Page d'histoire : Tenue du 5e concile d’Aix-la-Chapelle Été 817

Représentation de Saint-Arnoult, patron des brasseurs

« Le moine moissonneur », initiale historiée (lettre Q), détail de Moralia in Job de Grégoire le Grand, miniature du scriptorium de l’abbaye de Cîteaux, vers 1111, Dijon, collection bibliothèque municipale de Dijon.

À la mort de Charlemagne en 814, son fils unique Louis le Pieux entendit bien poursuivre l’oeuvre de réforme de l’Église et de la société engagée par son père. Le point d’orgue de cette entreprise fut l’assemblée d’abbés et d’évêques réunie à l’été 817 dans la grande salle de réception du palais d’Aix-la-Chapelle. Ce concile compléta et précisa un ensemble de décisions déjà adoptées l’année précédente. Il s’agissait d’abord de généraliser dans tous les monastères carolingiens d’Aquitaine, de Francie, de Germanie et d’Italie l’adoption de la règle authentique de saint Benoît de Nursie (VIe siècle) telle qu’elle avait déjà été adressée à Charlemagne par l’abbé du Mont-Cassin.

Pour cela, un long travail de réflexion avait été engagé par l’abbé Benoît d’Aniane (en Languedoc), principal conseiller de Louis le Pieux lorsque celui-ci était à la tête du royaume d’Aquitaine. L’abbé d’Aniane avait montré que le choix de la règle de saint Benoît, brève et claire, ne visait pas à supprimer les autres traditions monastiques léguées par les moines orientaux, provençaux, ou encore irlandais, mais qu’elle en constituait en quelque sorte l’aboutissement le plus équilibré puisqu’elle partageait équitablement la vie des moines entre trois activités : le travail manuel, la méditation personnelle (lectio divina) et les offices communautaires (opus Dei).

En même temps, les participants au concile de 817 considérèrent que la vie monastique n’était pas le seul modèle de vie religieuse et qu’une règle plus souple devait être proposée aux clercs en contact avec les laïcs. Connue sous le nom d’Institution des chanoines, elle fut principalement destinée aux communautés de clercs qui, réunies autour des cathédrales, participaient avec l’évêque au gouvernement du diocèse. Une règle spécifique fut également adaptée pour les religieuses.

La réforme des monastères carolingiens entrait dans un programme plus large d’unification politique, culturelle, religieuse et liturgique destiné à assurer la pérennité de l’Empire. Les moines adressaient à Dieu leurs prières à l’intention du salut de ses gouvernants et de ses habitants. Il y eut aussi des implications économiques car il fallait rationaliser les ressources des monastères pour les affecter aux missions prévues par la règle de saint Benoît : la subsistance des moines, la liturgie et l’accueil des hôtes. La réforme fut cependant assez lente à se mettre en place en raison des résistances de communautés attachées à leurs traditions. Un nouveau concile se tint à Aix à l’hiver 818-819. Au fil des ans, du Maine à la Saxe et de la Frise à l’Italie centrale, la plupart des monastères finirent par adopter la règle de saint Benoît revue par Benoît d’Aniane. Père de l’Europe selon le titre que lui a décerné le pape Paul VI en 1964, Benoît de Nursie ne l’a certes pas été de son vivant, mais bien en raison de la diffusion de sa règle voulue par le concile de 817.

 

Charles Mériaux
professeur d’histoire du Moyen Âge université de Lille

 

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Source: Commemorations Collection 2017

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