Page d'histoire : Anne de Montmorency Chantilly (Oise), 15 mars 1493 – Paris, 12 novembre 1567

Le Connétable Anne de Montmorency, âgé de 22 ans, dessin de Jean Clouet, 1514, Chantilly, musée Condé.

 

Compagnon d’enfance de François Ier qui le fait maréchal de France en 1522, grand maître en 1526 et connétable en 1538, Anne de Montmorency est créé duc et pair par Henri II en 1551 : il aura assuré sous les règnes de ces deux souverains, entre 1526 et 1559, les fonctions d’un véritable Premier ministre, en dehors d’une période de disgrâce entre 1541 et 1547. Plus homme d’État que stratège militaire, il accompagne la mise en place des secrétaires d’État et conduit particulièrement l’administration intérieure et les affaires diplomatiques du royaume. Tout aussi passionné d’art et de littérature que François Ier, il emploie Rosso, Goujon, Jean Cousin et l’architecte Jean Bullant ; dans le domaine de la céramique, il fait appel le premier à Masséot Abaquesne et Bernard Palissy pour le décor de son château d’Écouen, devenu musée national de la Renaissance en 1977. Écarté du gouvernement à l’avènement de François II et de Marie Stuart, il retrouve un rôle de premier plan lors de la régence de Catherine de Médicis, aux côtés du duc François de Guise et du maréchal de Saint-André. Le déclenchement des premières guerres de Religion le place dans une situation délicate, ses propres neveux, les frères Châtillon (Gaspard, amiral de Coligny, François d’Andelot et Odet, cardinal-évêque de Beauvais) prenant la tête du parti réformé aux côtés du prince Louis de Condé. Malgré sa capture à la bataille de Dreux en 1562, les disparitions successives de François de Guise puis d’Antoine de Bourbon-Vendôme le font revenir près de Catherine de Médicis et du secrétaire d’État Claude de L’Aubespine. Lorsque les troupes de Condé cherchent à s’emparer de la personne de Charles IX lors de la « surprise de Meaux », contraignant le jeune roi et sa mère à chercher refuge à Paris, Anne de Montmorency rassemble l’armée royale pendant que les protestants occupent Saint-Denis. Après plusieurs mois de négociations et d’escarmouches, sous la pression des Parisiens qui craignent la famine, le connétable fait sortir l’armée de Paris le 10 novembre 1567 pour attaquer les réformés déployés entre Saint-Ouen et Aubervilliers. Malgré leur supériorité numérique, les troupes catholiques échouent sur les ailes, alors que Condé fait charger sa cavalerie au centre : Anne de Montmorency est mortellement blessé au cours de la mêlée qui s’ensuit. Transporté à Paris, il meurt le 12 novembre 1567, âgé de soixante-quatorze ans. Catherine de Médicis le fait honorer d’obsèques royales. Après une messe solennelle à Notre-Dame de Paris, son corps est transporté à la collégiale Saint-Martin de Montmorency où sa veuve, Madeleine de Savoie, lui fait élever un tombeau confié à Jean Bullant et à Barthélemy Prieur, détruit à la Révolution (les gisants sont au musée du Louvre) ; les mêmes artistes érigent dans la chapelle d’Orléans aux Célestins de Paris un monument du coeur du connétable, à côté de celui de son souverain et ami Henri II (au musée du Louvre). Plusieurs « tombeaux poétiques » sont publiés à sa gloire. L’inventaire de son hôtel parisien, dressé en 1568, décrit une exceptionnelle collection de livres et d’oeuvres d’art.

Thierry Crépin-Leblond
conservateur général du patrimoine
directeur du musée national de la Renaissance

Pour aller plus loin...

Anne de Montmorency a fait construire le chateau d'Écouen, aujourd'hui musée national de la Renaissance.

Source: Commemorations Collection 2017

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