Inventaire d'archives : Papiers Joseph Jacques Fouque

Contenu :

On trouvera dans le fonds
Ce gros dossier de 90 pièces représente pour l'essentiel le dossier que Joseph Jacques Fouque, ex-président du tribunal criminel de Vaucluse sous la Terreur, a constitué pour assurer sa défense contre les attaques et les poursuites judiciaires dont il a fait l'objet, après le 9 Thermidor, de fructidor an II à ventôse an VI. Il comprend plusieurs mémoires justificatifs, écrits de l'an III à l'an VI, dont certains furent imprimés, et des pièces originales venant à l'appui de ses dires : attestations, correspondance.
Quelques notes historiques de son petit-fils, ainsi qu'une édition incomplète du livre de F.Sauve sur le Club des jacobins d'Apt, complètent ce fonds.

Cote :

201 J 1-27

Publication :

Archives départementales de Vaucluse
2021
Avignon

Informations sur le producteur :

Éléments historiques
Joseph Jacques Fouque est né à Moustiers le 27 février 1761 et fut baptisé le lendemain.
Son père, Joseph Fouque (1714-1800) est un faïencier réputé de Moustiers, attesté dans cette localité dès son apprentissage en 1739, qui fonde sa faïencerie, s'associe avec Jean-François Pelloquin, rachète seul, en 1783, la célèbre fabrique de Clerissy et la fait prospérer ; en 1790, il est élu maire de Moustiers et décède très âgé dans sa ville, en 1800, laissant la conduite de son établissement à son fils aîné Gaspard Fouque (1757-1843).
Son fils second, Joseph Jacques, apprend le métier de faïencier à Marseille, avant de rejoindre l'atelier de son père à Moustiers en 1783. Peu après, il part pour Apt travailler chez le faïencier Barthélemy Moulin et s'y établit en 1788 ; il s'associe à ce dernier, et épousera sa fille, Rosalie Moulin, en 1791.
Aux débuts de la Révolution, Fouque défend vite les idées nouvelles. Membre de la garde nationale, fondateur avec Lauze du Perret (futur député) de la Société populaire d'Apt, il est élu en 1790 maire d'Apt (réélu en septembre 1792) et se fait remarquer par ses prises de position avancées. Le 9 décembre 1792, il devient président du tribunal de district ; il passe pour le chef local du parti montagnard.
En 1793, à la création du département de Vaucluse, Fouque est élu président du tribunal criminel établi à Avignon, chef-lieu du nouveau département ; il est installé avec ses collègues le 4 septembre 1793. Dans ses nouvelles fonctions, Fouque participe à la poursuite et à la mise en examen de suspects ; le tribunal criminel de Vaucluse prononce, sous sa présidence en 1793-1794, plusieurs condamnations à mort. En floréal an II, le tribunal se transporte à Bedoin avec la guillotine, sur ordre du représentant Maignet, pour réprimer un acte jugé contre-révolutionnaire ; 63 personnes sont exécutées en quelques jours et le village est détruit. Fouque compte parmi les responsables de cette expédition, même s'il n'en est pas le commanditaire ; cette implication lui sera fortement reprochée après le 9 Thermidor. Remarqué par Maignet, Fouque ne figure cependant pas parmi les juges appelés à siéger à la Commission populaire d'Orange, ce tribunal révolutionnaire établi le 21 floréal an II par le comité de Salut public "pour juger les ennemis de la Révolution" et qui supplanta durant les mois de messidor et thermidor an II le tribunal criminel, expédiant à la guillotine plus de 300 victimes. Durant ces quelques mois de la Terreur rouge, Fouque se replie à Apt où il met en oeuvre les mesures anti-religieuses exigées par Maignet, serait à l'origine d'un certain nombre d'arrestations, et intervient fréquemment à la société populaire. A la fin de messidor an II, le représentant du peuple Maignet l'appelle à Marseille, et l'envoie à Salon épurer les différentes instances administratives ; il devait partir pour une même mission à Aix, lorsqu'arriva l'annonce de la chute de Robespierre au 9 thermidor.
Fouque donne sa démission de membre du tribunal criminel de Vaucluse en vendémiaire an III et s'empresse d'accepter un poste de secrétaire du tribunal militaire près l'armée d'Italie établi à Nice. Il y exercera quelques mois, se croyant à l'abri de toutes représailles. Mais sa réputation de "terroriste" et de "jacobin" le rattrape ; ses ennuis judiciaires ne font que commencer.
Accusé par la rumeur publique d'avoir compté parmi ceux qui envoyèrent au tribunal révolutionnaire d'Orange plusieurs habitants d'Apt, il doit se justifier auprès des nouveaux représentants du peuple, dont Goupilleau, qui refusent de l'entendre ; il réitère peu après dans sa défense auprès du représentant Jean Debry, sans guère de résultat.
Au cours de l'an IV, il se fait discret, se cache même, mais subit des représailles. Sa faïencerie est mise à sac le 29 ventôse an V après une visite domiciliaire.
En prairial an V, une ordonnance de prise de corps est lancée contre lui par le directeur du jury de l'arrondissement d'Apt, pour attentat contre la sûreté publique et le 21 fructidor, une décision de déchéance et de séquestre de ses biens est prononcée par contumace. Il évite un temps les poursuites, mais il est rattrapé et écroué à Carpentras le 28 pluviôse an VI ; il comparait en ventôse an VI devant le tribunal criminel (qui siège alors à Carpentras). Toutefois, les charges s'avèrent insuffisantes, et Fouque est acquitté puis mis en liberté le 12 ventôse an VI.
Fouque décide alors de quitter Apt. De germinal à prairial an VII, lui-même ainsi que son beau-père Barthélemy Moulin, vendent tous leurs biens ; c'est sa soeur, Claire Fouque (épouse Arnoux), faïencière elle aussi, qui reprend à son tour la fabrique d'Apt (par la suite, sous l'Empire, elle rejoindra son frère avec son fils à Toulouse).
Joseph Fouque part avec sa famille s'établir à Toulouse pour se faire oublier ; il y poursuit ses activités, reprend une fabrique de faïence dont il devient le seul propriétaire en 1808, fonde un magasin à Toulouse, rue de la Pomme, et s'associe son neveu devenu son gendre Arnoux ; la manufacture Fouque-Arnoux de Toulouse va occuper jusqu'à plus de 60 ouvriers et fabrique de la faïence dite terre de pipe ou façon anglaise ; les deux fils de Joseph Fouque entrent également dans l'association. Peu avant sa mort, Fouque prospecte des sites dans les Pyrénées en vue d'exploiter les ressources en kaolin pour fabriquer de la porcelaine façon Sèvres. En 1829, le site de Valentine, dans le sud du département de la Haute-Garonne, près de Saint-Gaudens, est retenu, mais ce sont ses successeurs qui créent en 1830-1832, la fabrique de porcelaine - seule fabrique de porcelaine dure du Midi de la France - qui connut un vif succès par sa production bleutée.
Joseph Fouque décède à Toulouse le 17 octobre 1829.
Son fils Gustave Fouque lui succéde au magasin de Toulouse, et son autre fils, Henri, lance avec son beau-frère Arnoux la manufacture de porcelaine de Valentine. Quant à sa fille, Marie-Rosalie dite Miette, qui a épousé en 1813 son cousin Antoine Arnoux, fils de faïenciers, de suite associé à son beau-père, elle poursuit la lignée des faïenciers.
Charles Fouque (+ 1930), petit-fils de Joseph et fils de Gustave, fut expert en objets mobiliers près les tribunaux à Toulouse ; il réalisa des recherches sur les faïences et sur sa famille, dont il avait classé les archives.

Informations sur l'acquisition :

Informations sur les modalités d'entrée
Achat (2018)
Historique de conservation :
Historique de la conservation
Les papiers réunis par Joseph Jacques Fouque ont été conservés par ses descendants, établis comme lui à Toulouse, et ont été succinctement classés par Charles Fouque, petit-fils de Joseph, vers 1900. D'après la bibliographie, le fonds d'archives était plus conséquent et comprenait aussi de la correspondance lorsque dans les années 1930 Marcel Provence fait état de ses contacts épistolaires avec la famille Fouque. Ce fonds, comme celui de la fabrique de faïence et de porcelaine Fouque-Arnoux aurait été dispersé quelques années plus tard. Quelques documents sont conservés dans les musées de Toulouse et de Saint-Gaudens.

Conditions d'accès :

Modalités d'accès
Fonds classé. Fonds communicable (numérisation réalisée en 2021)

Description physique :

Description physique: Document d'archives

Nombre d'éléments
Nombre d'éléments: 27 articles
Métrage linéaire
Métrage linéaire: 0,10

Ressources complémentaires :

Sources complémentaires aux archives départementales de Vaucluse
Fonds de l'administration départementale :
1 L 80 : assemblées électorales, dont procès-verbal d'élection des membres du département de Vaucluse et du tribunal criminel (24-30 août 1793) ; exemplaire imprimé du procès-verbal (9 J 7).
1 L 383 : lettres de Fouque, président du tribunal criminel, au directoire du département (an II).
Fonds du tribunal criminel de Vaucluse :
7 L 2 : organisation du tribunal, désignation des juges (1793-an II).
7 L 3 : registre des délibérations et procès-verbaux (1793-an VIII).
7 L 51 : dossier de procédure de l'affaire de Bedoin : notes de Fouque, arrêtés de Maignet, interrogatoires des prévenus (floréal an II).
7 L 69 : dossier de procédure contre Joseph Jacques Fouque, poursuivi pour conspiration contre la sûreté individuelle (prairial an V-ventôse an VI). La procédure s'est terminée par une décision d'acquittement et de mise en liberté le 12 ventôse an VI.
Sources complémentaires hors archives départementales de Vaucluse
Archives municipales d'Apt :
délibérations municipales (1790-1793).

Références bibliographiques :

Bibliographie
Provence (Marcel), "Le faïencier Fouque, de Moustiers à Apt et à Valentine", in Tablettes d'Avignon, n°366, 7 mai 1933, p. 1-3..
Suau, "Le faïencier Fouque, de Moustiers à Apt", in Tablettes d'Avignon, n°370, 4 juin 1933, p. 4-5.
Chobaut (Hyacinthe), "Le faïencier Fouque, de Moustiers à Apt et en Vaucluse", in Tablettes d'Avignon, n°372, 18 juin 1933, p. 3-4.
Maurizot (Jean-Louis), "Claire Fouque dite la veuve Arnoux, de Moustiers à Apt puis à Toulouse", in Archipal, n° 65, dfécembre 2009, p. 71-80.
Dumas (Marc), Les faïences d'Apt et de Castellet. Aix, Edisud, 1990. 139 p.
Requin (Henri), Histoire de la faïence artistique de Moustiers. Paris, 1903.
Curnelle (Robert), Porcelaine et faïence de Valentine : les hommes et les métiers. Paris, Massin, 1999.
Une terre de Provence sous la Révolution. Le pays d'Apt. Apt, Archipal, 1990. 446 p.
Sauve (Fernand), Le Club des Jacobins d'Apt. Analyse des procès-verbaux des sxéances du 13 février 1791 au 28 messidor an II. Apt, Lanet, 1905-1906. 130 p.
Vaillandet (Pierre), "L'affaire de Bedoin", in Mémoires de l'Académie de Vaucluse, 2e série, t. XXX,, 1930, p. 1-64.

Identifiant de l'inventaire d'archives :

FRAD084_IR0001721

Personnes :

Fouque, Joseph Jacques

Type de document :

Document d'archives

Archives départementales de Vaucluse

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