Page d'histoire : Le tremblement de terre de Lisbonne 5 novembre 1755

 Lisbonne (Portugal) durant le grand tremblement de terre du 1er novembre 1755

Il y a deux cent cinquante ans, survenait à Lisbonne le tremblement de terre le plus violent jamais enregistré par l’homme : alors que les séismes meurtriers qui endeuillèrent récemment l’Afrique du Nord et l’Asie en maints endroits se situent entre 7 et 8,5 sur l’échelle de Richter, les spécialistes attribuent le coefficient 9 à cette immense catastrophe qui coûta la vie à plus de 20 000 personnes et qui détruisit entièrement la ville. Ce tremblement de terre se distingue non seulement par sa violence mais aussi par sa localisation puisque Lisbonne ne se situe pas dans une zone inter plaque continentale et donc n’aurait pas dû être affectée par un tel événement. En raison de sa force, trois vagues de plus de dix mètres de hauteur vinrent se briser sur les côtes portugaises, contribuant à augmenter le nombre de victimes. On donne aujourd’hui le nom de « tsunami » à ce phénomène.
 
Cette immense catastrophe fit bien entendu une forte impression sur les esprits en Europe. La manifestation la plus remarquable de son caractère frappant se trouve dans le conte philosophique « Candide » de Voltaire ; ce dernier raille, entre autres, la philosophie optimiste de Leibniz et la description du séisme en constitue l’un des chapitres les plus remarquables. La mode de la représentation de paysages de ruines par Hubert Robert et plusieurs autres peintres de la fin du XVIIIe siècle est certainement due également à ce tremblement de terre dont les deux seuls grands précédents demeurent le déluge biblique, mythe fondé sur une catastrophe naturelle ayant dû affecter le Moyen-Orient avant l’avènement de l’Histoire et, bien sûr, l’éruption du Vésuve survenue en 79 de notre ère qui détruisit Pompéi et Herculanum.
 
Ce tremblement de terre, qui raya de la carte une des villes européennes les plus prospères à l’époque, démontre, s’il en était besoin, la vanité de l’homme qui se croit capable de dominer la nature : de temps en temps, celle-ci sait se venger et de façon tristement spectaculaire.
 
 
Jean Audouze
astrophysicien
directeur de recherche au CNRS

Source: Commemorations Collection 2005

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