Inventaire d'archives : Le Concorde À Air France : L'activité des études de ligne

Contenu :

Un entretien avec Monsieur Laplaige, responsable de l'activité des études de ligne, a été mené le 17 mai 2016 afin de récolter toutes les informations nécessaires concernant les procédures suivies pour réaliser les études de ligne. La retranscription de l'entretien est en annexe du présent inventaire.
Par ailleurs, l'intérêt de ce fonds d'archives techniques est de pouvoir s'immerger en plein cœur de l'Histoire du Concorde et du supersonique. Le Concorde est un avion de légende, il a été convoité par des clients passionnés pour réaliser des trajets exceptionnels (Pôle Nord, tours du monde, records de vitesse, suivi des éclipses solaires), c'est aussi l'avion des vols diplomatiques, surtout durant la présidence de François Mitterrand. C'est aussi un avion qui demandait un travail de préparation gigantesque, quatre fois plus important que pour n'importe quel autre avion. Chacune de ces études est le reflet de ce travail intense où chaque virage, chaque nouvelle route empruntée ou encore chaque survol de continent nécessite des heures d'études supplémentaires. Enfin, le dernier aspect fondamental inhérent à la préparation des vols Concorde réside dans la difficulté à les rentabiliser. Pour cela, les calculs sont d'une précision extrême.
La dernière partie de ce fonds se concentre sur les efforts menés à l'issue du crash de Gonesse pour relancer la commercialisation du Concorde. Des groupes de travail sont formés, les outils et les formations évoluent. Ces mutations apparaissent également dans ce fonds qui retrace jusqu'à la préparation des derniers vols des Concorde vers les Musées qui les hébergent encore aujourd'hui.

Cote :

20160244/1-20160244/350

Publication :

Archives nationales
2016
Pierrefitte-sur-Seine

Informations sur le producteur :

Compagnie nationale Air France
Compagnie nationale Air France. Direction générale (1933-....)
AIR FRANCE ET LE CONCORDE La naissance de la compagnie aérienne Air France remonte au 30 août 1933, jour où le Parlement a voté en faveur de la fusion de quatre entreprises aériennes françaises en une seule. Dès lors, et jusqu'à la privatisation d'Air France en 2004, l'État aura une influence cruciale sur les décisions stratégiques de l'entreprise. À la fin des années 50, des ingénieurs français, anglais, russes et américains travaillent à l'élaboration d'un avion de transport supersonique. Un traité de coopération est signé entre l'Angleterre et la France, le 29 novembre 1962, afin d'avancer conjointement sur ce projet d'envergure. Le 11 décembre 1967, le premier prototype est présenté à Toulouse. Le 2 mars 1969, un premier vol d'essai est organisé. S'en suivent sept années d'un programme d'essais intensif jamais réalisé auparavant pour un avion commercial. Le 21 janvier 1976, Air France et British Airways inaugurent leur premier vol en supersonique respectivement sur les lignes Paris/Dakar/Rio de Janeiro et sur Londres/Bahrein. Le choix de ces destinations est décidé à défaut de pouvoir atterrir aux Etats-Unis du fait d'un blocus américain qui durera jusqu'au 24 mai 1976 pour la ville de Washington et jusqu'au 22 novembre 1977 pour celle de New York. D'autres lignes régulières sont parcourues par le Concorde, notamment Caracas, Mexico ou encore Dallas. Cependant, du fait du coût d'exploitation trop élevé de l'avion supersonique, le Concorde n'est pas rentable pour la compagnie. C'est pourquoi l'exploitation commerciale des lignes régulières s'arrête en 1983 à la ligne Paris/New-York. Parallèlement, des vols spéciaux sont organisés, parmi lesquels de nombreux tours du monde. Le Concorde a aussi été l'avion des vols officiels et a accompagné des chefs d'État internationaux dans leurs voyages diplomatiques tout comme les Présidents Georges Pompidou, Valérie Giscard d'Estaing et François Mitterrand. L'équilibre budgétaire reste toutefois fragile et le crash du Concorde à Gonesse le 25 juillet 2000 a précipité l'arrêt de l'exploitation. Des vols reprennent quelques mois plus tard, cependant, le 11 septembre 2001, les attentats des tours jumelles engendrent une diminution conséquente de la fréquentation de la ligne Paris/New-York. Le 10 avril 2013 l'arrêt de l'exploitation du Concorde est officiellement annoncée par Air France ainsi que par British Airways.
ACTIVITÉ CONCORDE En pièces jointes, les organigrammes des années 1973, 1990, 1999, 2002. Il n'y a pas un « Service Concorde » à Air France mais une activité Concorde qui transparaît à travers un organigramme complexe et changeant. Les activités relatives au Concorde concernent principalement la maintenance et l'entretien technique, la programmation des vols mais aussi la gestion de l'image de marque et l'effort important réalisé autour de la communication. De plus, le Concorde étant un avion éminemment politique, son activité est étudiée au sein même de la Direction d'Air France. Ainsi seront retracés les quelques services qui ont eu un rôle important dans l'activité Concorde. :  :  La direction Générale se reconnaît à son sigle : « DG.DD » qui n'a pas été modifié durant toute l'activité du Concorde et même au-delà.  : Les mentions de l'activité du Concorde remontaient sous forme de rapports ou d'analyses directement en hauts lieux où les décisions stratégiques étaient prises. En effet, l'impact politique était fort, l'État lui-même avait son mot à dire, ayant investi un budget conséquent dans l'exploitation de l'avion. La DG.DD représente aussi le cœur de la compagnie, d'où partent les instructions de communication dans la presse et à l'extérieur. La Direction Générale Historique de l'activitéFonction
:  : 1999/2002 : MEQN, sous la direction de la maintenance (DG.ME), sous la direction de l'Industriel (DG.BL).  : La Maintenance est constituée d'ingénieurs, de techniciens et de mécaniciens qui assurent l'entretien des avions et la révision de tous les équipements aéronautiques. La plupart des effectifs employés sur Concorde travaillaient à la maintenance. Ce service représente le coût d'exploitation le plus élevé pour la compagnie. L'activité de la maintenance peut se découper en deux parties, d'une part les opérations d'entretien préventives, d'autre part les opérations d'entretien supplémentaires en cas de problème décelé ou signalé. Dans le premier cas, l'activité se scinde en trois activités :  : réalisées dans les hangars ou en escale, elles comprennent un examen de toutes les parties fondamentales de l'avion. Une visite de pré-vol est effectuée environ une heure avant le décollage. Les instruments de bord sont un à un vérifiés conformément à une check-list prévue pour chaque type d'avion.  : Il consiste en des inspections détaillées d'éléments de mécanique, de tuyauterie ou de câblage, les performances sont aussi mesurées dans des essais fonctionnels. Ces inspections peuvent immobiliser un avion de quelques heures à plusieurs jours.  : Il consiste en une révision générale de l'avion. Il intervient tous les 3 ans environ pour Concorde en prenant en compte les grandes visites (tous les 6 ans), et les visites intermédiaires, orientées sur des opérations de vérification précises. Les visites de grand entretien immobilisent un avion pendant près d'un mois. L'appareil est démonté, les pièces sont testées et changées au besoin. À l'issue de ces vérifications, réparations et remontages, surviennent des vols de contrôle où toutes les fonctions opérationnelles sont essayées. Le département Concorde de la Maintenance Historique de l'activitéFonctionLes visites journalièresLe petit entretienLe grand entretien
 : : 1975 : DO.VB, sous la direction des Vols longs courriers (DO.VR), sous la direction des Opérations aériennes (DO.ND), sous la Direction des affaires techniques (DGDT). 1999 : EA.OV, sous la direction des Divisions de vol PNT (EA.PN), sous la direction de l'Exploitation aérienne (DG.EA). 2002 : OA.OV, sous la direction des Divisions de vol PNT (OA.PN), sous la direction des Opérations aériennes (DG.OA).  : La Division Concorde est avec 11 autres divisions de vol le cœur du contrôle de l'exploitation interne à la compagnie. C'est la plus petite des Divisions PNT (Personnel Navigant Technique) avec une douzaine de CDB (Commandant de Bord) , une douzaine d'OPL (Officier Pilote de Ligne) et une douzaine d'OMN (Officier Mécanicen Navigant). À sa tête se trouve tout d'abord un chef de Division (secondé par un adjoint sol) responsable de l'ensemble des PNT Concorde comprenant des CDB , OPL et des OMN. Ensuite, un responsable technique qui traite, d'une part, des sujets liés au manuel d'exploitation ( consignes TU (Techniques d'Utilisation , procédures , check-list etc...) avec l'organisme responsable de leur mise à jour, d'autre part, le suivi de la qualité technique de la flotte ( incidents, suivi de Grande Visite (révision générale), organisation de vols d'essais en concertation avec la Maintenance). Un commandant de bord et un mécanicien sont chargés de la formation et des contrôles périodiques ainsi que de l'entraînement des équipages en concertation avec le CFTPN (Centre de Formation du Personnel Navigant) qui fournit les simulateurs et la documentation de formation. Enfin, la Division était également composée d'un OSV (Officier de Sécurité des Vols) ainsi que d'un OPL chargé de mission, notamment dans la préparation des vols spéciaux. Division ConcordeHistorique de l'activitéFonction
 :  : Ce service étant une petite entité, elle n'apparaît pas dans les organigrammes. Cependant, ses attributions sont restées les mêmes tout au long de l'activité Concorde.  : Au sein du service Avions, chaque type d'appareil en service possède un ingénieur Avion qui supervise la technique opérationnelle de l'utilisation de l'avion. Souvent avec l'aide d'un cadre technique, l'ingénieur Avion est responsable de la documentation technique liée à l'utilisation de l'avion et destination des équipages. Il en assure la rédaction à partir des documents constructeur, des réglementations en vigueur et des retours d'expérience de l'exploitation par les équipages. La documentation est constituée principalement du Manuel TU (Techniques d'Utilisation) incluant toutes les procédures Normales Secours et Urgence. De nombreuses taches annexes lui sont également dévolues telles que les échanges avec les Autorités, les constructeurs et motoristes, les calculs de performance, l'analyse des incidents, les échanges avec les services de maintenance et avec la Division Concorde. Poste « Concorde «  du service « Avions » de la Sous-Direction techniqueHistorique de l'activitéFonction
Service des Études de ligne :
 : 1979 : DO.NI sous la direction du Service Ligne et régions (sigle inconnu), sous la Sous direction technique (DO.NR), sous la directions des Opérations aériennes (DO.ND), sous la direction des affaires techniques (DG.DT). 1999 : DTNI, sous la direction des opérations et développement technique (DT.NA), sous la direction Opérations et Qualités (DG.DT). 2002 : OANI, sous la direction des opérations et développement technique (OA.NA), sous la direction des Opérations aériennes (DG.OA).  : Le département OANI (Opérations Aériennes Navigation Infrastructure) comprend plusieurs services dont les principales missions et attributions en fonction du réseau des escales commerciales et des types d'avions exploités. Il est responsable du suivi de l'information aéronautique et de la notification des informations évolutives au sein de chaque service concerné. Il est composé de six services. Deux d'entre eux sont responsables de la cartographie (création et mise à jour de la documentation représentant la structure de l'espace aérien). Le troisième édite les principales réglementations et étudie l'accessibilité des aéroports. Le quatrième service est chargé du calcul et de l'édition des limitations de décollage et d'atterrissage, ainsi que des consignes en cas de pannes moteur selon les caractéristiques des pistes. Un cinquième service s'occupe des études de ligne. Le sixième service s'occupe de la prévision de consommation de carburant ainsi que du développement et l'assistance des outils informatiques. Seul un technicien s'occupait de cette activité pour le Concorde. Monsieur Thierry Laplaige a occupé ce poste de mars 1993 jusqu'au 27 juin 2003. Avant lui, M. Ty et Monsieur Moine ont occupé successivement cette fonction. En fonction des demandes du service Commercial ou du service programmes. Des études de faisabilité technique de projets de lignes étaient réalisées. Cela pouvait concerner des modifications éventuelles dans les vols réguliers tout comme des vols spéciaux commandés par des affréteurs particuliers, des tours du monde et même des vols officiels. Historique de l'activitéFonction
Consulter les documents annexes ci-joint

Informations sur l'acquisition :

Versement
Historique de conservation :
Fonds initialement versé en 2007 au service Archives Patrimoine d'Air France par Thierry Laplaige, responsable de l'activité. Le fonds a été stocké chez un prestataire avant d'être rapatrié en 2010 pour être classé et inventorié.

Description :

Évolutions :
Fonds clos
Critères de sélection :
Le volume initial était de 14 ml. Des doublons et brouillons ont été supprimés à hauteur de 0,3 ml.
Mise en forme :
Le classement de ce versement s'articule en trois parties principales. Une partie sur l'organisation du service et la gestion de l'exploitation des études de ligne avant l'accident de Gonesse en juillet 2000. Une deuxième partie sur l'exposition des études de lignes de vols spéciaux projetées, lancées et/ou réalisées, classées par ordre chronologique selon les dates de projet de lancement des vols entre 1973 et 2003. Le chercheur peut se référer aux cotes 20160244/27 et 20160244/28 pour accéder aux tableaux et calendriers internes qui ont noté l'ordre d'arrivée de chaque nouveau projet et son emplacement sur un emploi du temps. De nombreux dossiers d'études de ligne sont annotées d'un numéros en page de couverture. La correspondance des ces numéros est à chercher directement dans ces tableaux de référencement internes. De même, les étapes sont généralement signalées sous leur nom de code IATA, en trois lettres. Le développement de ces sigles est facilement accessible sur internet. Une troisième partie s'axe sur l'organisation du service après l'accident du Concorde, à savoir les perturbations de l'exploitation qui en résultèrent et les solutions mises en œuvres pour tenter de relancer l'activité.

Conditions d'accès :

Selon les articles L.213-1 à L.213-7 du Code du patrimoine.

Conditions d'utilisation :

Reproduction selon le règlement en salle de lecture.

Langues :

FrançaisAllemandAnglaisEspagnolRusse

Description physique :

Importance matérielle :
17 m.l (350 articles, 51 dimab)

Ressources complémentaires :

, site de Pierrefitte-sur-Seine Archives nationales
20160117/1-20160117/141 : LE Concorde à Air France : les activités de la Direction Générale et de la « Division Concorde » (1961-2003).
, site de Pierrefitte-sur-Seine Archives nationales
20150488/1-20150488/2208: Air France, Archives d'Air Inter (1954-1998)

Références bibliographiques :

BORENTIN (Philippe), Les Vols Concorde, disponible sur . (Consulté le 27 mai 2016)
CHEMEL (Édouard) « La vie du Concorde F-BVFB : Les Concorde d'Air France », Paris, Le Cherche Midi, 2004, 62 p.
Icare, revue de l'aviation française, « Concorde et son histoire », n°164 et 165, S.N.P.L, septembre 2002, 320 p.
MASSÉ (Xavier), « Avion Concorde : De l'évocation en 1943 au dernier vol en 2003 », Paris, Nouvelles Éditions Latines, 2004, 216 p.
SPARACO (Pierre), « Concorde : la véritable histoire », Clichy, Larivière, 2005, 207 p.
TRICOT (Henri), « Concorde : autopsie d'un crash », Paris, Le jardin des livres, 2001, 160 p.
TURCAT (André), « Concorde, essais d'hier, batailles d'aujourd'hui », Paris, Le Cherche Midi, 2000, 353 p.

Localisation physique :

Pierrefitte-sur-Seine

Organisme responsable de l'accès intellectuel :

Archives nationales

Identifiant de l'inventaire d'archives :

FRAN_IR_055053

Liens