Page d'histoire : Léon Gaumont Paris, 10 mai 1864 - Sainte-Maxime (Var), 9 août 1946

Lors de sa naissance, les parents de Léon Gaumont sont au service du comte de Beaumont, comme cocher et femme de chambre. Sans doute la situation de son père s’est-elle améliorée par la suite, car l’enfance et l’adolescence de Léon sont celles d’un fils de petits bourgeois. Après avoir passé six ans au pensionnat Saint-Pierre à Dreux, il entre en 1876 comme interne au collège Sainte-Barbe. Les matières où il réussit le mieux sont la géographie et l’arithmétique.

Au terme de quatre années d’études, il a la possibilité de passer dans les classes préparatoires au baccalauréat, mais il doit, à seize ans, gagner sa vie. Le jeune homme fréquente alors l’Institut populaire du Progrès, société d’éducation populaire dirigée par Léon Jaubert, où il complète ses connaissances dans le domaine des sciences. Il se rend aussi le dimanche matin aux laboratoires de physique Bourbouze. Partout, son caractère sérieux et appliqué lui permet de nouer des relations utiles pour son avenir. Léon Jaubert le recommande à Jules Carpentier qui dirige un atelier d’optique et de mécanique de précision rue Delambre, ce qui lui vaut d’être embauché comme commis aux écritures. Puis vient le service militaire qu’il termine en novembre 1886 avec le grade de maréchal des logis. Il reprend alors son travail chez Jules Carpentier et fait en juin 1888, à 24 ans, un assez « beau » mariage en épousant Camille Maillard, de quatre ans son aînée.

Ses ambitions l’amènent à quitter Carpentier en 1891 et à prendre la direction des Lampes Camus. En l894, il quitte cette affaire pour entrer comme directeur du Comptoir général de photographie, 57, rue Saint-Roch, près de l’Opéra, sur recommandation de Carpentier. En juillet 1895, un grave différend opposant son patron, Félix-Max Richard, à son frère Jules, fournit à Léon Gaumont l’occasion de racheter l’affaire. Il a alors 30 ans et le Cinématographe Lumière allait être divulgué au public quelques mois plus tard. F.-M. Richard le met en relation avec Gustave Eiffel, un ancien « barbiste » comme Léon Gaumont, et Joseph Vallot, le directeur de l’observatoire du Mont-Blanc, deux des commanditaires de la société L. Gaumont et Cie constituée le mois suivant.

La cinématographie n’apparaît pas encore au premier plan de la nouvelle entreprise malgré un contrat signé avec Georges Demenÿ, un inventeur presque ruiné. Ce sera le système « à came battante » de ce dernier qui va assurer la renommée des projecteurs Chrono-Gaumont. Outre la fabrication et la vente de matériels photographiques, les grandes étapes de la maison Gaumont sont connues : début de la production cinématographique avec Alice Guy, construction du grand studio vitré des Buttes-Chaumont en 1905, commercialisation du cinéma sonore avec les Phonoscènes à partir de 1906, constitution de la société anonyme des Ets Gaumont en décembre 1906-janvier 1907, ouverture du Gaumont Palace en 1911, présentation commerciale en 1913 du Chronochrome Gaumont, procédé de cinéma en couleurs naturelles par synthèse additive trichrome, etc., tandis que la production cinématographique se développe sous la direction de Louis Feuillade. En 1919, Léon Gaumont est nommé administrateur de l’Institut d’Optique récemment créé. La maison Gaumont poursuit ses travaux sur le son, notamment avec les Danois Petersen et Poulsen qui aboutissent à la mise au point d’un procédé de cinéma sonore à double bande.

Les grandes qualités de Léon Gaumont furent son extraordinaire ténacité, sa passion pour la technique, son sérieux et sa prudence. Il fut le numéro deux du cinéma français derrière Charles Pathé, meilleur stratège commercial que lui. Au tournant du cinéma sonore, Léon Gaumont et Charles Pathé se sont retirés et ces deux géants du cinéma français sont entrés dans l’Histoire.

Jean-Jacques Meusy
historien du cinéma
ancien directeur de recherche au CNRS

Voir Célébrations nationales 2010

Source: Commemorations Collection 2014

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