Page d'histoire : Joseph-Louis Lagrange Turin (Italie), 25 janvier 1736 - Paris, 10 avril 1813

Lagrange prend une grande part à l'organisation de l'École polytechnique et inaugure le cours d'analyse
devant tout le personnel réuni le 24 mai 1795.
Huile sur toile d'Alexandre Colin, 1865 - © Collection Ecole polytechnique - Palaiseau
 

Rien ne prédisposait Joseph-Louis Lagrange à devenir l'immense mathématicien qu'il fut, défricheur de nouveaux périmètres, inventeur de génie dans le domaine des mathématiques pures et de la physique mathématique.

Il naît en janvier 1736 à Turin, dans une famille d'origine française par son père. Bien que ce dernier bénéficie d'une position sociale enviable dans le royaume de Sardaigne, la famille souffre vite de difficultés financières dues à des placements hasardeux ; ce qui contraint le jeune Lagrange, élève au collège de Turin, à renoncer à une carrière d'avocat toute tracée.

La lecture fortuite d'un mémoire mathématique du célèbre Halley l'entraîne de manière inattendue vers les mathématiques, qu'il étudie seul. Très vite, il ambitionne de marquer ce domaine de son empreinte et c'est ainsi que, âgé de 19 ans, il fait part à Léonhard Euler, l'un des plus brillants mathématiciens de l'époque, de ses découvertes sur une question que ce dernier a lui-même travaillée, celle dite des « isopérimètres ».

Impressionné par les écrits de ce jeune inconnu, Euler ne tarde pas à reconnaître la grande portée de ce travail, et encourage Lagrange à le publier. Euler baptise à cette occasion de « calcul des variations » la nouvelle branche des mathématiques ainsi créée. Bientôt Lagrange généralise ce travail au domaine de la mécanique, sur la base du « principe de moindre action », introduit par Maupertuis et ardemment défendu par Euler.

En 1755, Lagrange est nommé professeur de mathématiques à Turin où il restera encore onze années, marquées par de nombreux prix récompensant ses travaux dans le domaine de la mécanique et des mathématiques.

En 1766, Lagrange succède à Euler à la tête du département des mathématiques de l'Académie des sciences de Berlin, appelé par le roi Frédéric II de Prusse dont il devient un intime.

Malgré sa santé fragile, Lagrange est un bourreau de travail. Il publie durant ces années des contributions majeures à l'astronomie, la physique et la géométrie et l'analyse.

Après la mort en 1787 de Frédéric II, Lagrange émigre en France où le roi le loge au Louvre, avec tous les honneurs. La considération de la France sera toujours assurée, y compris sous la Révolution ou le règne de Napoléon Ier qui le fera comte de l'Empire et le décorera de la Légion d'honneur.

En 1788, Lagrange publie La Mécanique Analytique qui restera l'un des monuments scientifiques du XVIIIe siècle, qualifié plus tard par le grand mathématicien irlandais William Rowan Hamilton de « poème scientifique ». Il participe à la création de l'École polytechnique, puis de l'École normale, où il enseigne. Il y publie des ouvrages essentiels comme la Théorie des Fonctions Analytiques (1797) et Leçons sur le calcul des fonctions (1800).

La mort le surprend en 1813, encore en pleine activité scientifique. Son génie créateur, son infatigable inventivité, la clarté de ses théories marquent encore la physique moderne et les mathématiques.

Florence Robine
docteur en épistémologie et histoire des sciences
inspectrice générale de l’Éducation nationale
recteur de l’académie de Rouen

Source: Commemorations Collection 2013

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