Page d'histoire : Paul de Chomedey de Maisonneuve Neuville-sur-Vanne (Aube), 15 février 1612 - Paris, 9 septembre 1676

Vitrail de « De Maisonneuve »
Basilique Notre-Dame de Montréal, Vieux-Montréal, face au monument de Maisonneuve (Canada)
© Fabrique de la paroisse Notre-Dame de Montréal / photographie Stéphan Poulin

 

Paul de Chomedey de Maisonneuve* est, avec Jeanne Mance (16081673), une figure emblématique de la fondation de Ville-Marie (Montréal) et de la période missionnaire de la Nouvelle-France.

Sa vie est mal connue. Fils de Louis de Chomedey, gentilhomme champenois, et destiné au métier des armes, il aurait combattu dès l’âge de treize ans, mais rien n’a été retrouvé témoignant de son expérience militaire. En 1640, par l’entremise d’un jésuite, il se joint à une société pieuse, la Société de Notre-Dame de Montréal pour la conversion des sauvages de Nouvelle-France, liée à la Compagnie du Saint-Sacrement, et devenue propriétaire de la seigneurie de l’Île de Montréal. Recruté pour ses qualités de dévot et de chef, il prend la tête de l’expédition qui s’embarque à La Rochelle en 1641. Ce projet de mission, où cohabiteraient Français pieux et Amérindiens convertis, avec l’objectif de créer un nouveau peuple de Dieu, connaît un début de réalisation, mais ne résiste pas à l’indifférence des Amérindiens, à l’improvisation des promoteurs, à l’insuffisance des capitaux et à l’essor du commerce des fourrures.

Après un hiver à Québec pour se préparer, Chomedey, ses associés et ses engagés débarquent sur l’île de Montréal en 1642 et installent leur campement, vite entouré d’une palissade. La conjoncture politique est défavorable car, durant la première moitié du siècle, l’équilibre est rompu par la poussée des Iroquois qui bousculent les Hurons, alliés des Français. L’île est un no man’s land où circulent Hurons, Algonquins et Iroquois. Le petit groupe – une quarantaine – entreprend de défricher et de construire un fort et un hôpital. Les sorties sont périlleuses et plusieurs sont tués par les Iroquois. Le projet initial de créer un vaste domaine, qui accueillerait les Amérindiens, est abandonné en faveur d’une politique de concessions de lots urbains aux colons français. Chomedey met le poste en état de défense, gère la seigneurie, rend la justice, assume le commandement militaire, en plus de susciter des activités pieuses. L’avenir est menacé par le manque de colons et Chomedey retourne en France en 1651 pour lever une recrue. En 1653, 95 personnes arrivent, ce qui donne un second souffle et, en parallèle, la traite des fourrures se développe et infléchit la vie du poste. La fin des années 1650 est marquée par l’échec du projet mystique et finalement, en 1663, la seigneurie de Montréal est cédée aux sulpiciens. Louis XIV impose l’administration royale à toute la colonie et Chomedey part pour Paris en 1665, à l’incitation du lieutenant général. Il renonce à son titre de gouverneur de l’île en 1669, en échange d’une pension des sulpiciens. Demeuré célibataire, il vit modestement avec un domestique dans un immeuble appartenant aux Pères de la doctrine chrétienne et y meurt le 9 septembre 1676.

Chomedey de Maisonneuve a été alternativement louangé comme dévot, aussi courageux que vertueux et désintéressé, et critiqué pour son administration brouillonne et certaines erreurs militaires. Néanmoins, il a fondé une ville qui compte à son départ quelque 600 personnes et qui se développera, non pas comme une cité religieuse, mais comme le pivot du commerce des fourrures. Son œuvre témoigne de la vigueur de la réforme catholique.

Jean-Claude Robert
université du Québec à Montréal

* Cf. Célébrations nationales 1992, p.64 ; 2008 ; 2009

Source: Commemorations Collection 2012

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