Page d'histoire : Victorien Sardou Paris, 7 juillet 1831 - Paris, 8 novembre 1908

Victorien Sardou fut sans conteste le plus grand dramaturge français de  la deuxième moitié du XIXe siècle par l’importance, la diversité et le rayonnement international de ses oeuvres, qui furent jouées et traduites dans le monde entier de son vivant, et jusqu’à la Deuxième Guerre mondiale. Entre 1860 et 1900, il fut l’ambassadeur officieux de la culture française à l’étranger, grâce notamment à sa muse Sarah Bernhardt, pour qui il écrivit  ept pièces. En quarante ans d’une carrière qui commença sous le Second Empire et culmina sous la IIIe   République, Sardou parvint à déployer des talents variés : tour à tour, ou simultanément, auteur de féeries, de vaudevilles, de comédies de moeurs, de satires sociales, de drames historiques ou psychologiques, dont  ertains connurent une belle postérité dans le théâtre lyrique (La Tosca), il fut aussi metteur en scène,  écorateur à ses heures, agent littéraire et promoteur de spectacles. Un « homme de théâtre », dans l’acception plurielle que l’expression recouvrait au XIXe siècle, et jusqu’à Cocteau. Mais cet éclectisme même, et plus encore le suffrage du grand public (ainsi Madame Sans-Gêne), valurent à l’auteur de solides inimitiés, et un mépris persistant. Ce n’est pas le moindre intérêt de son oeuvre que d’avoir servi de repoussoir aux poètes et  ramaturges de l’avant-garde, notamment symboliste.

Aujourd’hui que ces polémiques sont oubliées, et que l’on commémore le centenaire de la disparition du maître, il est possible de jeter un regard renouvelé sur son oeuvre – sur des spectacles qui marquèrent à maints égards l’apogée du XIXe siècle au théâtre mais qui, peu avant l’arrivée du cinéma, semblaient aussi annoncer résolument le siècle à venir. Comment considérer, à un siècle de distance, la production de Sardou ? Et son travail de mise en scène ? Comment les articuler surtout avec la création théâtrale du XIXe siècle finissant ? Et avec celle d’un XXe siècle que Sardou connut à peine ? Ces questions seront soulevées au cours des diverses manifestations projetées pour célébrer ce centenaire : ouvrage scientifique à paraître (Victorien Sardou, un siècle plus tard), colloque international (Victorien Sardou, le théâtre et les arts (1),) réédition de pièces, exposition, lectures... Autant d’occasions qui permettront de rendre à ce grand homme de théâtre la place qui lui revient : celle du chaînon majeur entre le romantisme et la scène moderne.

Guy Ducrey
professeur à l’université Marc-Bloch, Strasbourg

Isabelle Moindrot
professeur à , l’université François-Rabelais, Tours

1. Université de Tours, déc. 2008.

Source: Commemorations Collection 2008

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