Page d'histoire : Jacques Lemercier, architecte et ingénieur du roi Pontoise, av. 1586 - Paris, 13 janvier 1654

Jacques Lemercier devant la chapelle de la Sorbonne construite
entre 1635 et 1653
Philippe de Champaigne, huile sur toile
Châteaux de Versailles et de Trianon
© RMN / Gérard Blot

Commentant les tombeaux des personnes illustres enterrées à Saint-Germain-l’Auxerrois, l’historien de Paris Henri Sauval saluait en Lemercier, un an après sa mort, « le premier architecte de notre siècle ».

Dix ans plus tôt, Philippe de Champaigne signait un portrait, où l’architecte était peint à mi-corps, sous un portique à colonnes où s’encadrait la façade sur cour de la chapelle de la Sorbonne, son chef-d’œuvre tout juste achevé. Nous connaissons une médaille d’ Androuet du Cerceau, un portrait gravé de Delorme (et d’autres), mais ce tableau, le plus ancien portrait peint d’un architecte français qui ait été conservé, témoigne de la conscience nouvelle de la place des architectes et de l’architecture dans la culture française.

Issu d’une dynastie de maîtres maçons de Pontoise, après un séjour de plusieurs années à Rome, Lemercier s’impose comme le successeur de Salomon de Brosse (mort en 1626) au service de la reine-mère, Marie de Médicis, au Louvre et au Luxembourg, puis comme l’architecte du cardinal de Richelieu (palais Cardinal, ville et château de Richelieu, chapelle de la Sorbonne, etc.), comme de plusieurs de ses “créatures”. Premier architecte du roi à partir de 1638 sous le ministère de Sublet de Noyers, il dirige la relance des travaux du Louvre (pavillon dit de l’Horloge). Sous la régence d’Anne d’Autriche, il est appelé à conduire les travaux du Val-de-Grâce, lorsque la reine écarte François Mansart.

Marqué par la tradition familiale (stéréotomie des voûtes dans la grande salle du Louvre), par la leçon de Salomon de Brosse (Richelieu est une variation spectaculaire sur le Luxembourg), par ses expériences romaines (églises de l’Oratoire, de la Sorbonne, de Richelieu et de Rueil), plus professionnel que Le Muet, moins inventif que Mansart, moins affairiste que Le Vau, Lemercier contribue à l’épuration du style architectural de la Renaissance, mais il joue aussi un rôle décisif, moins connu, dans l’évolution du jardin français avant Le Nôtre (jardins de Montjeu, de Richelieu et de Rueil).

Claude Mignot
professeur à l’université de Paris IV - Sorbonne

Source: Commemorations Collection 2004

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