Page d'histoire : Tristan Bernard Besançon (Doubs), 7 septembre 1866 - Paris, 7 décembre 1947

Tristan Bernard a vu le jour à Besançon dans la même rue que Victor Hugo, « mais lui au 138, et moi au 23. Il y a une plaque sur sa maison natale et sur la mienne aussi, mais c’est celle de la compagnie du Gaz », écrira-t-il. Depuis, cet oubli a été réparé.

À sept ans Tristan entre à l’école. Il fait « l’apprentissage » du vélo au square Saint-Amour tandis que ses petites soeurs sont promenées à Granvelle par leur gouvernante. Dans un texte de 1933, il revient sur ses années à Besançon : « J’y ai vécu treize ans. Mais je ne connaissais à cette époque que la ville même, et nos excursions aux environs n’ont jamais dépassé une lieue aller et retour, car je n’ai jamais été un spécialiste du footing. » Quelques mois après la visite de l’Exposition universelle de 1878, la famille s’installe à Paris. Son père et son oncle fondent une des plus importantes affaires immobilières de Paris. Tristan, âgé de treize ans, entre au lycée Fontanes (par la suite lycée Condorcet). À quinze ans, il est déjà célèbre auprès de ses camarades pour ses calembours et sa vivacité d’esprit. Après l’obtention de son baccalauréat, il s’inscrit à la faculté de droit. En 1885, il s’engage dans la cavalerie pour un an de volontariat afin d’accomplir son service militaire. Il épouse Suzanne Bomsel en 1888, et trois fils naîtront de cette union.

Après une brève carrière d’avocat, il se tourne vers les affaires, prend la direction d’une fabrique d’objets en aluminium, puis devient directeur du vélodrome Buffalo, à Neuilly-sur-Seine, jusqu’en 1896. Cette activité lui ménage ses entrées dans la presse (grâce aux journalistes sportifs et aux chroniqueurs de la vie parisienne). Il côtoie notamment Alphonse Allais et Georges Feydeau. Leur compagnie lui permet de multiplier les occasions d’émettre des mots d’esprit. Il collabore à La Revue blanche dès 1891 et en sera le premier reporter sportif. C’est sur les presses de cette revue qu’il lance en 1892 la publication du journal humoristique Le Chasseur de chevelures.

Il publie en 1894 son premier roman, Vous m’en direz tant !, et l’année suivante sa première pièce, Les Pieds nickelés. C’est avec des comédies comme celle-ci qu’il remporte un succès durable : plus de cinquante autres pièces de théâtre suivront jusqu’à la fin des années 1930. Il est proche de Léon Blum, Jules Renard, Marcel Pagnol, Lucien Guitry et de bien d’autres artistes.

En 1943, séjournant à Cannes, il est arrêté par la Gestapo en raison de ses origines juives et transféré à Drancy. Il dira à cette occasion : « Jusqu’à présent, nous vivions dans l’angoisse. Maintenant, nous allons vivre dans l’espoir. » Il sera libéré peu après, grâce à l’intervention de Sacha Guitry et de l’actrice Arletty. Ses comédies légères, aux personnages souvent frivoles, ne sont plus connues de nos jours, mais son sens de la formule et de la citation a ancré Tristan Bernard dans les mémoires.

 

Michel Hitter
archiviste

 

 

Source: Commemorations Collection 2016

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