Page d'histoire : Nicolas de Largillierre Paris, 10 octobre 1656 - Paris, 20 mars 1746

Né à Paris au début d’octobre 1656, Nicolas de Largillierre suivit ses parents à Anvers, où il fut mis en apprentissage auprès du peintre-paysagiste Antoine Goubau. Reçu maître au sein de la guilde de Saint-Luc d’Anvers en 1674, il choisit de commencer sa carrière en Angleterre (1675-1679) puis, quoique remarqué par le roi Charles II, dut fuir les persécutions contre les catholiques et vint s’installer en France. Accueilli avec bienveillance par Charles Le Brun, premier peintre de Louis XIV, Largillierre fit une carrière brillante au sein de l’Académie royale de peinture et de sculpture : reçu membre en 1686, il fut nommé adjoint à professeur en 1699, professeur en 1705, adjoint à recteur en 1717, recteur en 1722, chancelier en 1733, avant d’accéder au directorat de la prestigieuse institution (1738-1742). Peintre de nature morte à ses débuts (période anglaise), Largillierre se spécialisa très vite dans le portrait et fut aussi bien reçu de la Cour que de la Ville (plusieurs grands tableaux pour les échevins de Paris, entre 1689 et 1722, dont le sublime Ex-voto de 1696, Paris, église Saint-Étienne-du-Mont).

Il se piqua aussi de peindre l’histoire (Entrée du Christ dans Jérusalem, vers 1710, musée d’Arras ; Moïse sauvé des eaux, 1728, musée du Louvre) et n’abandonna jamais son goût premier pour la vie silencieuse (Nature morte à l’aiguière, vers 1720-1730, collection particulière). Cet éclectisme, alors unique en France, était soutenu par un souci opiniâtre de pure plasticité, que Largillierre étendait avec un égal bonheur à tous les genres qu’il pratiquait : audace de la composition, somptuosité du coloris et virtuosité de l’écriture ont particulièrement bien servi ses portraits, quelque 1500 pièces (parmi lesquelles la très fameuse Belle Strasbourgeoise, 1703, Strasbourg, musée des beaux-arts) que les amateurs les plus exigeants ont toujours goûtées comme d’authentiques abstractions. En témoigne le désir des responsables des collections publiques ou privées les plus prestigieuses du monde, d’avoir à tout le moins une œuvre de Largillierre sous leur garde : une œuvre propre à illustrer avec force ce qu’il convient de nommer, avec la tradition, le grand goût français.

Dominique Brême
maître de conférences à l’université de Lille III

Source: Commemorations Collection 2006

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