Aucun document n’a été éliminé.
Mise en forme :
Ce fonds est divisé en trois parties : les deux premières reprennent chronologiquement les étapes de sa carrière administrative et juridique. La dernière partie contient sa correspondance, ses journaux personnels ainsi que des notes et de la documentation.
Conditions d'accès :
La communication du fonds est autorisée, qu’il s’agisse des originaux ou de leur reproduction. Elle se fait sous la responsabilité de la Fondation nationale des sciences politiques. Les modalités de consultation sont soumises au règlement de la salle de lecture du Département archives de la Direction des ressources et de l’information scientifique (DRIS) de Sciences Po.
Publiable sur internet
Conditions d'utilisation :
La reproduction du fonds est soumise à la réglementation en vigueur au sein du Département archives de la Direction des ressources et de l’information scientifique de Sciences Po.
Langues :
Les documents sont en français.
Description physique :
Importance matérielle :
0.30
3
Dimensions :
Ressources complémentaires :
Répertoire numérique détaillé.
Département archives, Direction des ressources et de l’information scientifique (DRIS) de Sciences Po, 28, rue Saint-Guillaume 75007 Paris.
Références bibliographiques :
Sur Charles Saumagne :
- COHEN-HADRIA, Élie, « Charles-Pierre SAUMAGNE », in Hommes et destins, dictionnaire biographique d'Outre-Mer, T.VII, 536 p., 1986. p.429-431.
- Mélanges offerts à Charles Saumagne, Tunis, Université de Tunis, faculté des lettres et des sciences humaines, 1962, 548 p.
- BOYANCÉ, Pierre, « Allocution à l'occasion de la mort de M. Charles Saumagne », Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Comptes rendus des séances de l'année 1972", Paris, Ed. Klincksieck, 1972.
Sur la Tunisie :
- AUZARY-SCHMALTZ, Nada, La justice française et le droit pendant le protectorat en Tunisie, Institut de recherche sur le Maghreb contemporain, Tunis, 2007.
- COHEN-HADRIA, Élie, « Du protectorat français à l'indépendance tunisienne : souvenirs d'un témoin socialiste », Revue des mondes musulmans et de la méditerranée, 1977, pp 259-263.
- JULIEN, Charles-André, L'Afrique du Nord en marche, Paris, Juillard, 1952.
- JULIEN, Charles-André, Et la Tunisie devint indépendante, 1951-1957, Paris, Éditions J.A., Le sens de l’histoire, 1985.
- PERRIER, Antoine, La liberté des protégés : souverains, ministres et serviteurs des monarchies marocaine et tunisienne sous protectorat français (1881-1956) thèse, dir. Paul-André Rosental et M'Hamed Oualdi, Institut d'études politiques de Paris, 2019.
- COHEN-HADRIA, Élie, « Charles-Pierre SAUMAGNE », in Hommes et destins, dictionnaire biographique d'Outre-Mer, T.VII, 536 p., 1986. p.429-431.
- Mélanges offerts à Charles Saumagne, Tunis, Université de Tunis, faculté des lettres et des sciences humaines, 1962, 548 p.
- BOYANCÉ, Pierre, « Allocution à l'occasion de la mort de M. Charles Saumagne », Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Comptes rendus des séances de l'année 1972", Paris, Ed. Klincksieck, 1972.
Sur la Tunisie :
- AUZARY-SCHMALTZ, Nada, La justice française et le droit pendant le protectorat en Tunisie, Institut de recherche sur le Maghreb contemporain, Tunis, 2007.
- COHEN-HADRIA, Élie, « Du protectorat français à l'indépendance tunisienne : souvenirs d'un témoin socialiste », Revue des mondes musulmans et de la méditerranée, 1977, pp 259-263.
- JULIEN, Charles-André, L'Afrique du Nord en marche, Paris, Juillard, 1952.
- JULIEN, Charles-André, Et la Tunisie devint indépendante, 1951-1957, Paris, Éditions J.A., Le sens de l’histoire, 1985.
- PERRIER, Antoine, La liberté des protégés : souverains, ministres et serviteurs des monarchies marocaine et tunisienne sous protectorat français (1881-1956) thèse, dir. Paul-André Rosental et M'Hamed Oualdi, Institut d'études politiques de Paris, 2019.
Écrits de SAUMAGNE, Charles :
- Le droit latin et les cités romaines sous l’Empire, thèse, Paris, Sirey, 1965.
- « Les recherches récentes sur la topographie de Carthage », Journal des savants, avril 1931, p. 145-157.
- « Circonscriptions domaniales dans l'Afrique romaine », Revue tunisienne, Nouvelle Série, N° 43-44, 1940.
- « La photographie aérienne au service de l'archéologie en Tunisie », Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 96? année, n° 2, 1952, p. 287-301.
- « Stèles funéraires algériennes », Bulletin de la Société nationale des antiquaires de France, 1948-1949, 1952, p. 215-220.
- « Le statut municipal des provinces sous le Haut Empire romain », Bulletin de la Société nationale des antiquaires de France, 1950-1951, 1954, p. 126-127.
- « La persécution de Dèce à Carthage d'après la correspondance de saint Cyprien », Bulletin de la Société nationale des antiquaires de France, 1957, 1959, p. 23-42.
- « Les Incendiaires de Rome (année. 64) et les lois pénales des Romains (Tacite, Annales, XV, 44) », Revue historique, t. 227, fasc. 2,1962, p. 337-360.
- « Tacite et saint Paul », Revue historique, t. 232, Fasc. 1, 1964, p. 67-110.
- « Les Domanialités publiques et leur cadastration au premier siècle de l'empire romain », Journal des savants, 1965, n°1, p. 73-116.
- Saint Cyprien, évêque de Carthage, « Pape » d’Afrique (248-258). Contribution à l’étude des « persécutions » de Dèce et de Valérien. Paris : Éditions du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), 1975. 200 p.
- Ouvriers agricoles ou rôdeurs de celliers ? : Les circoncellions d'Afrique, Paris, Armand Colin, 1934.
- Journal et écrits : Tunisie 1947-1957, publié par Alain Sainte-Marie, Centre de la Méditerranée moderne et contemporaine, Nice, 1979.
- Le droit latin et les cités romaines sous l’Empire, thèse, Paris, Sirey, 1965.
- « Les recherches récentes sur la topographie de Carthage », Journal des savants, avril 1931, p. 145-157.
- « Circonscriptions domaniales dans l'Afrique romaine », Revue tunisienne, Nouvelle Série, N° 43-44, 1940.
- « La photographie aérienne au service de l'archéologie en Tunisie », Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 96? année, n° 2, 1952, p. 287-301.
- « Stèles funéraires algériennes », Bulletin de la Société nationale des antiquaires de France, 1948-1949, 1952, p. 215-220.
- « Le statut municipal des provinces sous le Haut Empire romain », Bulletin de la Société nationale des antiquaires de France, 1950-1951, 1954, p. 126-127.
- « La persécution de Dèce à Carthage d'après la correspondance de saint Cyprien », Bulletin de la Société nationale des antiquaires de France, 1957, 1959, p. 23-42.
- « Les Incendiaires de Rome (année. 64) et les lois pénales des Romains (Tacite, Annales, XV, 44) », Revue historique, t. 227, fasc. 2,1962, p. 337-360.
- « Tacite et saint Paul », Revue historique, t. 232, Fasc. 1, 1964, p. 67-110.
- « Les Domanialités publiques et leur cadastration au premier siècle de l'empire romain », Journal des savants, 1965, n°1, p. 73-116.
- Saint Cyprien, évêque de Carthage, « Pape » d’Afrique (248-258). Contribution à l’étude des « persécutions » de Dèce et de Valérien. Paris : Éditions du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), 1975. 200 p.
- Ouvriers agricoles ou rôdeurs de celliers ? : Les circoncellions d'Afrique, Paris, Armand Colin, 1934.
- Journal et écrits : Tunisie 1947-1957, publié par Alain Sainte-Marie, Centre de la Méditerranée moderne et contemporaine, Nice, 1979.
Interview :
- Une interview de Charles Saumagne par Salah Ben Youssef, Les temps modernes, 1976.
- Une interview de Charles Saumagne par Salah Ben Youssef, Les temps modernes, 1976.
Identifiant de l'inventaire d'archives :
FR_751079802_580189