Page d'histoire : Louis Bernard Guyton de Morveau Dijon (Côte-d'Or), 4 janvier 1737 - Paris, 2 janvier 1816

Expérience aérostatique faite à Dijon le 25 avril 1784,
gravure aquarellée, Dijon, bibliothèque municipale (cote Est. 2133).
© BM Dijon

Le premier chimiste de France », disait de lui Arthur Young en 1789. Né dans une famille de robe dijonnaise, juriste lui-même, Guyton est avocat général au parlement de Dijon de 1762 à 1782. Ces années lui inspirent des idées de réforme des institutions et de l’enseignement. Mais c’est aux sciences expérimentales et en particulier à la chimie appliquée qu’il consacre, dans le cadre de l’Académie de Dijon naissante, sa curiosité encyclopédique et son activité inlassable. Il imagine de désinfecter une morgue avec des fumigations d’acide chlorhydrique en 1773 ; il mène deux expériences aérostatiques en 1784 ; il contribue, avec Lavoisier, à la mise en place de la nomenclature des éléments chimiques. La Révolution fait de lui, en 1789, le président du Club des patriotes de sa ville puis, en 1790, le premier procureur général-syndic du nouveau département de la Côte-d’Or, enfi n un député à la Législative. Il ne quittera désormais plus Paris, où son activité politique, dans les assemblées et au Comité de salut public, demeure multiforme. Le ballon de reconnaissance militaire de la bataille de Fleurus est de son initiative ; les finances, la navigation intérieure (notamment par la poursuite du canal de Bourgogne), le perfectionnement des poudres militaires, l’enseignement, les publications scientifiques, les innovations techniques remplissent, durant la Révolution et sous l’Empire, les journées de ce savant administrateur dévoué à l’intérêt public et ennemi de l’oisiveté.

Il enseigne la chimie à l’École polytechnique, dont il assure la direction durant l’expédition d’Égypte puis au début du XIXe siècle. De 1799 à la fi n des Cent-Jours, il est administrateur de la Monnaie de Paris.

En 1809, l’un des heaumes de ses armoiries est remplacé par un « vase fumigatoire » d’argent. Il est fait baron Guyton-Morveau en 1811. Sa mort sociale, à la seconde Restauration, est suivie de peu par sa mort naturelle ; l’heure n’était pas aux panégyriques des régicides. Guyton de Morveau (du nom de sa petite campagne dijonnaise), robin anobli, homme des Lumières, aux curiosités et aux talents éclectiques ; Guyton, homme de la Révolution, qui y vit le moyen de mettre en pratique ses idées de réforme ; baron Guyton-Morveau, soucieux de parachever grâce à la Révolution et l’Empire l’ascension sociale amorcée dès l’Ancien Régime : Louis Bernard Guyton de Morveau est fi ls de son temps mais aussi père de plusieurs inventions dont l’utilité sociale n’a d’égal que l’oubli dans lequel il est tombé. À Dijon, où il naquit et fit ses premières armes, seules une plaque sur l’hôtel où il avait son laboratoire et une rue minuscule (bordant les archives départementales) rappellent son souvenir ; à Paris, une rue périphérique dans le XIIIe arrondissement, depuis 1893, et le présent modeste coup de projecteur du bicentenaire.

Édouard Bouyé
directeur des archives départementales de la Côte-d’Or

Source: Commemorations Collection 2016

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