Page d'histoire : Ouverture des premières salles du musée des Antiquités nationales 12 mai 1867

Vue de la salle I du musée des Antiquités nationales, tirage sur papier albuminé, non signé, vers 1867, Saint-Germain-en-Laye, musée  d’Archéologie nationale et domaine national de Saint-Germain-en-Laye.

Le dimanche 12 mai 1867, l’empereur Napoléon III vient en personne inaugurer le musée des Antiquités celtiques et gallo-romaines dont il a ardemment souhaité la création. L’ancien carbonaro pétri de saint-simonisme se passionne pour les découvertes archéologiques. Il se rend à plusieurs reprises à Alésia, visite Bibracte, institue la Commission de la topographie des Gaules chargée d’identifier les sites et les ressources nécessaires à l’écriture de son Histoire de Jules César (1865) et s’appuie sur les conseils d’un Prosper Mérimée en ces temps où s’esquisse une politique nationale de l’archéologie. 

Des pluies diluviennes accompagnent le cortège impérial, alors même que les rues de la ville sont pavoisées et qu’un vélum bordé d’arbustes protège le pont. En présence du comte de Nieuwerkerke, directeur des musées impériaux, du directeur Alexandre Bertrand, d’Eugène Millet, l’architecte de la restauration, et de son officier d’ordonnance, Verchère de Reffye, qui a dirigé la reconstitution des machines de guerre romaines exposées au rez-de-chaussée, l’empereur se fait offrir la clé des salles avant de les parcourir au pas de course. Le château de Saint-Germain-en-Laye, dont seule la partie nord-ouest – qui donne sur les jardins et la perspective des Loges – a été partiellement restaurée, abrite un musée qui compte alors sept salles, dont la spectaculaire salle du Trésor, rassemblant « le médaillier, les pierres gravées et tous les objets de matière précieuse ». En 1867, l’inventaire enregistre déjà 7 601 numéros, les objets provenant des fouilles engagées – parfois même financées – par l’empereur mais aussi de dons, à l’image de celui de Frédéric VII de Danemark ou de ceux des premiers préhistoriens. Bustes des donateurs, moulages, maquettes, cartes, plans, tableaux, mais aussi photographies et cartels « instruisent » déjà les visiteurs sur cette nouvelle science qu’est l’archéologie française dont l’histoire a été en grande partie écrite dans un musée appelé à « contenir les archives archéologiques de la France, avec termes de comparaison étrangers […] depuis les temps les plus reculés jusqu’à l’époque mérovingienne inclusivement ». Fruit d’un choix politique – l’empereur vient à cinq reprises au musée –, le musée s’inscrit dans un processus européen, celui de la mise en place de récits fondateurs nationaux et de la création d’institutions dédiées aux vestiges matériels les illustrant, à l’exemple du musée créé par Christian Jürgensen Thomsen à Copenhague en 1807 ou du Musée romain-germanique de Mayence en 1852.

Hilaire Multon

directeur du musée d’Archéologie nationale – Domaine national de Saint-Germain-en-Laye

 

 

Pour aller plus loin...

Lire aussi Création du musée des Antiquités nationales (Commémorations nationales 2012).

Source: Commemorations Collection 2017

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