Inventaire d'archives : Archives Rosanbo, fonds Le Peletier (XVIIe-XVIIIe siècles)

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La variété des richesses du chartrier de Rosanbo est par elle-même le reflet de l'ascension et des activités d'une famille dont, au XVIIIe siècle, les alliances successives ont, presque à chaque génération, fait affluer vers lui de nouveaux trésors. Le fonds initial de ces archives est le fonds Le Peletier, si important à la fois par sa masse et par son intérêt, qu'il fait l'objet à lui seul de l'inventaire que voici. Avant de mettre en valeur ses principaux gisements documentaires, on retracera brièvement la carrière des hommes qui, au fil des ans, ont sécrété et amassé tant de précieux papiers et parchemins.
Les Le Peletier (1) étaient originaires de la ville et de la région du Mans, où on les voit, au XVI/e/ siècle, exercer la profession d'avocat. Vers la seconde moitié de ce siècle, certains se fixèrent à Paris, s'y faisant remarquer dans le barreau, l'église et les belles-lettres. Un fait riche de conséquences fut, en 1583, le mariage de Jean Le Peletier (+ 1588), avocat en parlement, avec Madeleine Chauvelin. Celle-ci, en effet, fut la tante d'une Claude Chauvelin, mariée en 1599 à Michel III Le Tellier, dont elle eut, entre autres enfants, Michel IV Le Tellier, un des ministres les plus éminents de Louis XIV. Cette alliance a beaucoup influé sur le destin des Le Peletier.
En s'unissant aux Chauvelin, qui avaient exercé et exerçaient des charges dans la maison de plusieurs reines, Jean Le Peletier s'intégrait à la meilleure bourgeoisie robine de Paris, ce qui explique, au moins en partie, que la carrière de son fils Louis - Louis Ier - ait constitué une étape importante dans l'histoire de la famille. Marie Leschassier, qu'il épousa en 1626, était issue d'un milieu de magistrats et de juristes et petite-fille du grand humaniste Pierre Pithou (1539-1596), filiation par laquelle les Le Peletier devinrent possesseurs de manuscrits anciens du plus grand prix. Lors de ce mariage, Louis Ier, depuis longtemps déjà, exerçait des fonctions et était titulaire de charges qui lui procuraient influence et relations. Les fonctions étaient celles de commis de secrétaires d'État : d'abord chez Villeroy, qui dirigea les Affaires étrangères de septembre 1594 à sa mort en novembre 1617, puis chez Le Beauclerc, qui eut le département de la Guerre de février 1624 à octobre 1630. En même temps, il jouit de charges qui ne requéraient guère de service, mais impliquaient des privilèges utiles et des protections prestigieuses : secrétaire ordinaire de la chambre du roi en 1605, secrétaire ordinaire de la reine en 1622, secrétaire des finances de Gaston d'Orléans en 1624. Concurremment, enfin, il fut revêtu des offices de trésorier de France (1623), puis président au bureau des finances de Grenoble (1628) et fut un moment trésorier-payeur de la gendarmerie et contrôleur général des rentes provinciales de Berry. Le tout couronné le 1er août 1637 par l'office de secrétaire du roi en grande chancellerie, qui procurait la noblesse héréditaire. C'est par cette voie que, comme maintes familles robines, celle des Le Peletier accéda au second ordre du royaume. On notera, d'autre part, que c'est en avril 1643 que Michel Le Tellier, neveu à la mode de Bretagne de Louis Ier Le Peletier, parvint au poste de secrétaire d'État et que désormais, sauf une brève éclipse sous la Fronde, il ne cessera, jusqu'à sa mort en 1685, d'appartenir à des titres divers au gouvernement, où son fils Louvois entrera en 1662.
Décédé en 1651, Louis Ier avait été père de dix enfants. Certains n'ayant vécu que peu de temps, trois filles ayant été religieuses, nous ne retiendrons que ses trois fils. De l'aîné, Claude, il sera question ci-après. Son cadet, Jérôme (1632-1696), fut prêtre, conseiller au Châtelet, puis (1656) au parlement de Paris, prévôt de l'église royale et collégiale de Pignans et enfin (1685) conseiller d'État. Michel, le troisième frère (1640-1725), qu'on appelait M. Le Peletier de Souzy, accomplit une brillante carrière : avocat du roi au Châtelet (1660), conseiller au parlement de Paris (1665), intendant de Franche-Comté (1668), de Flandre (1668), conseiller d'État (1683), intendant des finances (1684-1715), directeur général des fortifications (1691-1715), conseiller au Conseil royal des finances (1702) et au Conseil de régence (1717-1723). Les intendances de Franche-Comté et de Flandre, la direction des fortifications, où il collabora étroitement avec Vauban, étaient des postes dont le secrétaire d'État de la Guerre proposait au roi les titulaires : il est évident qu'en l'occurrence la parenté avec Le Tellier et Louvois a été décisive. Le Peletier de Souzy eut un fils, Michel Robert Le Peletier des Forts (1675-1740), maître des requêtes (1698), associé à son père comme intendant des finances (1704), plus tard contrôleur général des finances (1726-1730) et ministre d'État, de qui est sortie la branche Le Peletier de Saint-Fargeau, dont les archives ont suivi un sort distinct de celles de la branche aînée (2).
Plus encore que pour Le Peletier de Souzy, l'appartenance au clan Le Tellier a été primordiale pour son frère aîné Claude, et cela parce que, au jeu naturel de la solidarité du sang, s'ajoutèrent les liens personnels de confiance, d'estime et d'affection réciproques qui se nouèrent entre lui et son cousin issu de germain Michel Le Tellier, dont les interventions en sa faveur furent bien des fois déterminantes. Claude Le Peletier (1631-1711) accomplit d'abord un cursus très classique dans la haute robe ; conseiller au Châtelet en 1653, il passa très vite au parlement de Paris (1654) et reçut en 1660 une mission de confiance : assurer, après le décès de Gaston d'Orléans, la tutelle des trois filles mineures que ce prince laissait de son mariage avec Marguerite de Lorraine. En 1662, Claude acquit un office de président en la quatrième chambre des enquêtes du parlement et fut élu en 1668 prévôt des marchands de Paris. Il déploya en cette qualité une grande activité, notamment en matière d'urbanisme, et ne quitta qu'en 1676 ces fonctions qui lui valurent, selon la tradition, d'être promu conseiller d'État en 1673. Si honorable qu'il fût, ce parcours ne pouvait laisser présager le destin brillant qui lui échut en 1683.
Le jour même de la mort de Colbert - 6 septembre 1683 - Louis XIV désigna Claude Le Peletier pour lui succéder comme contrôleur général des finances et le créa en même temps ministre d'État. Claude n'avait d'aucune façon convoité ni brigué cette nomination, suggérée au roi par Le Tellier. Le contrôle général, l'un des postes les plus importants de l'État, tenu depuis plus de vingt ans par Colbert, passait ainsi sous l'influence du clan Le Tellier, grand rival de celui des Colbert. En fait, Le Peletier s'abstint de donner à son accession des allures de revanche et même il sut liquider avec tact quelques vieilles et fâcheuses affaires de fraude dans les généralités de Montauban et de Bordeaux, remontant à la gestion de Foucquet, que Colbert n'avait pas pu ou voulu régler (3). Claude n'avait pas la forte personnalité de son prédécesseur. C'était un génie assez médiocre, mais un parfait homme de bien, auquel Louis XIV ne tarda pas à accorder beaucoup de confiance et une estime teintée d'une manière de respect. Il administra les finances jusqu'au début de la guerre de la Ligue d'Augsbourg, mais, ne se sentant pas les épaules assez fortes pour supporter le poids d'un grand conflit européen, il se démit le 20 septembre 1689 du contrôle général et le fit attribuer à son ami Louis de Pontchartrain, qu'il avait à ses côtés comme intendant des finances depuis 1687. En déchargeant Le Peletier des finances, Louis XIV le retint comme ministre d'État. Il n'eut plus dès lors d'autre fonction que d'assister au Conseil. Aussi les courtisans malicieux surnommèrent-ils ce pieux homme "le ministre Claude" (4). En juillet 1691, insigne marque de confiance, le roi lui confia la surintendance des postes, vacante par la mort de Louvois, et projeta ensuite de le créer chancelier de France à la place de Boucherat, fort déclinant.
Insensible à cette flatteuse perspective, Le Peletier obtint après la paix de Ryswick d'être déchargé des postes et aussi des obligations de ministre d'État, pour se retirer en septembre 1697 dans son château de Villeneuve-le-Roi. Louis XIV ne s'était résigné qu'à regret à ce départ. Il lui conserva ses pensions et, relate Saint-Simon, "exigea qu'il le viendroit voir deux ou trois fois tous les ans en son cabinet par les derrières". Le Peletier s'y engagea et, en effet, vint faire chaque année deux visites au roi, qui le reçut toujours avec beaucoup d'égards. De sa retraite érudite et dévote le ministre Claude avait voulu faire "un intervalle entre la vie et la mort" : l'intervalle fut de quelque durée et il s'éteignit à Villeneuve-le-Roi le 10 août 1711.
Malgré son grand désintéressement, Claude Le Peletier occupa des fonctions qui ne pouvaient qu'être favorables à sa famille et même, à en croire Saint-Simon, comme il conserva tout son crédit après 1697, il fit "plus pour elle, de sa retraite, qu'il n'avoit fait jusqu'alors à la cour". Il avait un jeune beau-frère, Fleuriau d'Armenonville : il le fit travailler sous lui au contrôle général, lui procura ensuite une charge d'intendant des finances et ce personnage fut, sous la Régence, secrétaire d'État, garde des sceaux et père d'un ministre d'État et secrétaire d'État, M. de Morville. De son mariage contracté en 1656 avec Marguerite Fleuriau, Claude eut dix enfants. Six furent d'église : un fils évêque d'Angers, un autre supérieur du séminaire de Saint-Sulpice et quatre filles religieuses. Deux autres filles prirent mari dans la très haute robe : l'une chez les d'Argouges et la seconde chez les d'Aligre. Un fils mourut jeune et Louis II (1662-1730), après avoir été avocat du roi au Châtelet (1684), entra au parlement de Paris, où il atteignit le sommet de la hiérarchie : conseiller en 1686, président à mortier dès l'année suivante, il devint premier président en avril 1707, charge dont il se démit à la fin de 1711 pour vivre ensuite dans la retraite.
Chef de la branche aînée - la cadette étant celle de son oncle Souzy -, Louis II nous retiendra pour ses mariages, et surtout le premier. Grâce à l'entremise de Pontchartrain, qui venait de quitter la première présidence du parlement de Rennes, Claude Le Peletier maria ce fils en 1688 à la fille et unique héritière d'un conseiller de cette cour, M. Du Coskaer de Rosanbo. Elle mourut dès 1693, ne laissant qu'un garçon, Louis III Le Peletier. Son mari se remaria l'année suivante à Charlotte Henriette Lépinette-Le Mairat, dont il eut au moins deux fils, mais ainsi le petit Louis III se trouva seul descendant de sa mère et aussi de sa famille maternelle. Or celles-ci étaient riches.
Louis III (1690-1770), désormais appelé M. Le Peletier de Rosanbo, eut une carrière calquée sur celle de son père : avocat du roi au Châtelet (1709), conseiller (1710), président à mortier (1712), premier président du parlement de Paris (1736-1743). Il épousa en 1717 Thérèse Hennequin d'Ecquevilly et avec lui, continuant une évolution entamée déjà par Louis II, la branche aînée des Le Peletier ne chercha pas à demeurer une famille ministérielle, mais, forte de sa fortune terrienne en Bretagne, visa avec succès à devenir l'une des puissantes maisons de la robe et même de la noblesse, contractant des alliances avec les noms les plus illustres de la magistrature comme avec la haute et ancienne chevalerie. Il maria en 1741 sa fille à un Montmorency-Luxembourg et son seul fils, Louis IV, en 1738 à une petite-fille du maréchal de Vauban.
Ce Louis IV (1717-1760), étant mort assez tôt, ne s'éleva dans le parlement de Paris qu'au poste de président à mortier. Son fils aîné Louis V (1747-1794), titré marquis de Rosanbo, n'était aussi que président à mortier lorsque éclata la Révolution. Il avait épousé en 1769 Mlle de Lamoignon de Malesherbes, petite-fille du chancelier de Lamoignon et fille de M. de Malesherbes. Les deux époux furent guillotinés en avril 1794. Leur fils Louis VI (1777-1856) a assuré la postérité de la famille et la transmission de ses archives.
Des archives triées, classées et microfilmées dans des conditions particulières, qui ont commandé la présentation générale de l'inventaire de ces 270 registres et cartons et, notamment, que certains dossiers aient dû être cotés à titre de supplément à d'autres déjà filmés (5). Des archives qui, si prodigieusement riches qu'elles soient, n'ont pu traverser intactes les épreuves banales découlant des changements de domicile, des éliminations de vieux papiers, ni, bien sûr, les malheurs subis sous la Révolution, et qui, par conséquent, ne reflètent pas également les activités publiques et privées des Le Peletier depuis Louis Ier et ses ascendants et alliés.
Les documents provenant ou émanés de Claude Le Peletier (259 AP 7 à 259 AP 129) représentent à peu près 40% de l'ensemble. À part quelques titres de famille et papiers personnels, ils recouvrent en majorité les années où Claude fut ministre et aussi celles de sa retraite. Pour la période antérieure à 1683, on ne relève qu'un petit dossier afférant à ses années de prévôt des marchands (6) et cinq registres couvrant la tutelle des filles de Gaston d'Orléans entre 1660 et 1670 (7).
La correspondance reçue par Claude vient en tête du classement (8). Abondante par le nombre des pièces et des correspondants, elle est aussi d'une grande variété, tant à cause des qualités fort diverses de ceux-ci, que du fait que certains n'y sont présents qu'avec une seule missive et d'autres avec beaucoup plus. La plupart d'entre elles ne remontent guère au-delà de 1675 ou 1680 et d'aucunes sont antérieures de peu à la mort de Claude en 1711. S'y trouvent mêlées lettres privées et lettres officielles, lettres de parents et d'amis, lettres de civilité, lettres de remerciement et de sollicitation. Connaissant les charges importantes exercées dans l'Église et l'État par les Le Peletier et leurs cousins et alliés, on ne s'étonnera pas que chronique familiale et affaires publiques soient souvent imbriquées dans les lettres écrites à Claude par les siens. On remarque parmi ceux-ci quelques épistoliers particulièrement actifs : son frère Le Peletier de Souzy avec 262 lettres, son cousin Charles Maurice Le Tellier, archevêque de Reims, avec 43 lettres, le frère aîné de celui-ci, M. de Louvois, avec 115 lettres et surtout Michel Le Tellier, avec un prodigieux ensemble de 1.595 lettres couvrant les années 1652 à 1684 ! Un ministre aussi pieux que Claude Le Peletier ne pouvait avoir que beaucoup de correspondants parmi les gens d'église, et non des moindres (Bossuet, Bourdaloue, Mabillon, Massillon, etc.).
Après sa correspondance viennent les articles afférant à ses activités comme contrôleur général des finances de 1683 à 1689, mais où de nombreux éléments se rapportent au temps de Colbert et même de Foucquet. Et d'abord 41 registres (9), où ont été consignés les comptes des fonds et dépenses du Trésor royal, des états au vrai, des états et rôles de dépenses publiques et secrètes arrêtés au Conseil royal des finances, des bordereaux et journaux de la recette et dépense du Trésor, bref un lot d'une richesse insigne. Y font suite les Dossier s concernant les différentes matières relevant du contrôle général (10) : budgets de l'État, fermes, revenus casuels, impôts, domaine, Épargne, Caisse des emprunts, rentes, monnaies, etc. En annexe viennent des documents sur deux gestions dont Claude eut à se mêler : celle de l'apanage du comte de Toulouse (11) et celle de la maison royale de Saint-Cyr (12). Puis l'on rencontre les pièces relatives à l'exercice par Claude de la surintendance des postes (13), à la tutelle des filles de Gaston d'Orléans (14) et, pour finir, divers papiers (15).
L'exercice par Claude Le Peletier des fonctions de ministre d'État et de contrôleur général des finances est donc abondamment reflété par les archives émanées de lui. On ne peut en dire autant des activités politiques et judiciaires de ses descendants, en particulier Louis II et Louis III. Ils occupèrent l'un et l'autre la charge très importante de premier président du parlement de Paris, mais il ne subsiste que fort peu de documents touchant les affaires de cette compagnie quand ils étaient à sa tête (16). Le seul dont soient parvenus de riches Dossier s d'ordre professionnel est Louis V. En tant que président à mortier, il eut à présider la Tournelle, c'est-à-dire la chambre criminelle du parlement, de 1782 jusqu'à la Révolution. Sur ses attributions en cette qualité, sur la criminalité à Paris et la justice criminelle à ce moment, il a constitué des liasses d'un vif intérêt (17).
Si les activités des descendants de Claude Le Peletier au parlement de Paris ont laissé peu de traces dans leurs archives, leurs affaires particulières y sont, en revanche, abondamment représentées. C'est par milliers que s'y pressent les documents concernant la famille et ses biens : conventions matrimoniales, comptes de tutelles et curatelles, exécutions testamentaires, règlements de successions, achats ou ventes d'immeubles et de terres, exploitation des domaines de Bretagne, Champagne, Île-de-France et autres lieux, dépenses privées et domestiques avec leurs pièces justificatives, etc. Une conservation aussi méthodique de tels papiers tient au fait que, comme les grandes maisons de la noblesse d'épée, les riches et hautes familles de la robe se déchargeaient sur un ou plusieurs gestionnaires, généralement qualifiés "intendant des maison et affaires", du détail de leurs intérêts et de leur vie quotidienne. Depuis au moins Louis III, les Le Peletier de Rosanbo recoururent aux offices de tels agents, au zèle et à l'exactitude desquels nous devons un ensemble documentaire aussi riche et cohérent.
Il y a là, en effet, une source exceptionnelle sur tous les aspects de la vie d'une grande famille de la robe parisienne au XVIII/e/ siècle. Veut-on savoir ce que le fisc lui prélevait ? Les quittances de ses impôts nous l'apprendront. S'intéresse-t-on à ses tendances intellectuelles et culturelles ? Les factures des libraires et relieurs, les honoraires des précepteurs des enfants et de leurs maîtres de langues, d'histoire, de géographie, de grammaire, de dessin, de musique le révéleront. Les gages des gens de maison et de la livrée, les mémoires de tous les fournisseurs sont là, qui, détaillant la domesticité, les dépenses de table, d'écurie, de carrosserie, d'habillement, de médecine, de mobilier, d'entretien des hôtels et jardins, permettent de reconstituer le train de vie, cependant que d'innombrables documents ont trait à la nature, à l'administration et à l'évolution des capitaux et revenus : comptes domaniaux, baux, états de dettes et de créances, rentes constituées, états des biens meubles et immeubles, échéances financières. On peut même calculer le montant des charités et des bonnes oeuvres.
Il y a plus. Par la force des choses, tous ces documents relatifs aux affaires particulières renseignent aussi sur les différents personnages qui en eurent l'intendance et dont les noms apparaissent souvent dans cet inventaire. Dans la société d'Ancien Régime, ces gens d'affaires constituaient un groupe assez restreint mais important, car, en les mettant en relations à la fois avec les grands et avec les milieux financiers, cette fonction a souvent été pour eux une voie d'ascension sociale. Il serait possible, à partir de ce fonds, d'étudier l'activité de tel ou tel de ces intendants familiaux des Le Peletier de Rosanbo, par exemple le dernier, Jean-Baptiste Méry, qui était, d'autre part, receveur des tailles en l'élection de Tulle et dont certains papiers personnels se sont intégrés aux archives Rosanbo (18). Celles-ci possèdent enfin une intéressante correspondance adressée aux beaux-parents de Louis II Le Peletier, M. et Mme Du Coskaer de Rosanbo, par divers parents et amis (1677-1693) et par leur homme d'affaires parisien [1656-1691] (19).
Point n'est besoin d'un plus ample discours. Il suffira au lecteur de dépouiller ou simplement de feuilleter cet inventaire pour prendre conscience de la richesse et de l'originalité exceptionnelles du fonds Le Peletier. À l'abondance, à la variété et, souvent, à la cohésion des documents qu'il rassemble, s'ajoute, en effet, leur caractère inédit : personne ne les a, jusqu'à présent, consultés. Voilà qui devrait attirer beaucoup d'historiens et susciter maintes recherches propres à améliorer et même à renouveler la connaissance de l'histoire des XVII/e/ et XVIIIe siècles français.
Michel ANTOINE.
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1. Il faut se garder de confondre cette famille Le Peletier avec celle des Le Pelletier de La Houssaye qui, elle aussi et dans le même temps, a fourni au roi des maîtres des requêtes, des intendants, des conseillers d'État et un contrôleur général des finances.
2. Le chartrier du château de Saint-Fargeau déposé aux Archives nationales (sous-série 90AP) conserve quelques éléments des archives Le Peletier de Saint-Fargeau.
3. Voir les cotes 259AP/97 à 100.
4. Jean Claude, dit "le ministre Claude", pasteur à Charenton, avait été, jusqu'à la révocation de l'édit de Nantes, l'une des figures les plus en vue du protestantisme français.
5. Les cotes 259AP/123-129 constituent un supplément aux cotes 259AP/16-33.
6. 259AP/126, Dossier 2.
7. 259AP/121-125.
8. 259AP/7-37, avec, à la fin, un supplément : 259AP/128 et 129.
9. 259AP/38-76.
10. 259AP/77-111.
11. 259AP/112.
12. 259AP/113.
13. 259AP/114-120.
14. 259AP/121-125.
15. 259AP/126-127.
16. Un petit Dossier pour Louis II (259AP/130, Dossier 4) et, pour Louis III, des documents assez banals (259AP/139-143 et 179, dossier 1).
17. 259AP/254-257.
18. 259AP/261-265.
19. 259AP/267-270.

Cote :

173Mi/1-137Mi/242

Publication :

Archives Nationales
1993

Informations sur le producteur :

Le Peletier (famille)

Informations sur l'acquisition :

Le fonds Le Peletier, comme les autres fonds composant les archives du château de Rosanbo, a été microfilmé en 1962.
Les documents originaux (cotés fictivement 259AP) ne sont pas conservés par les Archives nationales : seul le microfilm (coté 173Mi) est accessible aux lecteurs.

Description :

Mise en forme :
Liste des abréviations utilisées :
anc. : ancien
arr. : arrondissement
autogr. : autographe
cant. : canton
cne : commune
d. : dossier
ép. : épouse
f° ou fol. : folio
orig. : original
r° : recto
R.P. : Révérend Père
R.P.R. : Religion prétendue réformée
S.A.E. : Son Altesse Éminentissime
s.d. : sans date
S.J. : Société de Jésus
S.M. : Sa Majesté
v° : verso

Conditions d'accès :

Communication des microfilms soumise à l'autorisation de l'ayant-droit.

Localisation physique :

Pierrefitte

Identifiant de l'inventaire d'archives :

FRAN_IR_000691

Nom de famille :

Le Peletier (famille)

Liens