Page d'histoire : Installation de l'Institut au collège des Quatre-Nations 20 mars 1805

Vue de l'intérieur de l'Institut de France
gravure à la manière de Jean-François Janinet, 1810
châteaux de Versailles et de Trianon
© RMN/Gérard Blot

Le 20 mars 1805, par décret du 20 ventôse an XIII, Napoléon ordonnait le transfert de l’Institut du palais du Louvre, où il logeait jusqu’alors, au collège des Quatre-Nations. À l’époque, ce transfert d’une rive à l’autre de la Seine que venait de faciliter le lancement de la passerelle des Arts (1802-1804) par dessus le fleuve ne se comprenait qu’à titre provisoire. C’était au Louvre que les académies se rassemblaient sous l’Ancien Régime, ce fut de là qu’elles furent chassées en 1793, ce fut en ce lieu que l’Institut fut convié pour la première fois le 6 décembre 1795 et ce fut dans la salle des cariatides qu’en présence des cinq directeurs il fut réuni pour sa première séance au complet, c’était donc là qu’il devait revenir une fois terminés les travaux qui avaient motivé son départ. Mais il fallait compter avec le puissant directeur du Musée, Vivant Denon, acharné à la réalisation du rêve de la Convention, l’installation à Paris d’un muséum universel : le Louvre fut affecté aux trésors artistiques. L’Institut demeura dans les murs de Mazarin.

À cette date, les membres de l’Institut avaient vu satisfait leur désir d’un costume « simple et décent » : le 23 floréal an IX (13 mai 1801), un arrêté consulaire prescrivait la tenue académique, un habit dont le dessin avait mobilisé la réflexion de trois grands artistes du moment, le sculpteur Houdon, le peintre Vincent et l’architecte Chalgrin. À cette même date encore, l’organisation initiale décidée le 3 brumaire an IV (25 octobre 1795) venait d’être améliorée sur ordre de Chaptal (23 janvier 1803) : on passait de trois à quatre classes, sciences physiques et mathématiques, langue et littérature françaises, histoire et littérature ancienne et beaux-arts, ensemble au sein d’un corps unique mais avec de l’autonomie pour chacune d’entre elles.

À l’Institut rénové, le passage du Louvre au collège des Quatre-Nations offrait une chance : celle d’une représentation symbolique au cœur de la capitale. Il fallut attendre toutefois l’aménagement de la chapelle : sous la direction de Vaudoyer, le lieu, d’où avait été retiré pendant la Révolution le tombeau de Mazarin, fit l’objet d’une transformation de la lanterne et reçut des tribunes pour le public. Le 4 octobre 1806, une symphonie de Haydn y fut exécutée pour en fêter l’inauguration. L’Institut s’identifierait dorénavant avec la coupole.

Pierre Messmer
chancelier de l’Institut de France

Source: Commemorations Collection 2005

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