Page d'histoire : Paul Signac Paris, 11 novembre 1863 - Paris, 15 août 1935

L'Ouvrier ou le Démolisseur - Huile sur toile de Paul Signac, entre 1897 et 1899,
dans laquelle on a vu un autoportrait - Paris, musée d'Orsay
© RMN-Grand Palais (Musée d'Orsay) / Martine Beck-Coppola
 

Le phare d'Antibes
Huile sur toile de Paul Signac, 1909 - Nantes, musée des Beaux-Arts
© Ville de Nantes - Musée des Beaux-Arts - Photographie : H. Maertens
 

Paul Signac naquit à Paris dans une famille de commerçants prospères. À seize ans, la visite d’une exposition d’œuvres de Claude Monet décida de sa vocation de peintre, marquée d’emblée par le goût de la couleur et de la liberté. Trois ans plus tard, le jeune autodidacte peignait à Port-en-Bessin des marines que n’aurait pas reniées un peintre impressionniste plus aguerri. Déjà, elles se singularisaient par leur coloris éclatant, ainsi que par un goût marqué pour les compositions aux lignes rigoureusement orthogonales.

En 1884, Signac qui participait au premier Salon des Indépendants rencontra Georges Seurat. Ils s’intéressèrent aux théories d’Eugène Chevreul sur la perception des couleurs et, au cours de l’hiver 1885-1886, Seurat reprit entièrement Un dimanche à la Grande Jatte (1886, Chicago, The Art Institute) en ponctuant l’œuvre de petits points colorés. Le principe de la division des couleurs consistait à déposer sur la toile des touches de couleur pure, en laissant à la rétine du spectateur le soin d’opérer, à distance, le mélange des tons. Pour obtenir plus d’éclat, il importait de les juxtaposer selon les lois du contraste, établies par les cercles chromatiques de Chevreul ou de Charles Henry. D’emblée, Signac adopta ce principe et il présenta à la huitième exposition impressionniste des œuvres aux tons divisés. En septembre 1886 le terme “ néo- impressionniste ” fut imprimé pour la première fois.

Signac se fit le propagateur du mouvement, notamment en Belgique où, très justement surnommé le “ Saint Paul du néo- impressionnisme ”, il fit plusieurs adeptes. Il n’était pas moins actif en France où il accompagna dans sa découverte de la couleur Vincent Van Gogh, à peine arrivé à Paris, et rallia Maximilien Luce ainsi qu’Henri- Edmond Cross au mouvement “ néo ”.

L’été, Signac qui était aussi un grand amateur de voile séjournait habituellement en Bretagne ou en Normandie où il peignait des marines à la poésie désincarnée, véritables poèmes de couleur et de lumière. En 1892, après la mort de Seurat, il partit à bord de son voilier Olympia en direction de Saint-Tropez où il passa dès lors la belle saison. Il élargit progressivement sa touche et fit évoluer le néo-impressionnisme dans le sens d’une plus grande liberté. Il entreprit aussi la rédaction de l’ouvrage théorique D’Eugène Delacroix au néo-impressionnisme qui, publié en 1899, fut traduit en allemand et régulièrement réédité. À l’aube du XXe siècle, le “ père des Indépendants ” organisa les rétrospectives Seurat et Van Gogh. En 1905, il était au carrefour de toutes les tendances de l’art moderne et sa villa, La Hune, fut l’annexe tropézienne de la jeune peinture.

Après la guerre, Signac entreprit de sillonner la France, le pinceau d’aquarelliste à la main. Jusqu’à la fin, il continua d’exposer des toiles néo- impressionnistes au Salon des Artistes Indépendants dont il était devenu président. Mais désormais il privilégiait très largement l’art de l’aquarelle.

 

Marina Ferretti Bocquillon directeur scientifique
musée des impressionnismes de Giverny

Source: Commemorations Collection 2013

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