Origine:

Historique de la voilerie

Né en Gironde, à La Teste-de-Buch en 1850, Jean Roumégous, ostréiculteur, s'installe avec toute sa famille au Chapus en 1891. Il se voit confier la gestion de l'exploitation ostréicole que Lescat, propriétaire à La Teste-de-Buch, possède dans le bassin de Marennes-Oléron. Peu de temps après, la concession lui revient. A cette époque, l'ostréiculture dans le bassin se pratique essentiellement avec des bateaux à voile. Jean en possède plusieurs, dont certains sont réservés à la pêche qu'il pratique également en complément de son activité ostréicole.

C'est un concours de circonstances et plus particulièrement un différent avec le voilier du Chapus qui décide Jean Roumégous en 1895 à entretenir et à confectionner lui-même ses voiles. L'année suivante, en 1896, il fonde son atelier de voilerie. Son fils aîné, Pierre-Jules Roumégous continue les activités de pêche et d'ostréiculture, tandis que ses deux autres fils, Jean et Pierre-André préfèrent suivre les traces de leur père.

Afin de parfaire ses connaissances, Pierre-André Roumégous part pour Arcachon apprendre le métier dans la voilerie Tenot, très renommée à cette époque. Son goût pour le dessin et ses qualités innées pour le travail manuel lui permettent d'acquérir rapidement une maîtrise complète de son art. En 1919, il prend, avec son frère Jean, la direction de la voilerie familiale. Il développe alors l'entreprise en transférant l'ancien atelier à son emplacement actuel, sur le port, et en achetant des machines à coudre. En effet, jusqu'à cette date, le travail de couture se fait à la main. Ce changement de méthode ne se fait pas sans une certaine opposition et appréhension de la part des professionnels, en particulier de celle des marins-pêcheurs du port de La Cotinière dont les bateaux sont équipés jusqu'en 1939 de voiles cousues à la main.

En 1920, la famille Roumégous est victime de l'épidémie de grippe espagnole qui sévit encore dans la région. En effet, Jean Roumégous décède le 20 février, suivit le lendemain de son père, Jean, et de sa mère le 6 mars suivant. Pierre-André se retrouve ainsi à trente-et-un an seul à la tête de la voilerie familiale. A son décès en 1933, c'est son fils Paul-Jean Roumégous qui prend la succession de l'entreprise. Le travail de voilerie est en léger déclin en raison de la motorisation de plus en plus croissante des bateaux ostréicoles ou de pêche. Paul décide alors en 1938 de diversifier son activité. De son côté, sa mère Victorine-Juliette Demion ouvre en 1933 un dépôt d'essence et d'huile à proximité de la voilerie.

En 1944, la voilerie est entièrement détruite lors d'un bombardement et l'atelier n'est reconstruit qu'en 1945. Témoignage de ce tragique événement, un éclat d'obus conservé dans la couverture 'un registre de comptabilité (225 J 328). A partir de cette date, l'entreprise évolue rapidement. Son activité principale demeure plus que jamais orientée vers les professionnels de la mer, mais Paul-Jean Roumégous se lance aussi dans l'équipement des bateaux de plaisance. Il est ainsi l'un des premiers à utiliser les tissus en nylon et en tergal pour la réalisation des voiles. En 1978, une quatrième génération, en la personne de Jean-Paul Roumégous, prend la direction de la voilerie, et ce, jusqu'en 2008.

La Voilerie Roumégous a su exercer ses talents et ses compétences de maître-volier au fil d'un siècle d'existence.

A noter : L'historique de cette maison de cognac a été réalisé à partir de notes réalisées par la famille Roumégous et qui ont été retrouvées lors du classement. Ces dernières sont conservées sous la cote 225 J 14.

Intérêt du fonds

Le fonds de la Voilerie Roumégous est important pour appréhender l'histoire de la marine et plus particulièrement les activités de voilier et de fournisseur pour la marine et l'ostréiculture au XXe siècle. Celles-ci peuvent s'étudier d'une part, à travers les dossiers de fournisseurs auprès desquels la famille Roumégous se sont approvisionnés sur près d'un siècle, les registres de comptabilité, et d'autre part à travers une série très complète et homogène de plans de voilures réalisés par Pierre-André Roumégous entre 1911 et 1931, puis par son fils Paul-Jean Roumégous entre le début des années 1930 et 1964 . Plus de cinq cent-soixante-dix plans de ce type figurent parmi les quarante mètres linéaires de documents ayant fait l'objet de ce don. Ils couvrent une longue période allant de 1911 à 1970. La plupart des esquisses et dessins réalisés sont identifiés. Le nom du bateau, de son propriétaire, son port d'attache, le chantier naval parfois et enfin la date de sa construction sont mentionnés. En raison de leur rareté et des informations qu'ils contiennent, ces plans présentent un intérêt majeur pour la connaissance de l'histoire des techniques de construction des bateaux et plus particulièrement celles de la confection de voiles dans le bassin de Marennes-Oléron. Ce fonds permet ainsi de percevoir les relations professionnelles d'une entreprise de voilerie avec ses différents clients, dans une région maritime où se côtoient aussi bien les professionnelles de la pêche et de l'ostréiculture que ceux de la plaisance.

Le chercheur ne manquera pas de consulter d'autres séries d'archives indiquées dans les sources complémentaires et en particulier le fonds d'une seconde voilerie, Point d'Amure, qui a exercé ses activités sur le port des Minimes à La Rochelle entre 1990 et 2005. La correspondances, les notes personnelles et les croquis de voiles, ainsi que des échantillons de tissus en fibre sont très précieux pour la connaissance de la fabrication de voiles à la fin du XXe siècle. En outre, il conviendra également de consulter les dossiers de francisation de navires produits par les bureaux des douanes du Château-d'Oléron et de Marennes. Ces dossiers mentionnent la vie administrative des bâtiments mais aussi leurs caractéristiques nautiques. Enfin, un ensemble de quatre-vingt-six plans de navires sont conservés dans le fonds du chantier naval Albert Larrieu et de son successeur Robert Léglise au Château-d(Oléron et pour lesquels André et Paul ont collaboré dans la réalisation de voiles.

Localisation physique: Archives départementales de la Charente-Maritime, site de La Rochelle

Archives départementales de la Charente-Maritime