Page d'histoire : François de Malherbe Caen, 1555 - Paris, 6 octobre 1628

Portrait, Pierre noire de Lucas Emil Vorsterman, l'Ancien, XVIIe siècle,
Chantilly, musée Condé
© RMN/R.G Ojeda

Et rose elle a vécu ce que vivent les roses,
L’espace d’un matin.

 

Ces vers mélancoliques ont fait le renom du poète, parfois dénigré comme le tyran des mots et des syllabes !
« Messire François de Malherbe naquit à Caen en Normandie environ l’an 1555 », mais les bombardements de 1944 ont effacé les traces écrites ; quant à la religion, il est sans doute baptisé catholique, bien que son père soit engagé dans la Réforme.

Il étudie à Caen, écrit ses premiers vers (Des neuf muses la muse, et des grâces la grâce !), continue à Bâle et Heidelberg, devient secrétaire du Grand prieur de France et rejoint la Cour, car il en est persuadé : il appartient à une « noblesse d’ancienne race », les Malherbe de Saint-Aignan, dont il recherchera les preuves sa vie durant.

Ayant convaincu Henri IV, il est nommé gentilhomme de la chambre et poète officiel de la Cour, statut qu’il conserve sous Louis XIII en écrivant des odes historiques, des stances religieuses, des sonnets et des épigrammes qui vantent « le roi allant en Limousin », « le premier ballet de Mgr. le Dauphin » ou « la Reine sur les heureux succès de sa régence », en un lyrisme d’apparat. Reste que Malherbe est un être sensible, aimant beaucoup les femmes.

Mais si sa place « est considérable dans l’histoire de la critique » (Brunetière), c’est pour sa réforme appliquée à l’art poétique : il retient seulement les idées des Anciens, réclame une langue plus claire dépouillée de ses latinismes et de ses expressions archaïques, vantant une rationalité comme cadre de la doctrine classique ; il précise les règles de la versification et élague notre langue des patois et des mots trop recherchés : il dégasconne la Cour.

Mort en 1628, Malherbe l’humaniste joue un rôle prépondérant dans la formation du classicisme et justifie par son action les mots de Boileau : Enfin Malherbe vint ! et de Francis Ponge, C’est le donjon de la littérature française. Ce n’est donc pas sans raison si, parmi les premiers Académiciens français, sept sont de ses parents ou disciples.

 

Gilles Henry
écrivain, lauréat de l’Académie française
membre associé correspondant de l’Académie des sciences, arts et belles-lettres de Caen,
membre des Antiquaires de Normandie

 

Source: Commemorations Collection 2005

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