Page d'histoire : Marie Curie Varsovie (Pologne), 7 novembre 1867 – Sancellemoz (Haute-Savoie), 4 juillet 1934
Inhumée à Paris au Panthéon des grands hommes de la nation en 1995, Marie Sklodowska Curie représente en France le symbole de la femme scientifique. Maria est née il y a cent cinquante ans, à Varsovie en Pologne. Dernière des cinq enfants de Wladyslaw Sklodowski (1832-1902), professeur de physique et de mathématiques, et de Bronislawa Boguska (1835-1878), directrice d’une des meilleures pensions de jeunes filles, la jeune Maria grandit dans un milieu où les sciences sont à l’honneur.
En octobre 1891, Maria Sklodowska arrive à Paris et s’inscrit à la faculté des sciences sous le prénom de Marie. Après une licence de physique obtenue au premier rang en 1893, elle sort troisième de la licence de mathématiques l’année suivante. Au printemps 1894, elle rencontre Pierre Curie, physicien reconnu avec son frère Jacques pour ses travaux sur la piézoélectricité. Pierre Curie est alors préparateur de physique à l’École municipale de physique et chimie industrielles de la Ville de Paris (EMPCI). Ils se marient le 25 juillet 1895 à la mairie de Sceaux.
Après la naissance de leur fille Irène, le 12 septembre 1897, Marie décide de commencer une thèse de physique sur les propriétés des rayons uraniques, découverts un an plus tôt par Henri Becquerel (1852-1908). Elle montre que cette émission spontanée de rayonnement provient du noyau de l’atome et lui donne le nom de « radioactivité ». Avec Pierre, qui l’a rejointe dans ses travaux, ils annoncent la découverte du polonium le 18 juillet 1898, et, avec Gustave Bémont, du radium le 26 décembre.
Pour ces découvertes, Pierre et Marie Curie reçoivent avec Henri Becquerel le prix Nobel de physique en 1903.
L’université de Paris crée alors pour Pierre Curie une chaire de physique à la faculté des sciences de Paris en octobre 1904. Marie Curie est nommée chef de travaux du laboratoire lié à la chaire. Elle accouche de leur seconde fille, Ève, en décembre.
Le 19 avril 1906, Pierre Curie meurt renversé par un attelage rue Dauphine. Marie Curie reprend l’enseignement de la physique de son mari et le remplace comme directrice du laboratoire. Il vient juste d’être agrandi pour permettre l’accueil d’étudiants.
La chaire de Pierre déclarée vacante, Marie Curie devient le 16 novembre 1908 la première femme professeur titulaire de l’Université en France. Continuant ses recherches, elle isole le radium-métal en 1910 avec André Debierne (1874-1949).
En novembre 1910, contre l’avis de l’Institut de France, l’Académie des sciences accepte la candidature que Marie Curie lui a soumise sous la pression de ses proches. Le grand savant Édouard Branly l’emporte de deux voix. Elle ne se représentera jamais.
Le 10 décembre 1911, elle obtient le prix Nobel de chimie « en reconnaissance de ses services dans le progrès de la chimie par la découverte des éléments radium et polonium, par l’isolation du radium et l’étude de la nature et des composés de cet élément remarquable ».
Toujours avec Debierne, elle prépare l’étalon international de radium qui sera déposé au Bureau international des poids et mesures en 1913.
Août 1914, alors que s’achèvent les travaux de construction de son nouveau laboratoire à l’Institut du radium rue Pierre-Curie, la Première Guerre mondiale éclate. Marie Curie participe alors à l’organisation du service radiologique des armées à travers l’installation de postes radiologiques fixes ou mobiles (une vingtaine de véhicules, surnommés a posteriori les « petites Curie »). À partir de 1916, elle forme des infirmières spécialisées et élabore des ampoules de radon pour l’aseptisation des plaies.
Avec la fin de la guerre, l’Institut du radium reprend ses recherches et devient un modèle dans l’étude des rayonnements et de leurs applications dans la lutte contre le cancer. Marie Curie est élue membre libre de l’Académie de médecine en 1922, alors qu’ouvrent les premiers dispensaires de la Fondation Curie qu’elle a créée avec Claudius Regaud (1870-1940), codirecteur de l’Institut du radium. Soucieuse de l’internationalisme de la science et de la culture, Marie Curie s’engage aux côtés d’Albert Einstein (1879-1955) et d’Henri Bergson (1859- 1941) dans la Commission internationale de coopération intellectuelle de la Société des nations à Genève.
Marie Sklodowska Curie s’éteint le 4 juillet 1934 à Sancellemoz en Haute-Savoie. Elle put assister à la découverte faite par sa fille Irène et son gendre Frédéric Joliot du phénomène de radioactivité dite artificielle. Pour cette découverte, ils recevront en décembre 1935 le prix Nobel de chimie.
Natalie Pigeard-Micault
responsable des ressources historiques du musée Curie (CNRS / Institut Curie)
Pour aller plus loin...
- Marie Curie est la première femme à recevoir le prix Nobel et la seule à en avoir obtenu deux. Elle est également la première femme professeur à la Sorbonne.
- Elle a découvert le radium et le polonium dans un laboratoire mis à sa disposition par l'École supérieure de physique et de chimie industrielles de la Ville de Paris (ESCPI), à laquelle elle était rattachée et qui conserve son dossier personnel.
- L'Institut national de l'audiovisuel (INA) propose d'écouter l'extrait d'un enregistrement de Marie Curie évoquant les conditions de la découverte du radium dans son laboratoire qui était des plus sommaires.
- Après l'obtention du prix Nobel, le couple Curie travaille dans un nouveau laboratoire, devenu le musée Curie. Y sont conservés les archives et le fonds photographique de l'Institut du Radium et de la Fondation Curie dont est issu l'Institut Curie, ainsi que le fonds photographique de l'association Curie et Joliot-Curie. Le catalogue des archives du musée et celui des photographies de l'association sont accessibles sur Calames, le catalogue en ligne des archives et des manuscrits de l'Enseignement supérieur. Le musée a également préparé une exposition virtuelle sur la scientifique, diffusée par l'Université Paris Sciences et Lettres (PSL).
- France Culture a rassemblé une série de documentaires illustrés d'archives sonores sur Marie Curie : sa vie, ses collaboratrices, une lettre écrite à un journaliste au lendemain de l'obtention de son premier prix Nobel...
- Si elle dut partager le prix Nobel de physique avec son époux Pierre et Henri Becquerel, elle reçut seule le prix Nobel de chimie en 1911. Le discours qu'elle prononça lors de la remise de son prix est diffusé par la Fondation Nobel.
- Ses restes, ainsi que ceux de Pierre Curie, ont été transférées au Panthéon en 1995 : l'INA y consacre un dossier.
Mais aussi...
- Pendant la première guerre mondiale, Marie Curie a créé des unités radiologiques mobiles en équipant du matériel nécessaire dix-huit camionnettes légères, les fameuses Petites Curies. Elle même, après avoir obtenu son permis de conduire, est partie régulièrement sur le front, aidée par sa fille Irène, et a formé des aide-radiologistes à l'Institut du Radium. La Bibliothèque Clermont Université de l'Université Clermont-Auvergne consacre une page spéciale aux P'tites Curies ; celle de la Cité des Sciences propose au jeune public de découvrir leur histoire racontée par deux Poilus.
- Les archives privées de Pierre et Marie Curie et les cours de physique donnés par Marie Curie à l'École normale supérieure de Sèvres entre 1900 et 1906 sont conservées à la Bibliothèque nationale de France, au département des Archives et Manuscrits. Les archives privées du couple ont été numérisées et sont accessibles sur Gallica, la bibliothèque numérique de la Bibliothèque nationale de France.
- L'Institut du Radium dépendait du Rectorat de Paris : ses archives sont conservées par les Archives nationales.
- Le musée Curie propose des visites thématiques : Mesurer la radioactivité : la méthode Curie, Femmes en sciences et en médecine au temps de Marie Curie, Chez Madame Curie à l’Institut du Radium, Marie Curie et le radium et Le jardin de Marie Curie
Source: Commemorations Collection 2017