Page d'histoire : Gaston de Foix, duc de Nemours Mazères (Ariège), 10 décembre 1489 - Ravenne (Italie), 11 avril 1512

Gisant du monument funéraire de Gaston de Foix
Détail du marbre d’Agostino Busti dit Il Bambaia, XVIe siècle Castello Sforzesco, Milan (Italie) Raccolte d’Arte Antica del Castello Sforzesco, Milano
 © Commune di Milano - DR
 

Louis XII n’eut pas de fils. Est-ce pour cette raison qu’il protégea son neveu comme son enfant ? Sans doute, puisque la vie de Gaston de Foix, remarquable par sa brièveté, est associée au souvenir d’une fulgurante carrière qui, sans ce puissant soutien, n’aurait pu être possible. Une carrière dans les armes qui débuta en 1507. Gaston n’avait pas dix-huit ans et accompagnait son oncle en Italie pour soumettre les Génois rebelles. En 1509, à Agnadello, il participait à la victoire du roi sur les Vénitiens. L’année suivante, le pape Jules II, qui rêvait de chasser les Français de la péninsule, créait une ligue qui rassemblait Vénitiens, Espagnols et Suisses. La guerre allait reprendre et c’est à son neveu que Louis XII confia son armée.

Après avoir empêché les Suisses d’entrer dans Milan, en décembre 1511, Gaston se dirigea sur Bologne, tenue par les Espagnols. La ville tomba le 5 février 1512. Le 16, il était devant Valleggio et infligeait une défaite cuisante aux Vénitiens. Le 19, c’était au tour de Brescia de tomber. Galvanisé par cette guerre de mouvement exemplaire, le jeune duc prit la route de Ravenne. La bataille fut livrée le 11 avril, jour de Pâques, et fut un choc gigantesque où des milliers d’hommes trouvèrent la mort en quelques heures. Elle fut aussi une victoire pour le roi de France. Pourtant, Gaston de Foix ne savoura pas ce succès dont il avait été l’artisan. Son corps fut retrouvé auprès d’une vingtaine de ses compagnons massacrés, criblé de blessures.

Sa jeunesse, sa naissance, ses spectaculaires victoires donnèrent à sa mort un retentissement immense. Lorsqu’il annonça à la sœur du jeune homme, Germaine, que le roi avait fait reine d’Espagne en 1505, le décès de son frère, Louis XII le fit en des termes fort affectueux et c’est avec autorité qu’il ordonna pour son neveu l’organisation de funérailles dignes d’un triomphe romain. Alors que Bologne, puis Milan accueillaient le corps du héros avec un faste inouï, les poètes le désignaient fils de Mars et vantaient déjà son courage hors du commun. Le mythe était en route, même si Ravenne sonne le glas de la prééminence de la cavalerie et de la noblesse dans les batailles.

Toutefois, la perte en 1513 du Milanais par les Français, empêcha la construction d’une tombe à sa gloire. Mais le projet ne fut pas abandonné. François Ier, après sa victoire à Marignan, de nouveau maître du duché, souhaita sa réalisation. En 1516, alors que le corps de Gaston était transféré du Duomo au couvent Santa Marta, Polidoro et Agostino Busti imaginaient un tombeau grandiose. Ce dernier ne fut jamais achevé. La perte définitive du duché par les Français, en 1522, ne le permit pas. De ce tombeau, il ne nous reste que quelques pièces dispersées dans plusieurs musées européens.

Si, finalement, aucun monument ne commémora la gloire de Gaston de Foix, les écrits des mémorialistes aidèrent à son souvenir. Fleurange ne tarit pas d’éloges à son propos et le biographe de Bayard, le Loyal Serviteur, affirme qu’il était l’incarnation de la vaillance. Même les chroniqueurs espagnols reconnurent son talent en lui accordant un surnom que les auteurs français, depuis Brantôme, reprennent volontiers et qui résume, à lui seul, sa carrière : le Foudre d’Italie. Un mot encore : il n’existe aucun portrait de Gaston et son visage sur son gisant conservé n’est guère significatif. Un autoportrait de Salvoldo Giovanni Girolamo, mal identifié, fit croire à certains qu’il s’agissait du héros. Un visage plein, une légère barbe, des cheveux frisés. C’est ainsi que les artistes du XIXe siècle vont le représenter puisque son statut de grand guerrier lui ouvrit les portes du Musée de l’histoire de France créé par Louis-Philippe. Une figure qui fut ensuite reproduite dans des livres d’histoire, qui donnait enfin un visage à un jeune homme mort pour son roi et son pays à l’âge de vingt-trois ans.

Didier Le Fur
historien

Source: Commemorations Collection 2012

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