Page d'histoire : "Apparitions" de l'Immaculée Conception à Bernadette Soubirous Lourdes, 11 février - Lourdes, 16 juillet 1858

Le corps de Bernadette reposant dans une châsse de verre et de bronze dans la chapelle du couvent Saint-Gildas de Nevers avec la mention au bas :
« Je ne vous promets pas d’être heureuse dans ce monde mais dans l’autre »
(la Vierge à Bernadette, 18 février 1858)
photographie, Nevers, archives départementales
© A.D. Nièvre, atelier de reproduction

Qui aurait pu deviner lorsque cette fille d’un très modeste meunier, devenu bientôt simple journalier, naquit à Lourdes en 1844, qu’elle et le lieu de sa naissance seraient un jour mondialement connus ?

À quatorze ans, elle ne sait ni lire ni écrire et ne parle que le patois. Venue avec sa soeur ramasser du bois près de la grotte de Massabielle, le 11 février 1858, elle voit dans une douce lumière « une petite demoiselle » un chapelet au bras, avec une ceinture bleue et deux roses jaunes sur ses pieds nus. Suivent jusqu’au 16 juillet dix-sept autres « apparitions », au cours desquelles la belle dame demande à Bernadette de prier pour les pécheurs, de dégager la source d’une fontaine dont l’eau s’avèrera bientôt miraculeuse et de dire aux prêtres du lieu de bâtir ici un sanctuaire où l’on viendra en procession. L’« apparition », le 25 mars, dit son nom : « Je suis l’Immaculée Conception », référence au dogme que Pie IX avait défini quatre ans plus tôt.

Au cours des mois qui suivent, les foules venant déjà par milliers à Lourdes, Bernadette est interrogée par les autorités ecclésiastiques et administratives. Elle répond avec sobriété et clarté, ne se contredit jamais, refuse de bénir, récuse tous les cadeaux. « L’affaire » prend une dimension nationale quand Louis Veuillot publie dans l’Univers du 28 août 1858 le compte rendu de sa visite à Lourdes. En janvier 1862, l’évêque de Tarbes reconnaît l’authenticité des apparitions. On commence la construction d’un sanctuaire marial.

Jusqu’en 1866, Bernadette vit à Lourdes. Elle souhaite devenir religieuse. Mais elle n’a pas de dot et sa santé est fragile : elle souffre en particulier de fréquentes crises d’asthme. Du moins peut-elle, à partir de 1860, devenir « pensionnaire » d’un « hospice » que dirigent à Lourdes les soeurs de la charité de Nevers. Elle y apprend à lire et à écrire, à coudre et à broder. Elle est plutôt gaie et manifeste un caractère entier. L’évêque de Nevers, supérieur en droit des soeurs, a été mis au courant de la situation de Bernadette par son confrère de Tarbes. Il lève tous les obstacles pour qu’elle soit admise dans la congrégation. Elle quitte donc Lourdes le 4 juillet 1866, pour le couvent de Nevers où elle passera treize ans. Là, elle accepte à contrecoeur les multiples visites de pieux curieux qui désirent la voir et se dévoue auprès des novices et des malades. Atteinte de tuberculose, elle est elle-même, à partir de 1873, une  malade chronique dont la devise devient « tout souffrir en silence pour plaire à Jésus ». Elle meurt le 16 avril 1879. Sa dépouille mortelle, conservée dans une châsse, est demeurée intacte. Bernadette est la première sainte à avoir été photographiée. Elle a été canonisée en 1933.

Le chemin de fer atteignit Lourdes dès 1867 et le premier pèlerinage national fut organisé en 1872. En 1925, on comptait environ 800 000 pèlerins annuels. Ils sont aujourd’hui autour de cinq millions.

Jean Delumeau
ancien professeur au Collège de France
membre du Haut comité des célébrations nationales

Source: Commemorations Collection 2008

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