Page d'histoire : Albertine Sarrazin Alger (Algérie), 17 septembre 1937 – Montpellier (Hérault),10 juillet 1967

Disparue avant son trentième anniversaire, Albertine Sarrazin aurait en 2017 quatre-vingts ans. Un jour d’été, dans la chaleur languedocienne, la malchance qui l’aura poursuivie toute sa brève existence l’a arrachée à son immense succès littéraire. D’une opération, elle ne se réveillera pas. 1965. En l’espace de quelques semaines, elle était devenue célèbre avec ses deux premiers livres, La Cavale et L’Astragale, publiés presque simultanément chez Jean-Jacques Pauvert. Ces écrits racontaient son existence tumultueuse, aventureuse, amoureuse. Si le tableau était sombre – Assistance publique, adoption ratée, enfermement, fugue, hold-up, prostitution, prison, évasion, arrestations, libération ; au total, huit années de prison –, il était éclairé cependant par l’amour de Julien, rencontré en 1957. Et puis, tout s’illuminait par la grâce de l’écriture, à laquelle elle n’avait jamais cessé de croire (poèmes, journal, « biftons », nouvelles). Sa voix s’entend toujours dans ses textes, une voix demeurée fraîche, qui n’en nit pas de séduire ses lecteurs. Son style mêle classicisme et argot, rigueur et familiarité, tendresse et humour. Plus encore que ses autres ouvrages, L’Astragale, roman parfait, a été traduit dans le monde entier, enregistré, adapté en bande dessinée. L’Astragale et La Cavale ont été portés à l’écran, ses poèmes sont devenus des chansons, les rééditions de son œuvre ne se comptent plus.

Jacques Layani, écrivain

Source: Commemorations Collection 2017

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