Page d'histoire : Georges Guétary Alexandrie (Égypte), 8 février 1915 – Mougins (Alpes-Maritimes),13 septembre 1997

D’origine grecque, Lambros Worloou arrive à Paris en 1935 pour rejoindre son oncle, Tasso Janapoulo, pianiste classique. Chanteur dans l’orchestre de Jo Bouillon en 1937, Mistinguett le prend parmi ses partenaires et le baptise Georges Lambros.

En 1941, il se révèle comme chanteur de charme sous le nom de Georges Guétary, grave ses premiers disques, débute dans l’opérette et au cinéma. Sa rencontre avec le compositeur Francis Lopez en 1943 est déterminante, car elle donne naissance à un répertoire sur mesure. Son physique de jeune premier et sa voix d’or lui valent de nombreux engagements dans des films musicaux dont la postérité retiendra surtout quelques chansons.

Sa carrière internationale démarre en 1947 : il crée à l’Adelphi Theatre de Londres l’opérette Bless the bride. Début 1949, il part chanter au Québec. Puis il retourne à Londres pour jouer la revue Latin Quarter au London Casino. L’année suivante, il tient le premier rôle de la comédie musicale Arms and the girl au Theater Guild de New York et remporte le titre de « meilleur artiste étranger » à Broadway.

Juin 1950 : à l’instigation de Gene Kelly, il signe avec la MGM pour tourner à Hollywood dans le lm de Vincente Minelli : Un Américain à Paris, dont la musique est empruntée à l’oeuvre de George Gershwin. Le lm ayant obtenu six oscars, Guétary se voit proposer un contrat de neuf ans à Hollywood... auquel il préfère sa liberté.

Rentré en France en 1951, Guétary y fera l’essentiel de sa carrière, entre cinéma et opérettes. On se souvient de La Route fleurie, avec Bourvil, qui triomphe quatre ans à l’ABC, de Pacico à la Porte Saint-Martin, ou de Monsieur Carnaval qui reste deux ans au Châtelet. À partir de la n des années 1960, Georges vit à Cannes avec sa femme, la productriceJanine Guyon, et leurs deux enfants. Il se produira cependant jusqu’à la n de sa vie.

Artiste émigré à l’accent indénissable, naturalisé au début des années 1950, Georges Guétary a incarné aux yeux du monde le Français de cette époque. Ses qualités vocales et son aisance sur scène en rent un ténor adulé du public féminin dans un genre déclinant, l’opérette populaire, dont il a ni par devenir prisonnier. Son répertoire continue néanmoins à scintiller dans l’histoire de la chanson française.

Martin Pénet, journaliste, historien du monde du spectacle

Source: Commemorations Collection 2015

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