Page d'histoire : Jacques Coeur Bourges, v. 1400 - Île de Chio, 25 novembre 1456

Buste de Jacques Cœur, hôtel Jacques Cœur à Bourges, milieu du XVe siècle

Célébration d'un homme et de sa demeure

Le célèbre argentier de Charles VII est-il bien né à Bourges, en 1400 ? À Bourges ? Certainement : il s'est toujours présenté comme bourgeois de Bourges, civis bituricensis. Mais personne ne peut garantir que ce fut en 1400, faute de tout indice textuel. Cependant, quelques dates connues de la vie de ses enfants autorisent à retenir pour la naissance de leur père une période proche de l'année 1400, sinon ce millésime même.

L'important n'est pas là. Pour justifier la célébration du sixième centenaire de la naissance du plus illustre de ses compatriotes, sa ville natale a un autre argument : la restauration qui vient de s'achever, par les soins des Monuments historiques, de la façade du palais Jacques-Cœur. Le monument, considéré comme le chef d'œuvre de l'architecture civile urbaine de l'âge gothique, retrouve donc l'éclat qu'il possédait lors de son achèvement, au milieu du XVe siècle.

Libérée de la gangue poussiéreuse et grise qui l'empâtait, la façade de la "grand'maison" expose clairement une galerie de portraits sculptés, à laquelle il ne manque que la grande statue équestre de Charles VII, sacrifiée sous la Révolution. Mais, dominant une série savoureuse d'une quinzaine de têtes de familiers de la belle demeure, le buste de Jacques Cœur, accoudé sur l'appui de la fausse fenêtre de son oratoire privé, propose ce qui doit être considéré comme le véritable portrait de "monseigneur l'argentier", surmonté, à la base du clocheton, de sa devise : "A vaillans cœurs riens impossible". La qualité ainsi retrouvée de l'œuvre des maîtres-maçons et des imagiers de Jacques Cœur vient opportunément confirmer la récente découverte des peintures murales sur la voûte d'entrée de la sacristie capitulaire construite par le même Jacques Cœur dans la cathédrale de Bourges. Ces peintures forment une subtile composition des couleurs (vert, blanc, rouge) et des fleurs emblématiques de Charles VII (roses et iris) autour d'un grand soleil rayonnant.

Ce Jacques Cœur, considéré trop souvent comme un affairiste sans scrupules, dénué de tout sens artistique, était en réalité un véritable amateur d'art, qui n'oubliait pas l'exemple donné à Bourges même par le duc Jean de Berry.

 

Jean-Yves Ribault
conservateur en chef du patrimoine

Source: Commemorations Collection 2000

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