Page d'histoire : Louis Alexandre Berthier Versailles, 20 novembre 1753 - château de Bamberg (Bavière), 1er juin 1815

Louis Alexandre Berthier, prince de Neuchâtel et de Wagram,
huile sur toile d’Augustin Pajou, XIXe siècle,
Versailles, châteaux de Versailles et de Trianon.
Louis Alexandre Berthier présente le plan de la forêt de Fontainebleau.
© RMN-Grand Palais (château de Versailles) / Gérard Blot

Le 1er juin 1815 le maréchal Berthier disparaissait tragiquement. Sa mort précédait de quelques jours la défaite de Waterloo et la fin du régime impérial dont cet ingénieur géographe formé sous Louis XVI fut une des gloires.

C’est en 1796, à l’aube de la première campagne d’Italie, que les destins de Louis Alexandre Berthier et de Napoléon se lièrent. « Le général Berthier, chef d’état-major, a toujours passé la journée auprès de moi au combat, et la nuit à son bureau ; il est impossible de joindre plus d’activité, de bonne volonté, de courage et de connaissances » écrivit Bonaparte au Directoire. Tout était dit. Pendant près de vingt ans, Napoléon ordonna et Berthier transmit et fit exécuter. Jugé « grognon » et austère, mais infatigable travailleur, cet homme était de toute confiance et eut les missions à la hauteur de ses capacités. Organisateur sans pareil, il mena à la tête du ministère de la Guerre (1800-1807) la réforme de la France militaire. Parallèlement, comme major général de l’armée (1800-1814), il seconda l’Empereur au cours de toutes les campagnes et de toutes les batailles, et ce, avec un attachement sans faille.

Pour cette fidélité, Berthier fut couvert d’honneurs. Premier sur la liste des maréchaux (1804), il fut fait prince de Neuchâtel (1806) puis de Wagram (1809). Entre-temps la dignité de vice-connétable de l’Empire (1807) le mit presque sur un pied d’égalité avec les princes de la famille impériale. Suprême honneur, il représenta son maître à Vienne lors du mariage par procuration qui eut lieu le 11 mars 1810 entre Marie-Louise et Napoléon. Aux titres s’ajouta la richesse. Le plus doté des maréchaux put ainsi posséder le château de Grosbois et son domaine qu’il ne cessa d’agrandir. Soumis jusque dans sa vie privée, Berthier accepta, à contrecoeur, que Napoléon le marie à Élisabeth de Bavière. Il en eut trois enfants.

À partir de 1812, avec les revers, commença l’éloignement entre les deux hommes, comme si leur entente avait été liée aux victoires. C’est finalement muet, que Berthier assista à l’abdication de Fontainebleau. Il fut cependant l’un des derniers dignitaires à quitter la ville peu avant Napoléon. Louis XVIII eut à coeur de s’attacher celui que tous considéraient comme le premier des maréchaux. Mais invité à suivre le roi à Gand l’année suivante, il se retira à Bamberg. Il s’y était marié en 1808, il y mourut en tombant de la fenêtre par laquelle il regardait passer un régiment de cavalerie russe se rendant en Belgique.

François Houdecek
responsable de l’édition
de la Correspondance de Napoléon

Source: Commemorations Collection 2015

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