Page d'histoire : Jacques Bernoulli Bâle, 27 décembre 1654 - Bâle, 16 août 1705

Jacques Bernoulli, 1687

La famille des Bernoulli occupe une place unique dans l’histoire de l’humanité par sa longévité dans l’activité scientifique au plus haut niveau. Jakob, Jacques en France, James parfois en Angleterre, est le fondateur de cette dynastie de savants : on en compte sept. Jacques, mis à part, les plus célèbres d’entre eux sont Jean, le plus jeune de ses deux frères cadets, né en 1676, et Daniel, fils de Jean, né en 1700.

Originaire d’Anvers, la famille paternelle exerçait avec succès le commerce des épices. Luthérienne, elle fuit la conversion au catholicisme -imposée par le représentant du roi d’Espagne Philippe II, et se réfugie à Bâle où elle devient influente.

Ses parents imposent à Jacques, contre son gré, l’étude de la philosophie et de la théologie, mais il se passionne dans le même temps pour les mathématiques et l’astronomie. Aussitôt son diplôme en théologie obtenu (1676), il va à Genève travailler comme précepteur, puis entreprend une série de voyages. Il reste deux ans en France en compagnie des sectateurs de Descartes, alors conduits par Malebranche. En 1681 et 1682, il séjourne en Hollande et en Angleterre ; il y rencontre les principaux savants de l’époque avec lesquels il entretiendra jusqu’à sa mort une correspondance suivie.

Marié en 1684 à Judith Stupan, il devient professeur de mathématiques à Bâle en 1687, est élu membre de notre académie des sciences en 1699, de l’académie de Berlin en 1700. Il meurt en 1705.

Esprit particulièrement ouvert, il est pour beaucoup une source d’inspiration, notamment pour son jeune frère Jean qu’il contribue à former, et avec lequel les relations deviendront difficiles. Le père du célèbre Euler assista également à ses cours.

L’époque est à la création du calcul différentiel et intégral. Il participe à ce mouvement en éclairant le premier traité de Leibniz (1684), et en résolvant certains problèmes soulevés par l’ouvrage. On relève des créations : de méthodes de résolution (comme celle de l’équation différentielle qui porte son nom), de représentations (comme les coordonnées polaires également inventées par Newton). Il fait voir des courbes toutes nouvelles comme sa lemniscate, sa spirale. Il contribue à fonder le très important calcul des variations, une technique puissante d’optimisation.

Posthume (1713), son Ars Conjectandi est un apport fondamental à la théorie des probabilités (variable et loi de Bernoulli ou loi binomiale). Il y calcule certaines sommes de séries appelées par de Moivre nombres de Bernoulli, si utiles en théorie des nombres.

Par son esprit pénétrant, Jacques Bernoulli a laissé un ensemble de résultats et de méthodes d’usage désormais indispensables, tant dans les sciences pures qu’appliquées.

 

Claude-Paul Bruter
professeur à l’université de Paris XII – Val-de-Marne

Source: Commemorations Collection 2004

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