Page d'histoire : Propagation de la vaccine 1805-1813

Napoléon Ier – La Vaccine
Bertrand Andrieu,
1804
Paris, Monnaie de Paris,
collection générale
© Monnaie de Paris, musée de la Monnaie

 

Médaille en cuivre frappée en 1804 à l’effigie de Napoléon par Bertrand Andrieu. Au revers figure Esculape prenant sous sa protection la Vénus de Médicis dont le bras gauche est entouré d’un bandage. Dans le champ à gauche, une vache ; à droite, une lancette et un tube de vaccin.

Si la première vaccination selon la méthode de Jenner a eu lieu en France en 1799, la croisade contre la variole s’est d’abord heurtée à toutes sortes de résistances aussi bien de l’administration des hospices de Paris que d’une partie du clergé. Ainsi, malgré le soutien de Napoléon Bonaparte, l’adhésion à la vaccine ne s’est faite que progressivement. C’est d’abord le Comité général de bien-faisance, auquel appartient le pharmacien militaire et agronome Antoine-Augustin Parmentier (1737-1813), qui organise des séances gratuites de vaccination. Le 19 janvier 1800 (29 nivôse an VIII), un émule du comité, le duc de La Rochefoucauld-Liancourt, fonde le Comité national de la vaccine, et le 6 mars 1801 (15 ventôse an IX), Parmentier rédige un rapport pour Chaptal, alors ministre de l’Intérieur, sur l’inoculation gratuite de la vaccine aux enfants des familles indigentes. Parmentier estime que « rendre cette pratique universelle, c’est servir non seulement les indigents, mais toutes les classes de la société. » Cependant, il reste fidèle au principe républicain de la liberté en refusant de l’imposer aux parents.

Un nouveau pas est franchi, le 4 avril 1804 (14 germinal An XII), Napoléon met en place la « Société pour l’extinction de la petite vérole en France par la propagation de la vaccine », au sein de laquelle un comité central, composé de seize membres tous recommandables par leurs places et leurs lumières, a pour mission le développement de cette pratique dans tous les départements. Présidé par le docteur Guillotin, le comité comprend notamment Parmentier, La Rochefoucauld-Liancourt, Fourcroy, Lacépède mais aussi les médecins Corvisart, Pinel, Thouret… L’année suivante, une circulaire explicative instituant l’usage de la vaccine est adressée à tous les préfets ; malheureusement le Comité manque de crédits. Parmentier, qui est aussi inspecteur général du service de santé des armées, tente de sensibiliser les commandants des corps d’armées à l’usage de la vaccine ; malgré le soutien de ses confrères inspecteurs, Coste et Percy, le bilan est médiocre.

Il faut attendre 1810, après la parution du premier décret sur la propagation de la vaccine et l’instauration d’une allocation annuelle par département permettant l’achat de matériel et l’installation de 25 dépôts de conservation du vaccin, pour obtenir des résultats positifs. Mais la véritable campagne de vaccination débutera en 1811, lorsque Napoléon fera vacciner le roi de Rome et qu’une instruction ministérielle (du 29 mai) rendra la vaccination obligatoire dans l’armée.

 

Anne Muratori-Philip
membre correspondant de l’Académie des sciences morales et politiques

Source: Commemorations Collection 2005

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