Inventaire d'archives : Constructions électriques Nancy

Contenu :

1. Plans
Les archives sont essentiellement constituées de plans sur calque et de tirages papier concernant le bobinage électrique et la construction de moteurs électriques (1909-1983).
2. Photographies
Les photographies comportent quelques rares clichés de personnes (les administrateurs et le personnel) et quelques vues générales de l'ensemble immobilier (ateliers et bureaux). L'essentiel est constitué de vues de machines et de pièces mécaniques : machines en fonctionnement et moteurs de différentes catégories produites par l'entreprise. L'identification des pièces n'a pas toujours été possible. Certaines vues se retrouvent à la fois dans les plaques de verre, les tirages et les albums. Elles se retrouvent parfois dans la documentation publiée par l'entreprise.
3. Film
A cet ensemble s'ajoutent des bancs-titres, réalisés sur des planches cartonnées, pour figurer dans le montage d'un film sur l'entreprise. Ce documentaire a été réalisé en complément d'un travail commandé à MM. Dollfuss et Bonneau (IWO = Industrial World Organization ?) sur le développement de l'idée de productivité (voir les carnets de Camille Maeder, janvier 1952). Ces panneaux ont certainement été réalisés à des fins commerciales visant à élargir la conquête de nouveaux marchés et à présenter le dynamisme de la société. Au début 1954, un nouveau travail de réflexion sera mené pour l'organisation des ventes. " Nous verrons à l'usage si le résultat obtenu est intéressant " note Camille Maeder dans son journal (1er février 1954).
4. Documents administratifs
Le journal tenu par Camille Maeder est l'une des pièces les plus intéressantes du fonds.
Après des études à l'École centrale puis à l'École supérieure d'électricité, Camille Maeder, le fils du fondateur des CEN, entre dans l'entreprise et succède à son père dès 1927. Il devient administrateur (à partir de 1941), puis directeur général et enfin président, fonction qu'il quittera en 1967 bien qu'il ait pris sa retraite dès 1963. Camille Maeder a tenu de très nombreuses fonctions (notamment membre du comité directeur de mobilisation industrielle de l'Est en 1938, conseiller à la Banque de France à partir de 1960, adjoint au maire de Nancy jusqu'en juin 1962).
Le chef d'entreprise tient un journal de janvier 1936 au 6 novembre 1967. Le dernier carnet sera complété du 2 février 1968 au 15 décembre 1977 par une personne dont l'identité reste inconnue.
Les préoccupations de Camille Maeder sont celles de tout chef d'entreprise :
- relations avec le conseil d'administration ;
- relations avec les salariés, avec les délégués du personnel et les délégués syndicaux, négociations en vue de l'établissement des régimes sociaux (période 1936-1937), durée du temps de travail, amélioration des conditions du travail et de sécurité, travail des femmes et des enfants ;
- politique des salaires et des prix ;
- gestion des stocks ;
- étude et mise sur le marché de nouveau modèles de moteurs ;
- relations avec les représentants en France et à l'étranger ;
- bénéfices de l'entreprise : redistributions aux actionnaires, aux salariés ...
Ses préoccupations sont aussi liées à l'époque (Front populaire, seconde guerre mondiale, …). On y trouve pêle-mêle des informations de tout ordre :
- déclaration de la guerre : "La France déclare la guerre à l'Allemagne à 17 h00... Nous devons travailler le plus possible" (dimanche 3 septembre) ;
- première bombe sur Nancy (10 mai 1940), difficultés de transport " il faut 36 heures pour aller à Paris " (21 mai 1940), épisodes de l'exode et installation à Lyon (de septembre 1940 jusqu'en avril 1942) ;
- inquiétude face aux incursions d'officiers allemands qui viennent vérifier les stocks et les commandes : " il est indispensable que nous prenions des commandes allemandes en pourcentage suffisant sans quoi nous risquons d'avoir des ennuis " (27 mai 1942) ;
- suivi de la mobilisation des salariés, départ de contingents d'ouvriers pour l'Allemagne : " un tiers des ouvriers est en Allemagne " (en févier 1943) ;
- ouverture d'une cantine où l'on sert de la soupe chaude (novembre 1942), goûter pour les mères de famille, location de terrains pour que le personnel fasse de la culture, création d'un service médico-social… ;
- vendredi 1er septembre 1944 : " le personnel prévoyant l'imminence d'évènements importants à Nancy préfère ne pas travailler ; chacun restera chez soi " ;
Après-guerre, les difficultés subsistent mais l'entreprise tient bon :
- arrêt de l'usine à cause du froid et de l'impossibilité de chauffer correctement (janvier 1945) ;
- coupures de courant et restrictions d'électricité : " il est anormal de nous imposer des restrictions alors que les cinémas et les brasseries fonctionnent " (26 janvier 1945) ;
- l'entreprise participe à la fabrication de crampons de chars pour les Américains ; fait des petits obus genre grenade (janvier 1945) mais se plaint des importations américaines rendues obligatoires en Afrique du Nord ;
- récupération des machines laissées par les Allemands à l'usine de fabrication des V1 à Thil (15 janvier 1946) ;
Duant les "Trente Glorieuses" l'entreprise s'organise sur le modèle américain :
- travail sur la rationalisation des postes ;
- achat de terrains rue Charles-Sadoul en vue de construire un immeuble pour loger les employés près de l'usine (octobre 1948) ;
- lutte contre les accidents du travail : " j'ai fait établir une affiche ... destinée à la propagande contre les accidents du travail... Cette affiche indique nos résultats pour l'année 1950... Nous ne désespérons pas d'arriver à être champion de France ". (20 juillet 1950).
- l'ouverture sur le monde fait partie des priorités : Camille Maeder participe à de nombreux voyages notamment avec les "Ingénieurs civils de France" : New Delhi, Le Caire, Afrique noire, Afrique du Nord, Amérique du Nord, Amérique centrale, Amérique du Sud. Des représentants sont installés aux quatre coins de la planète.

Cote :

132 J 1-153

Publication :

Archives départementales de la Meurthe-et-Moselle
2007
Nancy

Informations sur le producteur :

Constructions électriques Nancy
1. Création de la société
La ville de Nancy est une des premières en France à bénéficier d'une distribution d'énergie électrique. Dès 1887 entre en service la première centrale électrique sous l'impulsion de l'architecte nancéien Félicien César et de l'ingénieur Fabius Henrion, constructeurs de machines électriques. Les actifs de la société Fabius Henrion et Cie sont cédés en 1898 à la Compagnie générale d'électricité (créée quelques mois plus tôt à Paris) et la même année s'installe, rue Oberlin, la Compagnie générale électrique avec pour but la production de moteurs et d'équipements électriques divers pour l'industrie.
C'est dans ce contexte local fortement marqué par le développement de l'électricité que naissent les Constructions électriques Nancy (CEN).
La société "Constructions électriques Nancy" est créée le 20 août 1908 à l'initiative de Pierre Maeder, ingénieur électricien à Nancy, ancien chef de fabrication des établissements Fabius-Henrion. Parmi les premiers administrateurs de la société anonyme par actions figurent : Charles Henri Fisson, industriel à Xeuilley, président du conseil d'administration ; René Grosdidier, maître de forges, député de la Meuse, à Commercy ; Louis Michel, agriculteur à Tomblaine ; Walter Brunner, ingénieur électricien à Nancy et Pierre Maeder, ces deux derniers étant administrateurs délégués. Pierre Maeder fut chargé spécialement de la construction de l'usine et d'assurer la marche des fabrications des moteurs, génératrices et transformateurs électriques.
2. Les premiers temps
A l'origine, les constructions installées 22 quai de la Bataille ne couvrent que 1.400 m² sur un terrain de 4670 m². Lors de l'Exposition de l'Est de la France à Nancy en 1909, l'entreprise présente une gamme complète de machines à courant continu et divers appareils. Le succès est complet et, devant l'afflux des commandes, la surface des ateliers passe à 1.950 m² en 1910 puis à 3.170 m² en 1912. La fabrication des machines à courant alternatif et des transformateurs est entreprise et, dans le même temps, des agences sont créées dans différentes villes.
L'élargissement de la ruelle de Nabécor, devenue rue Pierre-Villard, amène à agrandir les ateliers sur ce qui reste de la cour ; la surface couverte passe à 4840 m². Les bâtiments sont terminés en mai 1914 et un peu plus tard, en 1917, le bâtiment des bureaux sera allongé jusqu'à la rue Pierre-Villard.
3. D'une guerre à l'autre
La guerre de 1914 brise cet élan. Après l'arrêt de l'usine pendant une courte durée, l'activité reprend en novembre 1914. Les fabrications pour la défense nationale prennent un espace important : fabrication en grande série de grenades en tôle, de percuteurs de grenades citron, ...
En 1920, l'activité revenue dépasse largement celle d'avant-guerre ; les ateliers sont à nouveau agrandis et la surface couverte passe à 7630 m². Une période brillante se poursuit jusqu'en 1930 malgré une crise passagère en 1921.
Le 12 juillet 1927, Pierre Maeder décède et le conseil d'administration décide de confier la direction de l'établissement à son fils, Camille Maeder, avec le titre d'administrateur-directeur (tandis que Robert, un autre fils de Pierre Maeder, ingénieur à la construction, est chargé des études).
Les agrandissements se poursuivent et portent la surface couverte à 7830 m² en 1926, 8160 m² en 1929 et 8410 m² en 1930. Un nouvelle crise s'annonce en 1931 et va en s'accentuant jusqu'en 1935. Au milieu de cette crise, en 1933, arrive un nouvel ingénieur, M. Trinquenaux, chef des fabrications puis directeur technique et membre du conseil d'administration.
Durant la seconde guerre mondiale, à partir de juin 1940, la marche de l'entreprise est contrôlée par les autorités d'occupation et une partie de la production est réservée à l'occupant ; la surface s'accroît à 8690 m² en 1940 et 9150 m² en 1941. A la Libération, le 14 septembre 1944, des soldats allemands détruisent une partie des installations mais les dégâts se limitent à la plateforme d'essais.
4. De 1950 à la fermeture en 2004.
La fabrication après guerre se tourne vers les produits destinés aux usines chimiques, aux houillères, à l'industrie du pétrole (moteurs asynchones étanches et antidéflagrants de 0,5 à 200 chevaux). L'usine équipe des raffineries en France et à l'étranger (pipe-line de Hassi Messaoud). Pierre Maeder succède à Camille, décédé le 2 février 1968. L'usine fournit la partie active du moteur électrique destiné aux pompes entraînant le refroidissement de la centrale nucléaire du porte-avions Charles-de-Gaulle. Elle a atteint son maximum de production en 1975-1976, avant de subir de plein fouet la crise pétrolière.
En 1994, l'entreprise est encore considérée dans sa spécialité comme n° 1 français et n° 2 en Europe. Les moteurs CEN sont implantés dans le monde entier avec des clients dans tous les domaines : Chimie (Elf Atochem, Rhodia,…) ; Pétrole (Elf Total Fina, BP, Shell …) ; Mines (Russie, Inde)…
Progressivement, par manque de modernisation de ses structures et aussi à cause du déclin de l'industrie minière, son principal débouché, la situation de l'entreprise se dégrade. Le personnel qui avait atteint jusque 400 personnes est réduit à 215 salariés en 1994. Après sa reprise, en mars 2000, les difficultés perdurent. L'entreprise subit un redressement judiciaire en octobre 2001 : un plan social réduit son personnel à 70 employés, soit 50 % des effectifs ; dans le même temps, le site historique du centre ville de Nancy est cédé à un promoteur immobilier (Batigère) avec entrée en possession au 31 décembre 2002. Six mois plus tard, le 12 mars 2001, l'entreprise est reprise par CEMP International, fabricant italien également spécialisé dans les moteurs antidéflagrants et devient une nouvelle entité, "CEN International", propriété du groupe CEMP. Quarante personnes sont conservées à Nancy.
Malgré ces mesures, et après cinq années d'agonie, la liquidation judiciaire intervient en mars 2004. Le transfert du siège social et de son unité de production, prévus à Heillecourt, n'a finalement pas lieu et l'entreprise ferme ses portes définitivement.
En février 2005, l'ancien siège des Constructions électriques Nancy devient l'un des plus importants projets immobiliers nancéiens : 17.000 m² de terrains sont libérés et confiés à trois cabinets d'architectes différents pour la construction des petits immeubles, maisons de ville, logements sociaux et square. La façade de l'ancien siège de l'entreprise, quai de la Bataille, sera conservée dans le projet immobilier.

Informations sur l'acquisition :

Informations sur les modalités d'entrée
Don du 6 septembre 2005 et complément remis en 2006.
Historique de conservation :
Historique de la conservation
Lors de la fermeture, l'entreprise ne semble pas avoir pris de mesures conservatoires pour ses archives. Toutefois, grâce à un ancien employé de la société, des archives ont été partiellement sauvées de la destruction. Après avoir transité par la Société Batigère, elles ont été remises au musée du Fer de Jarville qui les a données, en l'état, aux Archives départementales.

Description :

Critères de sélection :
Informations sur l’évaluation
Conservation intégrale.
Mise en forme :
Mode de classement
L'ensemble était initialement en vrac. On a tenté de classer les plans par type de pièces fabriquées.
Le reste du fonds a été donné plusieurs mois après le classement et la cotation de ces plans, c'est ce qui explique qu'ils figurent en tête du répertoire avec l'ensemble des documents iconographiques tandis ques les documents administratifs sont placés à la suite (la recotation s'avérait trop délicate).
Les photographies ont été classés par type de support puis par numéro (lorsqu'elles en étaient pourvues) ou par date de prise de vue. Compte tenu de la difficulté d'analyse et du très grand nombre de pièces, le traitement par lot factice a été retenu : l'analyse porte le plus souvent sur un groupe de photographies de la même époque et représentant le même type de vue.
Les bancs-titres ont été ordonnés selon le scénario probable du film.
Enfin, les archives ont été classées par objet puis chronologiquement.

Conditions d'accès :

Modalités d'accès
Accès libre.

Conditions d'utilisation :

Conditions d'utilisation
Reproduction selon les textes règlementaires en vigueur.
Les copies de documents doivent porter la cote permettant d'identifier l'origine du fonds aux Archives départementales de Meurthe-et-Moselle.
Il est possible de faire effectuer des tirages de plans pour les documents dont le délai de prescription est tombé dans le domaine public. En revanche, les droits de propriété intellectuelle restent la propriété des auteurs des plans durant un laps de temps défini.

Description physique :

Importance matérielle :
871 plans, 1453 plaques de verre, 492 tirages photographiques, 79 planches cartonnées, 4 boîtes, 2 registres et 8 éléments d'impression.
5,40
Information matérielles :
Calque, papier, carton, verre

Ressources complémentaires :

Autre instrument de recherche
Répertoire numérique dactylographié, 18 p.
Sources complémentaires
Sources internes
Archives publiques :
- 10 R : dossier de dommages de guerre 1914-1918.
- 14 W 1517 : dossier de dommages de guerre 1939-1945.
Archives privées :
- Fonds de l'entreprise de travaux publics Bernanose et Lommée (82 J)
- Fonds de la société France-Lanord et Bichaton (113 J) :
articles 204-205 : Constructions électriques Nancy, travaux (1908-1947).
- Fonds André Chevert, architecte (18 Fi)
articles 9-10 : Constructions électriques Nancy, agrandissement des bureaux et des ateliers (1946-1947) ; immeuble rue Charles-Sadoul, construction de logement pour le personnel (1948-1949).
Sources externes
Le musée du Fer de Jarville conserve un moteur fabriqué par les ateliers avec les plans correspondants.
Localisation des originaux
Les documents sont en bon état de conservation, à l'exception d'une pochette contenant 21 pièces qui nécessiteraient une restauration.
Seuls seront communiqués les originaux en bon état de conservation. Ceux dont l'état nécessite une restauration ne pourront être communiqués en l'état : leur communication est différée en l'attente d'une restauration effective.

Observations :

Dans la mesure où il s'agit d'archives en déshérence, les papiers remis aux Archives départementales de Meurthe-et-Moselle sont plus que lacunaires. Seuls le journal tenu par Camille Maeder permet d'avoir une vision globale de l'activité de l'entreprise et de sa production industrielle.

Organisme responsable de l'accès intellectuel :

Archives départementales de la Meurthe-et-Moselle

Identifiant de l'inventaire d'archives :

FRAD054_0000000165

Où consulter le document :

Archives départementales de la Meurthe-et-Moselle

Archives départementales de la Meurthe-et-Moselle

Liens