Page d'histoire : Joséphine (Marie-Josèphe-Rose de Tascher de la Pagerie, impératrice des Français sous le nom de) Les Trois-Ilets (Martinique), 23 juin 1763 - château de Malmaison à Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine), 29 mai 1814

Portrait de l'Impératrice Joséphine - Huile sur toile de Firmin Massot, vers 1812
Musée national des châteaux de Malmaison et des Bois-Préau
© Photo Musée de Malmaison

Le 29 mai 1814, l’impératrice Joséphine mourait dans sa grande chambre de Malmaison, entourée de ses enfants, le prince Eugène et la reine Hortense. Emportée en quinze jours par une angine infectieuse, celle qu’on n’osait plus appeler depuis l’abdication de Napoléon et le retour des Bourbons que « la mère du prince Eugène » quittait définitivement le devant de la scène où se joue la grande Histoire, scène qu’elle avait occupée pendant plus de dix ans.

Lorsqu’elle naît à la Martinique en 1763 dans une famille de planteurs aisée, rien ne permettait d’imaginer quelle destinée serait la sienne. Mariée à seize ans avec le vicomte Alexandre de Beauharnais, âgée de trente et un ans à peine quand son mari est guillotiné, sauvée du Tribunal révolutionnaire par le 9 Thermidor, elle montre dans l’adversité une force de caractère impressionnante. Sitôt libre, elle étonne par son aisance à s’adapter au monde nouveau, sa pugnacité à rétablir une fortune sans cesse compromise par ses dépenses, et son habileté à s’introduire dans les milieux les plus influents du moment. Séduit par son charme et sa distinction, autant que par ses relations, Bonaparte, jeune général de vingt-six ans, tombe amoureux d’elle et l’épouse, le 9 mars 1796, moins de cinq mois après leur première rencontre.

Sa vie suit alors l’ascension de Bonaparte : épouse du Premier consul après le coup d’État du 18 Brumaire (9 novembre 1799), impératrice des Français, la première de notre histoire, elle est couronnée par Napoléon dans la cathédrale Notre-Dame de Paris, le 2 décembre 1804, et assiste à son couronnement comme roi d’Italie, à la cathédrale de Milan, le 26 mai 1805. Du palais du Luxembourg à celui des Tuileries, elle tient son rôle de femme du chef de l’État puis de souveraine en se pliant aux règles de l’étiquette avec une grâce et une dignité que même ses ennemis ont été obligés de reconnaître. N’existant que par Napoléon et pour lui, elle passe les quatre dixièmes de son règne à l’attendre ! Et quand il le décide, elle le suit dans ses déplacements à un rythme effréné. Le 30 novembre 1809, elle apprend de sa bouche ce qu’elle a tant redouté depuis des années, depuis qu’elle sait qu’elle ne peut donner d’héritier à l’empereur : l’annonce du divorce. Le 15 décembre, au cours de la cérémonie officielle, tous les témoins ont été frappés par son courage. Retirée à Malmaison, Joséphine, à qui Napoléon a conservé son titre d’impératrice, se consacre désormais à son goût des arts et des jardins et connaît les joies d’être grand-mère. Ses voyages sont l’occasion d’apprécier la faveur qu’elle a conservée au sein de la population qui la lui témoignera encore lors de ses funérailles.

La postérité l’a souvent jugée avec partialité, lui reprochant sa conduite pendant le Directoire, devenue le leitmotiv de tous ses détracteurs, l’accusant d’avoir joué un rôle dans le rétablissement de l’esclavage, enfin d’avoir été plus préoccupée de toilettes que du bien de la France. Deux cents ans après sa mort, il est temps de lui restituer son image de femme de cœur et de caractère qui incarne encore aujourd’hui un destin hors du commun dans une société en pleine mutation.

Amaury Lefébure
conservateur général du Patrimoine
directeur du musée national des châteaux de Malmaison et Bois-Préau

Source: Commemorations Collection 2014

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