Page d'histoire : Pierre Boulle Avignon, 20 février 1912 - Paris, 31 janvier 1994

Pierre Boulle dans les années 1953-1955 Photographie Studio Harcourt Studio Harcourt
© Ministère de la Culture - Médiathèque du Patrimoine, Dist. RMN

Deux romans de Pierre Boulle, Le Pont de la rivière Kwaï (1952) et La Planète des singes (1963), ont acquis une notoriété mondiale grâce à leurs adaptations cinématographiques.

Pierre Boulle naît en Avignon, le 20 février 1912, d’un père avocat et d’une mère descendant des Seguin – les imprimeurs de Mireille de Frédéric Mistral. Après une enfance partagée entre chasse et pêche sur les bords du Rhône, il entre à l’École supérieure d’électricité de Paris. Il est recruté comme ingénieur en 1936 par la firme anglaise Socfin et part, Joseph Conrad en poche, dans une plantation d’hévéas non loin de Kuala Lumpur, en Malaisie.

Lorsque la guerre éclate, Pierre Boulle rallie la France libre et prépare, avec le concours des services secrets britanniques, la libération de l’Indochine restée fidèle à Vichy. Las ! Il est arrêté après un périple rocambolesque le long du fleuve Nam Na et condamné par la cour martiale de Hanoï aux travaux forcés à perpétuité. Après guerre, il retourne un temps en Malaisie et y découvre le spectacle d’une exploitation de l’homme par l’homme.

Poussé par le désir d’écrire, il démissionne et s’installe en 1949 à Paris dans un hôtel du Quartier latin, puis chez sa sœur Madeleine devenue veuve. Sa vie, en marge des cénacles littéraires, se confond dès lors avec l’écriture pendant plus de quarante ans, « digne conclusion, s’amuse-t-il, d’une série d’aventures saugrenues ! » Son œuvre est couronnée en 1976 par le Grand Prix de la Société des gens de lettres.

« Des hommes raisonnables ? Des hommes détenteurs de la sagesse ? Des hommes inspirés par l’esprit ? Non, ce n’est pas possible ; là, le conteur a passé la mesure. »

La Planète des singes, 1963

L’expérience des années passées en Asie du Sud-Est, et notamment des années de guerre, façonne le héros de Pierre Boulle, tant dans ses romans d’aventure que dans ses contes philosophiques aux accents de science-fiction. Confronté à des choix impossibles, qui confinent à l’absurde, il fait toujours l’expérience de la relativité du bien et du mal. Ce questionnement sur la nature humaine, nourri par la pensée de Teilhard de Chardin, prend la forme d’un récit mêlant précision mécanique et humour, et, jouant avec les attentes du lecteur, s’achève par un renversement ironique.

La célébration du centenaire de la naissance de Pierre Boulle, soixante ans après la publication du Pont de la rivière Kwaï, est l’occasion de rendre un hommage au plus hollywoodien des écrivains français, dont les passionnants manuscrits autographes ont été donnés par sa famille en 2007 à la Bibliothèque nationale de France.

Clément Pieyre
archiviste paléographe
directeur de la bibliothèque de la Cour de cassation
vice-président de l’Association des amis de l’œuvre de Pierre Boulle

Source: Commemorations Collection 2012

Personnes :

Pieyre, Clément

Thèmes :

Littérature

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